Physiognomonie Intégrale (6). 

Cet article fait partie du projet « Physiognomonie Intégrale ». 

La main. 

Un indicateur largement reconnu de l’exposition aux androgènes (c’est-à-dire aux hormones mâles) in utero est « l’indice de Manning » (ou indice « 2D:4D », ou encore « ratio digital »), qui est donné par le calcul du rapport entre la longueur de l’index (doigt 2D) et celle de l’annulaire (doigt 4D) de la main droite posée à plat (voir Manning, 2003 ou Manning & Fink, 2011). 

Le rapport 2D:4D est souvent supposé refléter l’effet organisateur de l’exposition in utero aux androgènes, principalement la testostérone. Un indice plus faible implique une exposition plus importante à la testostérone. Le rapport 2D:4D est corrélé à la variation génétique des récepteurs d’androgènes (Manning et al., 2003). Les hommes dont les récepteurs sont moins sensibles à la testostérone ont des ratios plus élevés. En d’autres termes, si le profil des doigts d’une personne est plus lisse, plus proche de celui d’une pelle, cela implique un taux élevé de testostérone. En revanche, si l’auriculaire est nettement plus petit que le majeur, ce qui est très fréquent chez les femmes, cela signifie que l’exposition à la testostérone est plus faible. Notez que des mains très féminines, chez les deux sexes, sont associées à la schizophrénie (Arato et al., 2004).

Un rapport 2D:4D élevé est également associé à l’homosexualité, aux fétiches sexuels, à la transsexualité et à la pédophilie. On ne sait pas exactement pourquoi, mais Blanchard (2008) a suggéré une exposition élevée aux hormones féminines in utero. Selon Blanchard, plus un garçon a de frères aînés, plus sa mère produit ces hormones, ce qui signifie que le fait d’avoir un grand nombre de frères aînés prédit l’homosexualité. En revanche, il est prouvé qu’une exposition élevée à la testostérone au cours du développement précoce des femmes est associée à des niveaux élevés d’hétérosexualité (voir Hines, 2011).

Doigts poilus et poitrine velue.

De manière totalement évidente, des niveaux élevés de pilosité androgénique sont associés aux niveaux d’androgènes (Hamilton, 1958, qui ne s’est pas foulé pour faire une découverte pareille…). Un indicateur bien connu du niveau de pilosité androgénique est la « pilosité phalangienne moyenne ». Un certain nombre d’études et de méta-analyses ont rassemblé les données disponibles sur le niveau moyen de pilosité de la phalange moyenne dans différents pays (Hindley & Damon, 1973 ; Westlund et al., 2015). Ainsi, des doigts poilus chez les hommes sont un bon indicateur d’un taux élevé de testostérone. Il semblerait que cela s’étende à la pilosité en général. On le voit dans la Genèse avec les frères Jacob et Ésaü. Ésaü, qui est « un homme poilu » (Genèse, 27 ; 11), est le plus agressif et le plus inculte des deux. Une fois de plus, il ne s’agit que d’un marqueur au sein des races. Il existe des différences raciales en matière de pilosité. Les Noirs, par exemple, sont moins poilus que les Blancs. Il a été suggéré que les gènes de Neandertal pourraient être à l’origine de la nature relativement poilue des Blancs (Dutton et al., 2016).

Les gauchers. 

Comment parler de physiognomonie sans évoquer ces êtres bizarres, horribles, étranges, hideux et détestables que sont les gauchers ! La main avec laquelle une personne écrit – ou, mieux encore, avec laquelle elle fait des signes – permet de faire des déductions sur sa psychologie. Voilà qui est intéressant ! 

Les premières recherches ont indiqué que les gauchers pourraient être surreprésentés parmi les personnes ayant obtenu des résultats supérieurs à la moyenne sur des mesures spécifiques des capacités cognitives (Benbow, 1986 ; Halpern et al., 1998). Toutefois, un modèle cohérent se dégage des études portant sur des échantillons importants et des mesures de l’intelligence générale, indiquant qu’en moyenne, les gauchers sont légèrement désavantagés sur le plan cognitif par rapport aux droitiers (Goodman, 2014 ; Johnston et al., 2013 ; Nicholls et al., 2010), et que cela se traduit par des différences réelles entre les groupes en termes de revenus, par exemple (Goodman, 2014). Ainsi, les personnes dotées d’une intelligence très élevée mais limitée, c’est-à-dire les personnes extraordinairement intelligentes en mathématiques, par exemple (Isaac Newton en est un exemple), présentent des niveaux élevés de « gaucherie » (si je puis l’écrire de cette manière). Cependant, en général, les gauchers sont moins intelligents que les droitiers. 

