Comme prévu, la dichotomie entre les traits de caractère Alpha et les traits de caractère Beta a suscité des commentaires :
Êtes-vous en désaccord avec Athol Kay sur l’idée que la meilleure option, pour une femme, c’est de se trouver un homme qui possède à la fois des traits de caractère Alpha et Beta ?
C’est-à-dire qu’un homme qui possède à la fois de « bons gènes », un beau physique, de la confiance en lui, et qui possède une bonne stabilité financière et qui est bon, est en quelque sorte, l’homme parfait pour une femme ?
Est-ce que cela ne permettrait pas à une femme de satisfaire à la fois sa stratégie d’accouplement à court terme et à long terme ?
Il me semble que c’est parce qu’il n’existe pas d’hommes qui possèdent à la fois des caractéristiques Alpha ET beta que les femmes se mettent à chercher ces qualités chez des hommes différents, pour des circonstances de court terme et de long terme.
J’ai parlé de cela il y a longtemps dans l’article sur la stratégie du couple, et plus récemment, dans l’article sur les menstruations de votre copine. Ce désir de trouver un homme qui soit l’amalgame parfait entre l’homme Alpha sexy et l’homme Beta qui serait un père idéal est littéralement « codé » dans le cerveau des femmes. Au niveau le plus rudimentaire, le conflit que l’hypergamie engendre chez la femme est dû à cette volonté de fusionner en un seul homme l’Alpha excitant et le Beta attrayant. C’est ainsi que l’évolution a façonné la stratégie sexuelle pluraliste des femmes.
Le problème de l’hypergamie, c’est que l’Alpha excitant et le Beta attrayant existe rarement dans le même homme, en même temps et au moment le plus opportun pour qu’une femme puisse capitaliser dessus. Je veux dire par là que pendant que les femmes traversent leur période de pic de valeur sur le marché sexuel, elles placent leur priorité sur la recherche de traits de caractère principalement Alpha. Ce sont les « années de fête », les « années de jeunesse », dans lesquelles les femmes veulent qu’on les baise tout de suite, et la recherche de l’Alpha qui féconde l’emporte de très loin sur la recherche de l’homme Beta qui pourvoit et protège. Comme je l’ai écrit dans l’article sur les stratégies du couple, au niveau macro, cela se traduit par une forme de tromperie et de cocufiage proactif. Même si une rencontre sexuelle n’engendre pas de grossesse, l’urgence latente, dans les jeunes années d’une femme, c’est « d’obtenir la graine d’abord, et de trouver le fournisseur plus tard » (c’est en cela que l’homme beta est déjà cocu, ou « trompé d’avance », en quelque sorte).
Le fantasme, pour les femmes, c’est bien évidemment « d’apprivoiser l’homme Alpha sauvage » pour le convertir en un homme qui s’investi « parentalement », en encourageant chez lui les traits de caractère d’homme Beta à mesure qu’il murit, et les femmes espèrent prospérer sur cette stratégie. De nombreuses mères célibataires ont été contrecarrées dans ce plan, et connaissent le résultat malheureux qui peux résulter d’une tentative de transformer leur « bad boy » Alpha en bon père, mais c’est la stratégie que les femmes cherchent à accomplir durant leurs années de grande valeur sexuelle, si elles prennent le temps de s’investir dans un homme Alpha en particulier pendant la période de leur jeunesse. Le schéma de base de la jeune femme, c’est de maintenir l’excitation qu’elles ressentent pour l’homme Alpha sexy qu’elles rencontrent, tout en développant en lui et chez lui des traits de caractère d’homme Beta plus attirant.
A mesure qu’une femme s’approche de la période pendant laquelle elle va connaître une baisse de sa valeur sur le marché sexuel, son urgence hypergamique change, et voilà qu’elle favorisera désormais la perspective de la sécurité à long terme. Maintenant, le script change et favorise l’homme gentil, fiable, et nécessairement débrouillard, avec toutes les caractéristiques attrayantes dont elle a besoin pour un engagement et une sécurité à long terme. Il ne s’agit pas de dire qu’une telle femme n’est plus sensible au charisme d’une mâle Alpha (en particulier pendant sa phase menstruelle fertile), mais elle devient davantage consciente de l’équilibre dans lequel elle se trouve, en vertu duquel sa capacité à attirer un homme diminue (le « mur ») et son besoin de trouver un homme capable de subvenir à ses besoins augmente. Les femmes atténueront ce déséquilibre d’excitation-attraction avec leurs propres formes de pornographie ou de rationalisation qu’elles initialiseront elles-mêmes au sujet de leur « maturité retrouvée », mais en substance, le doute que l’hypergamie instille en elles doit être mis en échec d’une manière ou d’une autre.
