Le flux.

Lorsque j’ai écrit l’article « les miettes », j’essayais de me concentrer sur un aspect particulier faisant partie d’un ensemble plus global du jeu de séduction, à propos duquel j’ai supposé que mes lecteurs connaissaient et comprenaient déjà bien. Je regrette d’être parfois hâtif dans mes hypothèses : il y a beaucoup d’hommes fraichement débranchés de la Matrice, qui sont à la recherche d’informations pratiques sur le jeu de séduction, mais qui sont très peu familiers avec les techniques et les principes associés qui le soutiennent. C’est une honte pour moi de penser que la première expérience d’un homme avec le jeu de séduction devrait venir, pour le dire doucement, d’un état d’esprit plus juvénile. Il n’est pas étonnant de constater que la plupart des hommes rejettent la pilule rouge après avoir seulement entendu « mec, soit drôle et arrogant avec ta cible ». Il est assez difficile pour la plupart des hommes de se réconcilier avec leur conditionnement psychologique qui leur a été imposé par l’impératif féminin, mais les doutes sur la légitimité d’un jeu de séduction encore en évolution, merci aux adolescents, sont souvent suffisants pour faire en sorte qu’un homme ne veuille pas sortir de son confort mental. 

Ce à quoi je faisais allusion dans l’article « les miettes » était un élément dans le flux global d’un rendez-vous. J’utilise le terme « rendez-vous » ici dans son sens le moins précis ; personne ne va plus vraiment à des rendez-vous, mais il y a toujours une sorte de progression à suivre dans l’engagement avec une femme pour qui vous avez de l’intérêt, que vous soyez au troisième rendez-vous, dans une relation à long terme ou dans un coup d’un soir.

Le processus.

Aussi étrange que cela puisse paraître, il y a un « flux » naturel dans un rendez-vous, qui s’intensifie, et qui se dirige de l’inconnu vers l’intimité. Une grande partie de ce que les « coaches en séduction » enseignent n’est vraiment que l’émulation des comportements qui suivent ce flux. Chaque technique des coaches en séduction (des outils dans une boîte à outils) est un comportement que la plupart des hommes qui vont dans les séminaires n’ont jamais compris eux-mêmes par leurs propres expériences, soit par la peur du rejet, ou tout simplement parce qu’ils n’ont eu aucune occasion. Le toucher, le fait d’être drôle et arrogant, les questions ouvertes, les compétences en conversation, l’isolement, l’escalade, etc. font partie intégrante de ce flux. Quand un gars est coincé à un stade particulier de ce flux, le rendez-vous tombe en panne, les niveaux d’intérêt diminuent. C’est peut-être lui, c’est peut-être elle, souvent une combinaison des deux, mais le flux s’arrête et l’intimité n’est pas arrivé à s’installer.

Pour un homme habitué au rejet (et à un moment donné, il s’agit de TOUS les hommes) et à la privation sexuelle, l’impulsion naturelle est de dire autant d’informations que possible dans le plus court laps de temps, de peur d’obtenir un autre coup de poignard venant de la seule fille, de mémoire récente, qui a accepté son approche. Il perturbe le flux et cesse d’intriguer la femme. Aussi contre-intuitif que cela puisse paraître (et contrairement à la croyance populaire qui veut que les femmes souhaitent une divulgation complète et une honnêteté complète) les femmes veulent lire l’homme chapitre par chapitre, chaque chapitre étant une nouvelle récompense pour son intérêt.

Rien n’est plus satisfaisant pour une femme que de penser, pour elle, qu’elle a rassemblé les pièces du puzzle, afin de savoir qui vous êtes vraiment, en utilisant son intuition féminine (imaginaire).