Une théorie (voir Markow, 1992) veut que la gaucherie résulte d’une stabilité développementale réduite. Ainsi, des taux élevés de gauchers sont associés à plusieurs indicateurs d’instabilité du développement, notamment l’autisme (Soper et al., 1986), la schizophrénie (Dragovic & Hammond, 2005), les troubles immunologiques (Geschwind & Behan, 1982), les aberrations psychosexuelles telles que les fétiches sexuels (Rahman et al., 2007), la pédophilie et l’homosexualité (Blanchard, 2008). Chez les homosexuels, la gaucherie est beaucoup plus fréquente chez ceux qui prennent le rôle de soumis que chez ceux qui prennent le rôle de dominant (Swift-Gallant et al., 2017). Être gaucher signifie qu’en général, on utilise l’hémisphère droit pour traiter le langage, alors que les animaux et la plupart des gens utilisent le côté gauche (Corballis, 2003). La surutilisation de l’hémisphère droit est associée à l’instabilité mentale (Hecht, 2005). Le fait d’être gaucher signifie donc que quelque chose s’est mal passé au cours du développement ou sur le plan génétique.

Autres éléments de physiognomonie.

Des recherches ont montré que, lorsqu’il s’agit d’amis du sexe opposé, l’homme a tendance à trouver ses amies féminines physiquement attirantes. En revanche, la femme est principalement attirée par les aspects psychologiques de l’ami masculin : c’est son caractère qu’elle trouve le plus attirant (Bleske-Rechek et al., 2016). 

Cette constatation est tout à fait cohérente avec le fait que les hommes n’ont rien à perdre sur le plan sexuel et qu’ils peuvent donc tout aussi bien avoir des mœurs légères et copuler avec le plus grand nombre possible de femmes en bonne santé (et donc fertiles, et donc jolies : la beauté n’étant chez les femmes que la combinaison de la fertilité et de la jeunesse). Ainsi, les mâles ont évolué pour se concentrer sur l’attrait physique lors de la recherche d’une partenaire, bien que les caractéristiques psychologiques soient également pertinentes. Les femmes ont évolué de manière à privilégier les caractéristiques psychologiques par rapport aux caractéristiques physiques (Buss, 1989). Ainsi, la dynamique des amitiés entre personnes de sexe opposé est très similaire à celle des relations sexuelles : les amis de sexe opposé, pour ainsi dire, « s’apprécient », mais pas suffisamment. Bleske et Buss (2000) ont constaté que l’amie se considère comme bénéficiant d’une protection physique et d’un investissement de la part de l’homme (ce que l’homme considère comme un coût), tandis que l’homme bénéficie d’un partenaire sexuel potentiel (ce que la femme considère comme un coût). Les deux sexes obtiennent quelqu’un d’agréable et de fiable (Lewis et al., 2011). Il est intéressant de noter que l’homme est plus susceptible de continuer à considérer la relation comme une simple « amitié » une fois qu’elle est devenue sexuelle (Bleske & Buss, 2000).

Autre application possible de la physiognomonie : est-il possible d’identifier les personnes religieuses à l’aide de la physiognomonie ou au moins de déterminer qui est susceptible de ne pas être « croyant » ?

La religiosité est un syndrome de caractéristiques et son identification est un moyen très utile de trouver des personnes aimables et dignes de confiance. Les personnes religieuses ont tendance à avoir un sentiment d’identité relativement fort, ce qui signifie qu’il est souvent possible de les identifier à partir de marqueurs religieux clairs, tels que le port de croix dans le cas des chrétiens, en particulier lorsqu’il est associé à une tenue vestimentaire relativement modeste et à un maquillage peu prononcé dans le cas des femmes (voir Dutton, 2008 et Davies, 2002). La religiosité est associée à un facteur général de personnalité élevé (Dunkel et al., 2015) et, comme nous l’avons vu, le facteur général de personnalité est positivement associé à l’attractivité physique (Dunkel et al., 2016). Cela signifie qu’en général, les personnes religieuses, comparées aux athées, sont plus agréables, plus diligentes, plus extraverties et plus stables mentalement. Selon la plupart des critères, il est préférable de les côtoyer, du moins dans les situations de la vie quotidienne. De plus, il est possible de les identifier simplement à partir de leur physionomie.

Une revue systématique de la littérature par Dutton et al. (2017) a soutenu que, jusqu’à la révolution industrielle, nous avions évolués pour accepter une forme très spécifique de religiosité : la croyance en un dieu moral et l’adoration collective de ce dieu. La religiosité, montrent-ils, est génétique. Elle a été sélectionnée au niveau individuel parce qu’elle réduit le stress et rend les gens plus moraux, de sorte qu’ils risquent moins d’être tués ou de tuer. Elle a fait l’objet d’une sélection sexuelle parce qu’elle est un marqueur de facteur général de personnalité élevé et d’une « police d’assurance » contre le cocufiage et la désertion ou l’abandon ou la traitrise. La religiosité a également été sélectionné par les groupes parce qu’il prédit un comportement ethnocentrique et que, dans les modèles informatiques en tout cas, les groupes les plus ethnocentriques finissent toujours par dominer. Ainsi, jusqu’à la révolution industrielle, la religiosité a été fortement sélectionnée et il s’agissait d’un type spécifique de religiosité : la croyance en des dieux moraux associée au culte collectif de ces derniers.

