Je vous présente mes excuses ; je n’ai pas été sur mon blog pendant un certain temps. Lancer simultanément deux nouvelles marques d’alcool au deuxième trimestre s’avère être un travail très long, mais cela m’a permis de prendre du recul, assez brièvement, pour passer en revue certains de mes articles les plus « influents ». Parmi ceux-ci, aucun n’a généré plus de commentaires que mon article sur l’Alpha, alors j’ai pensé qu’il était prudent de revenir sur ce sujet très controversé.
Je comprends pourquoi les hommes, à la fois les partisans de la pilule rouge et ceux de la pilule bleue, ont un problème avec l’utilisation des termes « Alpha » et / ou « Beta » ; selon la perspective de chacun, les termes ont quelque chose de définitif sur des concepts avec lesquels nous sommes mal à l’aise. Il est beaucoup plus confortable d’avoir des définitions subjectives, parce que lorsque nous sommes objectifs, nous ne pouvons plus douter de notre propre place dans ces définitions. Les termes objectifs sont très proches de l’absolu, selon la personne qui fait la définition.
D’un point de vue généraliste, je pense que les termes « Alpha » et « Beta » sont de bons points de référence dans l’évaluation des caractéristiques que les femmes trouvent attirantes chez les hommes, pour les deux stratégies d’accouplement : à court et à long terme. Cependant, je pense qu’au-delà de ces termes pratiques, les hommes doivent être plus réalistes sur la façon dont ils s’appliquent aux impressions qu’ils ont d’eux-mêmes, en contraste avec la façon dont les femmes interprètent les indices « Alpha » et « Beta » qu’ils montrent. Pour mémoire, à différents moments de ma vie, j’ai personnellement été le pire Beta, le « goujat » Alpha, et l’Alpha amoindri en tant que père et mari. C’est donc dans cet esprit que je pense que les hommes ne devraient pas croire que leurs « étoiles sont fixés » et qu’ils ne seront jamais à la hauteur de la norme Alpha telle qu’elle est décrite par la manosphère.
Standards.
La raison pour laquelle tant d’hommes se disputent sur ce qui définit un Alpha est généralement dû au fait qu’ils ne correspondent pas très bien à la définition générale. C’est donc une défense de l’ego logique : faire de la nécessité une vertu (une fois de plus) et redéfinir la définition de ce qui fait l’Alpha, pour que la définition convienne mieux à ce que nous sommes. C’est exactement la même dynamique que le débat sur « l’apparence » contre le « jeu de séduction ». La séduction est prioritaire pour ceux qui ne sont pas très beaux, et vice versa. Chaque homme va définir ce qui est Alpha en fonction de ce qu’il est lui-même, pour que la définition colle parfaitement à ce qu’il est, de sorte à ce qu’il soit évidemment un Alpha, et les femmes qui ne peuvent pas apprécier cette définition (c’est-à-dire toutes les femmes) sont reléguées au rang de femmes de mauvaise qualité. D’un point de vue déductif, c’est effectivement logique : nous voulons incarner ce qui nous considérons comme « attrayant » et « attirant » chez les femmes. Le pire homme beta que vous connaissez est convaincu qu’il est un homme Alpha, parce que chaque femme qu’il a rencontrée lui a dit qu’être un homme beta, c’est ce que les femmes veulent.
Éthique d’Alpha.
Le problème est alors d’examiner objectivement la définition. Dans une lumière objective, il est difficile de nous considérer nous-même comme n’étant pas un homme Alpha. Il devient donc important de jeter la suspicion sur l’idée même d’être un Alpha. C’est alors un concours entre hommes immatures. Il y a beaucoup d’évidences et de preuves que certaines caractéristiques « Alpha » suscitent toujours les mêmes réactions (favorables) chez les femmes. Du point de vue de la psychologie évolutive, ce qui est « Alpha » est tout aussi imprévisible, indéfinissable, impitoyable et insouciant que son « homologue » féminin : l’hypergamie.
