Je suis désolé de vous en parler, mais il n’y a pas de relation longue distance. Voilà, vous n’avez pas de relation. Une relation longue distance ne répond tout simplement pas aux critères nécessaires pour être considérée comme une relation légitime. Il n’y a pas de réciprocité, il n’y a rien de plus que quelques mots passant sur une ligne téléphonique ou via un SMS. Comprenez-moi vraiment : vous n’avez aucune relation. Vous vous êtes imposé une responsabilité intériorisée d’être fidèle et loyal envers une personne. Vous entretenez un engagement à être fidèle envers une idéalisation, en ignorant tout ce que tout le monde en dehors de votre relation distance vous dira régulièrement, considérant que c’est de la folie. Les relations longues distances sont l’une des formes les plus insidieuses de cristallisation.
Les relations longues distances sont la forme la plus facilement identifiable de cristallisation, et cela semble presque risible si ce n’était pas aussi dommageable à la progression de la vie d’un homme. L’homme en relation longue distance sacrifie généralement des années de sa vie dans cet effort pitoyable pour poursuivre son « âme sœur » à travers la planète, ou même à ces centaines de kilomètres. L’idée même de réfuter l’idée qu’une relation longue distance peut marcher revient à renier sa croyance que votre « concubin » de longue distance est votre « âme sœur ». Il est facile de critiquer une relation longue distance en remettant en question le sérieux et la fidélité de l’une ou l’autre des parties, et c’est généralement ce que font la plupart des gens qui donnent des conseils sur cette sorte de relation. L’une des parties, ou les deux, finiront par tromper l’autre au fil du temps, c’est vrai, mais au-delà de cet aspect, les relations longues distances sont aussi les révélateurs d’une mentalité défaillante qui entraîne des conséquences très dommageables dans une vie, en raison des attentes et des craintes conditionnées qu’une telle relation implique.
Je peux à peine commencer à énumérer le nombre d’hommes intelligents et ambitieux que j’ai connus qui ont radicalement changé le cours de leur vie pour suivre leur « âme sœur ». Des hommes qui ont changé leurs spécialités à l’université, ou qui ont choisis de changer d’université, des hommes qui ont postulé pour des emplois dans des régions qu’ils n’auraient jamais envisagées, des hommes qui ont accepté des emplois bien au-dessous de leurs ambitions ou de leurs qualifications, des hommes qui ont renoncés à leur religion, et des hommes qui ont déménagé à travers la planète dans un effort pour se rapprocher de la petite amie idéalisée avec qui ils ont joué les pseudo-petit-ami au cours d’une relation longue distance ; tout ça pour constater qu’elle n’était pas la personne qu’ils pensaient qu’elle était…et en devenant dépressifs, car ils ont réalisés [trop tard !] la gravité de la décision qui a tout joué dans leur vie.
Une « relation longue distance », de ce point de vue, c’est un peu comme un « je veux qu’n reste amis » à grande échelle, sur une grande période de temps, et avec des effets « stérilisants » dans la vie d’un homme. Vous jouez au petit ami de substitution, en acceptant volontairement et en intériorisant toutes les responsabilités qui consistent à être le partenaire monogame exclusif d’une femme, mais sans espoir de réciprocité ou d’intimité dans un avenir immédiat. Cependant, une relation longue distance est pire que de « rester amis », car il enferme un homme dans une mentalité de succès ou d’échec en ce qui concerne la relation réellement légitime. Après tout, elle a accepté de rester la petite d’un homme (à des kilomètres…) et s’il est celui qui vacille, c’est son manque de persévérance dans la cristallisation qui les condamne. Une fois que la relation longue distance se termine inévitablement, c’est l’homme qui est celui qui doute de lui-même, il est celui qui s’en prend à lui-même pour avoir perdu du temps, de l’argent et de l’énergie et il est celui qui se sent coupable sur la question de savoir si c’est lui-même, ou son ex, qui est le véritable trompeur.
Une relation longue distance, c’est un peu comme avoir un ami invisible avec qui vous envisagez constamment le cours de votre vie, et les implications de chacune de vos actions. Considérez toutes les occasions personnelles, romantiques, familiales, éducatives, professionnelles que vous n’avez pas saisies ou que vous n’avez pas eu la chance de vivre à cause de cet ami invisible. Quand vous vous séparerez enfin de cet ami invisible, est-ce que tout cela en vaudra la peine ? Les hommes s’accrochent encore aux relations longue distance parce qu’ils n’ont pas encore appris que le rejet est mieux que le regret. Ce sont les idiots qui vont s’accrocher à une relation longue distance pendant des années parce que c’est une meilleure option comparée au risque inhérent au fait de sortir et d’aller rencontrer de nouvelles femmes, qui, elles, représentent un rejet potentiel réel. Ils pensent que c’est mieux de s’en tenir à une « chose sûre », mais c’est le regret à long terme qui est le résultat inévitable d’une relation longue distance, et c’est dommageable à vie. Rien ne sent plus le désespoir, ou ne ressemble plus à un manque de confiance, qu’un type qui se proclame lui-même en « relation longue distance ». Les femmes vous voient venir à des kilomètres, parce que vous êtes un gars sans options, s’accrochant à sa seule option précédemment réalisée. En fait, la seule raison pour laquelle un homme entretient une relation longue distance, c’est parce qu’il manque d’options. Si vous aviez plus d’assiettes, une relation longue distance ne ressemblerait pas à une bonne idée.
Enfin, il n’est pas rare de voir toujours la même ligne de défense dite : « ce n’est pas mon cas », venant de ceux qui voient leurs partenaires tous les 4 à 6 mois. A cela, je vais le dire encore une fois, je réponds : « Savez-vous de quelles opportunités vous vous coupez vous-même en entretenant une femme que vous ne voyez que très peu souvent ? Pensez-vous honnêtement que vous êtes l’exception à la règle ? ». La vérité, c’est que vous façonnez votre de style de vie autour d’une relation imaginaire future – ce n’est pas une façon de vivre.
Source : « Letting Go of Invisible Friends« , publié par Rollo Tomassi le 20 septembre 2011.
Illustration : Ivandrei Pretorius.