Dans ce cas de figure, dans cette nouvelle configuration de vie, le fantasme des femmes, c’est d’entretenir l’espoir que l’homme Beta avec qui elles sont en couple va devenir un homme Alpha, comprendre ce qu’il doit comprendre de lui-même, et développer des trais de caractère Alpha plus excitants à mesure qu’il mûrit. Le schéma de base ici est de maintenir l’attraction douce de l’homme Beta, tout en le développant en un homme Alpha plus excitant que ses besoins de femmes exigent de lui.
L’homme Beta avec un petit côté Alpha.
Autre commentaire, de Kate :
Excellent argument. C’est ça le véritable « homme-licorne ». C’est ce que je veux dire quand j’emploi l’expression selon laquelle « je voudrai un homme Beta avec une grande frite ».
Faites attention à ce que vous souhaitez, Kate, les femmes qui se sont penchées sur les « hommes trop sensibles » qu’elles disaient vouloir ont probablement souhaité la même chose. En fait, je dirais que la majorité des hommes mariés maintenant qui adhèrent aux arguments d’Athol Kay pensent qu’ils sont eux-mêmes des hommes Beta avec un côté Alpha.
Kate se trouve à une étape de sa vie dans laquelle l’aspect Beta d’un homme devient beaucoup plus attirant, au sens pratique, pour former un couple. Tout comme « Aunt Giggles », sa définition de l’attraction et de ce qu’est « une bonne relation » est biaisée par les conditions dans lesquelles elle se trouve vis-à-vis de sa valeur actuelle sur le marché sexuel. Elle comprend toutes ces considérations de par son âge, de par sa valeur sexuelle actuelle et de par les nécessités qui sont les siennes actuellement, mais ce n’était sans doute pas son point de vue quand elle était dans la fleur de l’âge et qu’elle se trouvait dans ses années de pic de valeur sur le marché sexuel.
C’est le paradoxe de « la construction d’un meilleur homme Beta » :
Je dirais que la plupart, sinon tous, ne savent pas que c’est le but latent qu’ils servent. Le point primordial est de créer un homme plus acceptable pour un objectif défini par la femme, mais de ne pas vraiment autonomiser l’homme. Il n’y a pas d’opposé féminin à cela : il n’y a pas de contre-effort pour rendre les femmes plus acceptables pour les hommes – en fait, c’est même activement rejeté et décrit comme une forme d’asservissement servile. C’est l’étendue de la réalité féminine : c’est insister pour que les hommes, avec l’aide des « femmes concernées », passent leur vie à chercher des moyens pour mieux se qualifier pour recevoir l’approbation féminine. C’est le « meilleur homme beta » qu’elles espèrent créer. L’homme qui sera suffisamment Alpha quand la situation le justifie, mais assez beta pour rester soumis à l’impératif féminin. Les femmes cherchent un homme dont elles sont fières, un homme avec qui elle démontreraient leur propre qualité en demeurant leur conjointe, mais sur qui elles garderaient quand même un contrôle implicite.
Que les raisonnements à la base de cette construction soient fondés sur la morale, le droit ou l’honneur, le résultat final est toujours le même : assurer la primauté féminine. L’argumentaire de vente, c’est « devenez une meilleure version de vous-même », mais le but latent, et secret, c’est de transformer les hommes pour que ceux-ci acceptent de mieux se qualifier pour être accepté par les femmes. Ce que les femmes ne peuvent pas concilier, c’est que les mêmes avantages qui sont inhérents au fait d’être un Alpha (quel que soit votre définition), sont aussi des traits de caractères qui rendent un homme moins soumis, et donc moins beta. C’est précisément pour cela que le vrai « jeu » ne peut pas être infecté. Cette doctrine sociale veut que vous restiez branché à la matrice : être plus Alpha, avec plus de confiance, plus de conscience, c’est être nécessairement une menace pour l’impératif féminin. « C’est génial que tous ces trucs de séduction t’ai permis de devenir un vrai homme, mais rappelle-toi qui possède le vagin ».
J’ai beaucoup de respect pour Athol… et je n’en ai pas tellement pour « Aunt Giggles », mais le problème que je vois avec leurs deux approches sur l’équilibre entre l’Alpha et le Beta, c’est qu’ils commencent leur raisonnement à partir d’un point de vue fémino-centré. Athol semble avoir le meilleur raisonnement, mais dans l’ensemble, les hommes qui cherchent ses conseils sont des hommes Betas qui viennent d’être éclairés par la pilule rouge et qui pensent qu’ils ont besoin de devenir Alpha – en supposant qu’ils possèdent un élément Alpha en eux, pour commencer.