C’est alors que la définition se déplace sur le terrain moral (souvent ambigu) : est-il éthique d’être ou d’agir comme un homme Alpha ? Etre Alpha implique que vous vous élevez nécessairement au-dessus d’un certain degré de médiocrité commune, en fonction du contexte – que vous soyez un parfait « connard » avec les femmes, ou un parfait gentleman, n’est pas pertinent, vous vous positionnez toujours au-dessus des autres hommes. Dans une certaine mesure, il s’agit d’égoïsme qui remet en question les principes moraux.
À ce stade, je dois également ajouter ici que les femmes ne doutent jamais d’elles-mêmes, avec des questions morales, pour surpasser leur propre concurrence sur le marché sexuel – elles le font simplement secrètement et avec un sourire poli, déchargées des doutes éthiques. L’hypergamie est sa propre excuse.
Sélectivité Alpha.
Et cela nous amène à la façon subjective de définir l’homme Alpha. Face à une situation qui implique une opportunité de reproduction, chaque concurrent sexuel cherche à disqualifier ses rivaux. La plupart des animaux se battent pour un territoire ou pour des opportunités reproductives. Généralement, les humains se battent pour les mêmes raisons, mais dans le domaine psychologique. Nous cherchons à disqualifier les concurrents sexuels en mettant en doute la crédibilité sexuelle d’un rival. La phrase « Oui, il est vraiment beau, mais ça veut dire qu’il est probablement gay » venant d’un homme, ou la phrase « Tu penses que cette blonde avec les gros seins est sexy ? Les filles qui s’habillent comme ça sont généralement des salopes » venant d’une femme, sont des formes d’attaques psychologiques, sexuellement « disqualifiantes ».
Cela s’applique également à l’homme qui est ouvertement capable d’exhiber sa haute valeur sexuelle avec deux (ou plusieurs) femmes concurrentes. Il doit avoir peu de moralité pour manipuler de manière si flagrante ses multiples copines, non ? Son succès observable, en tant que concurrent sexuel, entre en conflit avec la définition qu’un homme beta peut avoir sur ce qui est Alpha ou non. C’est-à-dire que, ou bien le polygame doit être disqualifié en tant que concurrent sexuel sur la base de motifs subjectifs (moraux), ou bien l’homme est forcé de modifier sa propre définition de « l’Alphanité », et donc sa propre auto-estimation.
Chaque homme a un jeu de séduction. Tout le monde pense être Alpha à sa manière. Même le pire paillasson, qui s’est mis à plat devant des femmes toute sa vie, pense que ses supplications sont la meilleure façon de gagner l’intimité d’une femme. Il est investi dans la pensée qu’il est unique, parce qu’il pense que lui seul a compris la meilleure façon d’arriver au sexe avec une femme. De même, ce qui est Alpha est commodément défini en fonction des circonstances personnelles de chacun.
Personnellement, je crois que ce qui est « Alpha » peut, et a, une définition concrète et objective. Le problème arrive lorsqu’on essaie de décrire objectivement les traits qui caractérisent un homme Alpha, et si cette définition entre en contradiction avec la définition subjective que chacun s’en fait, nous sommes dans une situation de conflit. Et ainsi, nous obtenons une grande variété de définition sur ce qui constitue l’essence d’un homme Alpha – c’est l’homme possédant une grande force morale, de l’ambition, mais aussi de l’intégrité, et c’est aussi l’odieux connard qui traite n’importe comment sa femme et/ou ses petites amies. Ils sont tous les deux Alpha. Ainsi, je propose l’idée que ce qui caractérise un homme Alpha dépend certainement du contexte, mais j’ajouterai que « l’Alphanité » n’est pas liée au statut social ou à l’intégrité personnelle, mais plutôt à un ensemble de traits spécifiquement Alpha. On peut ajouter que ces caractéristiques Alpha peuvent être innée ou apprises, mais qu’elles ne dépendent certainement de facteurs moraux. Un scélérat et un champion peuvent être également Alpha ou Beta dans leur propre psyché.
Source : « Defining Alpha », publié par Rollo Tomassi le 21 février 2012.
Illustration : Jorge Fakhouri Filho.