Les gardiens de la paix.

Chaque fois qu’on me demande des exemples de « mariages réussis », c’est généralement en réponse à un commentaire ou un fil de discussion décomposant le rapport coût-avantages de cette espèce de parodie qu’est devenu le « mariage 2.0 ». Pour moi, la véritable ironie dans ces débats d’évaluation est la fréquence à laquelle ils surviennent. Ces débats ont lieu si souvent… C’est comme si ces hommes, dans leur esprit le plus rationnel et prémonitoire, cherchent la permission d’hommes plus expérimentés pour se marier, en dépit de tous les inconvénients écrasants qui vont désormais avec cette institution. Même quand ils « regardent le canon en face », les hommes veulent quand même se marier. Ils veulent que ça marche comme prévu. 

Mariages « heureux » et « malheureux ». 

J’ai écrit des articles par le passé sur mon propre mariage et sur la façon dont je l’ai développé, mais je suis toujours réticent à me poser comme un modèle à suivre pour d’autres hommes parce que je suis douloureusement et personnellement au courant des histoires de mariage d’autres hommes. Aussi bon qu’il puisse être, n’utilisez pas mon mariage comme référence, comme point de repère. 

En fait, je pense que l’idée même de « mariage réussi » est une expression infondée, très « Oprah-esque ». Les mariages « réussis » et « ratés » sont des termes issus de la Matrice. Ce sont des termes axés sur des objectifs et sur des résultats, alors qu’une relation est constamment en évolution. Vous devez arrêter de penser à un « mariage réussi » en termes de plans, d’objectifs, de résultats. Il y a des gens mariés depuis plus de 50 ans qui sont très malheureux l’un avec l’autre, et il y a des couples mariés depuis 2 ou 3 ans qui ont un meilleur amour et plus de respect mutuel l’un pour l’autre que leurs parents, qui eux, sont mariés depuis 40 ans. Perpétuer un état de misère à vie parce que c’est devenu un état « normal » est un « échec » beaucoup plus grand que le fait de divorcer d’une femme qui est devenue toxique pour votre bien-être, sans parler du bien-être de votre famille. Dans le mariage, le « succès » n’est pas la longévité. 

Chaque fois qu’on me demande des exemples de « mariages réussis », en particulier lorsqu’on me demande cela pour des gars qui cherchent à améliorer leur mariage d’homme Beta encadré, je me réfère toujours à cet article de « Dave à Hawaii ». C’est mon modèle de réponse, à la fois pour les interrogations de l’homme célibataire et pour l’homme Beta désespéré et marié. 

Expérimentation.

Le problème fondamental que la plupart des hommes ont en ce qui concerne les femmes, l’intimité, leurs relations, etc. c’est la peur. La peur du rejet, la peur de l’isolement, la peur de passer à côté de quelque chose, la peur de détruire ce qu’on leur a enseigné comme étant leur raison de vivre. Cette peur est si répandue, qu’en essayant d’en éviter les conséquences, les hommes arrivent même à affronter la peur de la mort plutôt que cette peur-là. Je connais personnellement des marines qui ont courageusement fait face à des situations à balles réelles, qui vont éviter toutes les situations dans lesquelles leurs épouses ou leurs copines serait susceptibles de les quitter. Les balles ne leur font pas peur, mais la chance de perdre l’intimité d’une petite amie les paralyse. C’est la peur du « Oui, chérie ». 

Afin de compenser cette peur, les hommes élaborent toutes sortes de justifications sur leurs relations, mais la méthode qui ne leur viendra jamais à l’esprit, ce serait « d’expérimenter » ou d’engager des situations de prises de risques auprès de leur femme ou de leur copine à long terme. Cette peur est si influente que ces hommes ne tenteront jamais de changer leurs propres positions, même si ce changement de position est bénéfique pour eux-mêmes ou pour leurs partenaires. Les hommes qui incarnent par ailleurs, dans d’autres aspects de leurs vies, le sommet de la confiance en soi, préfèrent « garder la paix » face à une mauvaise situation avec leurs épouses, plutôt que de risquer la perte de celle-ci, et d’être jetés dans des conditions incertaines dans lesquelles ils ne peuvent que croître, mais être soumis à un véritable rejet. 

Dans l’histoire que raconte Dave à Hawaï, il y a l’exemple d’un homme qui a divorcé de sa femme parce qu’il était dans une situation où il n’avait plus « rien à perdre », c’est pourquoi il a surmonté cette peur et a fait des expérimentations. Cela l’a conduit à un nouveau recadrage de sa relation ; dans lequel sa femme avait un respect renouvelé envers lui. Une possibilité demeurait, en vertu de laquelle sa femme aurait pu prendre une telle offense de manière définitive et le quitter, mais son départ était déjà acté si l’homme n’avait pas tenté quelque chose de nouveau. 

Il arrive un moment dans la vie d’un homme où la peur d’expérimenter quelque chose avec un résultat potentiellement désastreux doit être pesée par rapport au coût impliqué en ne prenant pas ce risque.

Qu’il agisse (de préférence) avant qu’il ne soit engagé dans une situation (comme le mariage) ou à la suite des conditions créées par cet engagement, à un moment donné, un homme se rend compte de la vérité : il n’obtiendra que ce qu’il a obtenu s’il continue à faire ce qu’il a toujours fait. C’est le débat interne de ce genre d’homme : son « maintien de la paix » est-il si débilitant qu’il ne prendra pas le risque de chercher un nouveau résultat ? Si vous avez toujours ce dialogue interne, vous n’avez pas encore atteint ce seuil.

En juillet, je serai marié depuis 16 ans. Madame Tomassi et moi avons toujours joui d’un respect et d’une compréhension mûre et mutuelle à propos de l’identité de l’autre et de la façon dont nous interagissons avec l’autre. J’ai été dans des relations à long terme dans lesquelles je marchais constamment sur des œufs, nerveux, comme si la moindre action pouvait signifier la fin de la relation, ce qui n’était que des relations d’adolescents. Vous ne pouvez pas vivre comme ça éternellement ; vous allez rompre, ou vous vous suiciderez. Pendant plus de 16 ans, j’ai sans crainte « regardé » d’autres femmes et demandé l’opinion plaisante de ma femme à leur sujet. Et oui, elle me taquine en retour en disant qu’un gars au hasard est mignon, mais ma confiance est telle que nous sommes tous deux conscients du fait que cela fait partie du jeu, et cela ne sert qu’à amplifier son attirance continue pour moi. Ce push-pull est une partie essentielle du respect de ma femme envers moi. L’expérimentation et le sentiment d’intrépidité sont un fondement intentionnel de mon mariage.


Source : « The Peacekeepers » publié par Rollo Tomassi le 13 juin 2012.

Illustration : Photo de Lukas provenant de Pexels