« Aunt Giggles » désire simplement un homme Beta, qui pourrait être un homme Alpha lorsque cela convient à une femme. « Aunt Giggles » a eu un orgasme (bien mal venu) lorsqu’elle a cru que Roissy préconisait que les hommes devraient devenir plus Beta. Elle force les concepts afin que ceux-ci puissent plus facilement s’insérer dans son concept à elle en vertu duquel il faut « construire un meilleur homme Beta » (CH suggère qu’il faut utiliser les traits de caractères de l’homme Beta dans le contexte du jeu de séduction), mais ne fait qu’illustrer le fait qu’elle ne pense qu’à ses propres impératifs à elle, de femme qui a passé le mur, ce point de vue fémino-centré en vertu duquel il faut aux femmes un homme Beta avec quelques caractéristiques Alpha.
Il n’y a pas juste « de petit côté » Alpha. Le conflit, que Kate et Giggles ne comprennent pas, c’est qu’être un homme Alpha, cela exige de la domination, ce qui ne correspond pas très bien à la fausse religion de l’impératif féminin de l’égalisme. Athol comprend mieux les choses, avec son analogie du capitaine et de son copilote : dans n’importe quelle relation, il y a un partenaire qui est la personnalité dominante, et l’autre qui est la personnalité soumise. Même les couples homosexuels reconnaissent cette dynamique du dominant et du soumis, mais les femmes et les hommes qui vivent dans la matrice féminine y résistent, avec leur illusion d’une utopie égaliste entre les sexes.
Alors quand j’entends ce désir d’atteindre un certain équilibre entre les traits Alpha et les traits Beta dans « l’homme parfait », je me rends compte que ce n’est là qu’une extension de cette idéologie féminine qui désire l’équilibre entre les sexes ; ce qui équivaut au fait que, finalement, les femmes veulent toujours davantage de sécurité. Dans leur besoin de contrôle (de domination), les femmes veulent que l’hypergamie définisse ce qu’est l’homme parfait en fonction des différentes phases de la vie dans lesquelles les femmes se trouvent : quand leur valeur sur le marché sexuel est haute, les femmes veulent un homme comme-ci, quand leur valeur sur le marché sexuel diminue, les femmes veulent un homme comme ça, l’homme doit toujours se façonner lui-même pour correspondre à ce que les femmes veulent à différentes étapes de leurs vies. Les hommes, les hommes fragiles, les hommes-vagins, sont simplement vus comme des moyens pour atteindre une fin. Cet homme parfait, c’est tantôt le mari parfait, tantôt le cocu parfait, tel que l’imagine cette pornographie féminine, ou toute autre définition que le pluralisme sexuel des femmes pourra inventer.
Jusqu’à l’Alpha.
J’ai déjà écrit cela, mais cela vaut la peine d’être réécrit : pour les hommes qui veulent changer leurs vies et leurs relations, le chemin qui consiste à passer de l’homme Beta vers l’homme Alpha est un chemin beaucoup plus difficile à parcourir que le chemin qui consiste à tempérer sa domination Alpha avec quelques traits de personnalité d’homme Beta. Aussi mauvais que puisse être Hugo Schwyzer dans sa tentative de féminisation abjecte, prenez le temps de lire quelques commentaires féminins dans cet article. Combien d’hommes Betas socialement conditionnés arriveront à devenir des Alpha, au point d’être accepté par des femmes en phase d’épiphanie ? C’est précisément à cause de ce solipsisme impressionniste et binaire que les femmes ne seront jamais heureuses dans leurs tentatives pour « améliorer » leurs hommes Betas. C’est pourquoi un homme doit comprendre les choses de lui-même.
C’est une bien meilleure position de départ que d’impressionner une femme avec une domination organique Alpha – le côté Alpha ne peut être que l’origine dominante de la personnalité d’un homme. Il n’y a pas d’homme Beta avec un côté Alpha parce que le côté Alpha n’est JAMAIS crédible lorsque la perception globale que vous donnez de vous-même est celle d’un homme Beta, dès le départ. C’est pourquoi j’insiste sur les traits Alpha par-dessus tout. Il est plus facile (et attachant) de « révéler » un aspect sensible d’homme Beta quand une femme vous perçoit déjà comme principalement Alpha. Si votre personnalité est principalement celle d’un homme Beta, tous les éclairs sporadiques et les démonstrations occasionnelles d’homme Alpha passeront au mieux pour des crises émotionnelles, et au pire pour des défauts de caractère.
Les femmes peuvent aimer un homme Beta, mais elles ne respectent que l’homme Alpha.
Source : « Up the Alpha » publié par Rollo Tomassi le 2 octobre 2012.
Illustration : Luca Nardone.