Mais l’homme beta livre toute l’histoire de sa vie, et nourrit sa partenaire de toutes les histoires possibles au cours d’un rendez-vous de deux heures, vomissant tout ce qu’il est, sur la table du restaurant, en croyant à tort qu’il s’agit là d’une étape nécessaire vers l’intimité et la familiarité. Il perd l’initiative, son sens du mystère, le défi qu’il représente et son attention est trop facile à obtenir – et est donc sans valeur parce qu’elle n’avait pas à la gagner. Dans sa hâte de dépasser les étapes inconfortables du développement (maladroit) des relations naissantes, il lui refuse la satisfaction d’avoir à « le comprendre ».

Adopter le flux.

L’homme qui réussit à escalader est l’homme qui est conscient de ce flux et n’a pas peur de le mettre en pause parfois, d’être délibérément ambigu, ou de l’arrêter complètement afin que sa partenaire veuille en savoir plus sur lui – puis redémarrer ce processus, si elle est partante et suffisamment intriguée. L’homme qui a des options n’a pas peur de garder son propre mystère à son sujet, et les femmes comprennent secrètement cette nuance. Le gars qui fait cela communique inconsciemment de la confiance, en ce qu’il implique que son attention (et des informations personnelles) est une récompense pour son intérêt. C’est l’idéal de « miettes » qui maintient le flux. Donnez-lui juste assez de friandises, de miettes, sur vous-même pour la rendre curieuse et impatiente du prochain rendez-vous et conduisez votre partenaire là où vous souhaitez.

Soyez son « dealer ».

Je dois noter à ce stade qu’il y a un certain aspect biochimique chez les femmes qui connaissent l’intrigue. Cependant, par cette définition, une personne peut développer une « tolérance » au cocktail d’endorphine si elle est exposée à de l’intrigue assez souvent. Lorsqu’il aborde une femme, la dernière chose dans l’esprit d’un homme est certainement de penser aux réponses hormonales qui se déclenchent chez elle tandis que le rendez-vous progresse. L’illustration la plus simple de ceci est la théorie du « rendez-vous d’action » ; faire quelque chose d’excitant avec votre cible afin qu’elle associe ce sentiment avec vous. D’un certain point de vue, elle est en jet-ski avec vous à South Beach, mais d’un autre point de vue, son corps produit de l’adrénaline et de la dopamine dans l’excitation de l’activité. L’état idéal est très pavlovien : vous voulez que l’image mentale qu’elle a de vous produise sur elle le même effet qu’une activité intense et plaisante.

C’est très bien, mais le maintien de cette « ruée chimique » n’a pas besoin de venir exclusivement de saut à l’élastique ou de saut en parachute. Ces mêmes déclencheurs chimiques peuvent être stimulés par l’indignation, la jalousie, la luxure, l’intrigue, la suspicion, l’imagination, etc. en fait, toute la nourriture dont son « hamster » interne a besoin pour faire tourner la roue. Beaucoup trop d’hommes sous-estiment la sensibilité nuancée d’une femme aux « invites » qui déclenchent cette réponse biologique.

En utilisant cette information, il semblerait que la bonne idée soit de faire la chose intuitive et de perpétuer cette « ruée chimique » de bons sentiments pendant le rendez-vous, en déblatérant autant de détails sur vous-même que possible dans le plus court laps de temps possible pour avoir accès à l’intimité d’une femme. Cela semble logique puisque chaque homme a entendu que le chemin le plus court vers une femme, c’est qu’elle se sente à l’aise avec vous, d’être son ami, d’être sensible, de l’écouter, etc. Mais, dans ce cas-là, un homme ne peut pas apprécier l’anxiété nécessaire qui vient de la tension sexuelle dans l’attraction. La phase d’attraction est inconfortable, et la réponse naturelle et prévisible est d’éviter l’inconfort. Ainsi, alors qu’une femme peut être soumise à ces taux d’endorphines, l’état d’esprit de l’homme est toujours déductif – comment peut-il aller du point A au point B au point C ?

Il se désexualise, il se dévoile complètement, on peut lire en lui comme un livre ouvert et ainsi, il tue essentiellement l’élan et brise le flux.


Source : « The Flow » publié par Rollo Tomassi le 24 février 2012.

Illustration : Lucas França.