La révolution industrielle a lentement affaibli les pays. Elle a introduit une meilleure médecine, des aliments moins chers, de meilleures conditions sanitaires et, d’une manière générale, des conditions d’existence supérieures. La mortalité infantile est passée de 40 % en 1800 à environ 10 % à la fin du XIXe siècle, pour atteindre aujourd’hui environ 1 %. Jusqu’à la révolution industrielle, les personnes nées avec des gènes mutants – entraînant des anomalies mentales et physiques – mouraient jeunes, avant de pouvoir transmettre leurs gènes. Selon Woodley of Menie et al. (2017), cela s’est produit de moins en moins souvent au fil des générations. Cela a entraîné une augmentation de la « charge mutationnelle » et, par conséquent, de plus en plus de personnes qui, pour des raisons génétiques, pensent d’une manière qui aurait été inadaptée dans le passé. Ces personnes commencent à influencer la société, en sapant ses structures traditionnelles, de sorte que même ceux qui ne sont pas porteurs des mutations commencent à penser de cette manière. Dutton et al. (2017) ont montré, conformément à ce modèle, que les modes de pensée qui s’écartent de ce qui était la norme à l’époque de l’industrialisation – comme l’athéisme ou la croyance dans le paranormal mais pas en Dieu – sont associés à des marqueurs de mutation. Les athées sont plus susceptibles d’être gauchers, autistes, homosexuels ou transsexuels et d’avoir une mauvaise santé mentale et physique. Les adeptes du paranormal présentent des taux élevés de schizophrénie et de laideur physique.

Cependant, il existe de nombreuses autres associations, la plus évidente étant l’état de la peau. Rule et al. (2010) ont montré qu’aux États-Unis, les gens peuvent distinguer avec précision les mormons des non-mormons en raison d’un soi-disant « éclat mormon » (« Mormon glow ») : la peau des mormons semble plus saine. Il est difficile de savoir dans quelle mesure ce phénomène est dû au fait que les mormons ne consomment pas d’alcool, de tabac et de café, plutôt qu’à des facteurs génétiques. Mais peut-être que cet « éclat mormon » est en effet en partie d’origine génétique, ce qui est cohérent avec le fait qu’il est déjà évident sur des échantillons d’étudiants (jeunes). Quoi qu’il en soit, il est probable qu’il s’étende aux religieux en général, les aidant à être identifiés, en particulier dans le cas des femmes, qui ont moins tendance à se maquiller que les femmes athées.

En outre, il existe des preuves que ce phénomène peut être étendu à ce que l’on appelle généralement les personnes de gauche ou, aux États-Unis, les « libéraux ». Il a été constaté que les électeurs républicains sont plus attirants physiquement que les électeurs démocrates (Peterson & Palmer, 2017). Berggren et al. (2017) ont constaté qu’en Europe, aux États-Unis et en Australie, les gens jugent les politiciens de « droite » plus attirants physiquement que les politiciens de « gauche ». Les auteurs fournissent une explication économique : « Les politiciens de droite sont plus beaux en Europe, aux États-Unis et en Australie. Notre explication est que les gens beaux gagnent plus, ce qui les rend moins enclins à soutenir la redistribution ». Le problème de cet argument est que le fait d’être un homme politique de droite ne se résume pas à ne pas soutenir le socialisme économique. Le consensus actuel en psychologie est que deux grandes dimensions sont nécessaires pour décrire les attitudes sociopolitiques (Duckitt et al. 2002). L’une d’entre elles est la « résistance au changement » ou le « traditionalisme » et l’autre est « l’anti-égalitarisme » ou la justification de l’inégalité. L’interprétation de Bergman et al. n’explique pas pourquoi les hommes politiques beaux sont plus susceptibles d’être traditionalistes. Une explication alternative à celle de Berggren et al., qui pose beaucoup moins de questions, est que l’égalitarisme, la remise en question des traditions religieuses et la promotion du multiculturalisme (c’est-à-dire les idées de gauche) auraient probablement été accueillis avec horreur par les populations qui vivaient dans les conditions difficiles de la sélection naturelle. Les populations dont l’ethnocentrisme était si faible qu’elles épousaient le multiculturalisme et rejetaient la religion se seraient tout simplement éteintes. Il s’ensuit que l’adhésion aux dogmes de gauche reflète en partie des gènes mutants, tout comme l’adhésion à l’athéisme. Cette charge mutationnelle élevée, associée aux gauchistes, se refléterait dans leur corps et dans leur cerveau. En conséquence, on s’attendrait à ce qu’ils présentent une asymétrie fluctuante plus importante au niveau du visage – reflétant la mutation – et c’est effectivement le cas. En outre, dans les sociétés industrielles, la « religiosité » et la « droite » se recoupent dans une large mesure. En effet, l’échelle de l’autoritarisme de droite et l’échelle du fondamentalisme ont montré une corrélation significative de 0,75 (Laythe et al., 2001). Cela démontre en outre que le gauchisme, dont l’athéisme est effectivement une dimension, est le reflet d’une forte mutation. Dans des conditions de sélection sévère, les gauchistes modernes, comme les athées, mourraient avant de pouvoir se reproduire ou ne seraient jamais nés.