La pilule bleue est nécessaire.

Au sein de la société, il existe un processus à cause duquel de nombreuses personnes persistent à nier la dynamique de la pilule rouge. Certaines de ces personnes sont certainement naïves, irrationnelles, avec peu de capacité d’analyse, ou même peu intelligentes, mais il y en a beaucoup qui sont simplement hypocrites.

La société repose sur des équilibres qui, s’ils devaient échouer, feraient s’effondrer tout le système. Tôt ou tard, cela arrivera, c’est inévitable, mais pour le moment nous sommes dans une période de transition où de nombreuses personnes restent ancrés dans les dogmes respectables qu’on leur a inculqués, tandis que certains ouvrent les yeux et avalent la pilule rouge.

La vie des gens, que vous vouliez l’admettre ou non, est motivée par le domaine sexuel. Nous achetons des vêtements, nous allons dans des clubs, au gymnase, chez le coiffeur, nous socialisons, et même nous travaillons, juste pour élargir notre « pool » de partenaires sexuels potentiels. L’homme est plus impliqué dans cette dynamique que la femme parce qu’il participe activement au processus : c’est lui qui doit faire le premier pas et se présenter sous son meilleur jour, tandis que la femme choisit simplement entre les différents prétendants. Bien sûr, il y a aussi des cas où ce sont les femmes qui font le premier pas, mais cela arrive de façon beaucoup plus sporadique et en tout cas, cela arrive à une petite minorité d’hommes ; les habituels, avec des valeurs LMS élevées qui s’en sortent donc sans investir trop de temps et de ressources.

La pilule rouge est dangereuse car elle pousse vers une vision fataliste de la vie, qui, si elle était acceptée, conduirait de nombreux hommes à jeter l’éponge et à se retirer de ce grand théâtre appelé « société » (voir le phénomène croissant des hikikomori). Qu’ils aillent se faire foutre, répondrez-vous, sauf que non, parce que ce sont les mêmes hommes qui font fonctionner actuellement l’économie dans l’espoir de satisfaire un besoin primaire.

De tous les hommes, seuls 20 % font l’objet d’un véritable intérêt féminin, tandis que les 80 % restants doivent travailler dur pour ramasser les miettes (tout en faisant fonctionner l’économie). Si ces 80 % devaient jeter l’éponge, cela signifierait qu’une bonne partie de la population cesserait de participer activement à la société, avec des conséquences désastreuses pour l’économie et le taux de natalité.

Dans ce contexte, il est facile de voir que la pilule bleue est nécessaire.

Si quelqu’un essaie de dire quelque chose de vaguement pilule rouge, il est catalogué comme misogyne, « sociophobe », « dismorphobique », « gynophobe », ou commeayant des problèmes relationnels et il peut même être lynché médiatiquement. Il suffit de voir le « service de Nemo » dédié aux incels, édité avec art pour les faire passer pour des personnes ayant des problèmes psychologiques.

La pilule bleue est donc véhiculée par les médias et par les personnes mêmes qui composent la société, tandis que la pilule rouge est inconsciemment ostracisée. Divisons la société en catégories et voyons ce qui les motive à soutenir la pilule bleue.

Le domaine médiatique / politique.

Parce qu’admettre qu’un grand pourcentage d’hommes ont un problème signifierait devoir trouver la solution et comme il n’y a pas de solution parce qu’on ne peut pas (à juste titre) obliger les femmes à avoir des rapports sexuels gratuits avec des hommes qui ne les attirent pas, alors le problème est caché ; pour donner un exemple : aucun politicien au pouvoir ne vous dira « il y a 10 millions de pauvres » (au cas où l’opposition le dirait) parce que mettre le problème en évidence signifierait devoir essayer de trouver une solution qui n’est pas facile à trouver, voire impossible, mieux vaut balayer la poussière sous le tapis.

Parce qu’admettre que les femmes choisissent leurs partenaires sur la base des caractéristiques LMS impliquerait de faire passer les femmes pour des êtres frivoles, ce qu’on ne peut pas faire, ce serait un crime de lèse-majesté. Les femmes baisent avec Chad, mais d’abord elles « tombent amoureuses de leur caractère et de leur intelligence » (pour paraphraser les citations d’une infinité d’autrices).

Les femmes.

Parce qu’elles ne veulent évidemment pas admettre qu’elles sélectionnent leurs partenaires en fonction des caractéristiques LMS (parfois elles sont aussi de bonne foi : elles ne savent même pas qu’elles sélectionnent en fonction des caractéristiques LMS, c’est leur inconscient qui fait en sorte qu’elles perçoivent un bel homme comme un homme intelligent : un joli garçon pourrait parler de papier toilette que cela les intéresserait quand même). 

Parce qu’elles ne veulent pas admettre qu’elles sont privilégiées. 

Les hommes laids et les incels. 

Parce qu’au fond, ils espèrent que la vérité se trouve dans la pilule bleue, et que, tôt ou tard, ils espèrent enfin trouver le grand amour. S’entendre dire « tu es laid, tu n’attireras jamais une femme » est un coup très dur, presque comme la communication de la nouvelle d’une maladie incurable, et c’est bien le cas : c’est un handicap esthétique ; je veux citer une phrase du livre « extension de la domination de la lutte » : « Raphaël, tu ne représenteras jamais, jamais le rêve érotique d’une fille. Tu dois t’en en remettre ; ce genre de choses n’est pas pour toi ». (Michel Houellebecq) C’est une putain de phrase, n’est-ce pas ?

Les hommes beaux. 

Car même pour eux, il est plus gratifiant de savoir qu’ils draguent non pas grâce à une « génétique imméritée » (qui n’est dû qu’à la chance génétique d’avoir eu deux parents avec un bon ADN) mais grâce à un « je-ne-sais-quoi » qui viendrait de leur personnalité.

Les « vendeurs du fumée ». 

Qui veulent te vendre quelque chose pour faire de toi un « artiste de la drague ». 

Les chevaliers blancs et les hommes-vagins. 

Qui ont soif de sexe, qui placent les femmes sur un piédestal et qui leur donnent toujours raison. 

De toute cette « société », les « redpillés » sont les vrais révolutionnaires, comme les pirates : ils ne s’abaissent pas à faire du politiquement correct quand c’est injustifié, ils ne baissent pas les yeux devant la culture dominante. Ce sont des gens qui ont regardé dans l’abîme, et l’abîme les a regardés.


Source : « La Bluepill è una necessità » publié par Diego Moro le 9 juillet 2020. 

Illustration : Suzy Hazelwood