Traduction en français d’un article de Rollo Tomassi.
Dans un article précédent, j’ai décrit la situation de ma belle-sœur et de son premier mari, qui s’est suicidé.
Le premier homme que j’ai connu qui s’est suicidé pour une femme, c’était mon beau-frère. Je n’aime pas entrer dans trop de détails à ce sujet, parce que les critiques peuvent penser que c’est la raison pour laquelle je me suis impliqué dans la manosphère, mais il suffit de dire que c’était après un mariage de 20 ans et 2 enfants. Ma belle-sœur a rapidement épousé le millionnaire qu’elle fréquentait, moins d’un an après que mon beau-frère ait été enterré. C’est un vrai point de discorde que sa famille et moi avons avec elle, mais c’est la mentalité d’homme Beta et sa croyance au mythe de l’âme sœur qui a grandement contribué aux pensées suicidaires de mon beau-frère. Le psychologue qui est en moi sait qu’il y a beaucoup de déséquilibres intérieurs qui amènent une personne au suicide, mais je sais aussi qu’il y a beaucoup d’incitations externes qui rendent l’acte plus probable.
Mon beau-frère s’est pendu, dans une sorte de réponse, face à ce qui lui était en train d’arriver, à savoir l’impensable de son point de vue ; la seule et unique femme pour lui, son âme sœur, une femme envers qui il était très jaloux, le quittait après 20 ans de mariage (pour un millionnaire, ce que nous avons découvert plus tard). Elle était la seule femme avec qui il avait eu des relations sexuelles et il avait été (au meilleur de ma connaissance) un mari et un père fidèle et fiable depuis qu’ils se sont mariés, vers 18 et 19 ans. Il a « fait la bonne chose » et l’a épousée quand il l’avait mise enceinte à 17 ans, et il était donc « coincé » par elle, il a sacrifié toute ambition qu’il avait et a travaillé très dur pour envoyer ses deux enfants à l’université – un avantage qu’il n’aurait jamais atteint. Ce n’était pas un saint, par bien des aspects, et je ne vais pas discuter ici des motivations de ma belle-sœur, parce que ce n’est pas le sujet ici, mon sujet, c’est de dire que c’était un homme Beta qui n’avait réfléchi à sa condition d’homme Beta et que c’était un homme qui croyait que sa vie était terminée si son âme sœur le quittait. Il ne pouvait littéralement pas vivre sans elle.
Il ne pouvait pas tuer l’homme Beta (même s’il ne savait pas qu’il y avait un homme Beta en lui), alors il s’est suicidé.
C’était en 2003 et j’admets que le traumatisme de cette expérience ainsi que le comportement et l’état d’esprit qui en a découlé chez la sœur de ma femme ont été un catalyseur qui m’a éveillé vers une définition beaucoup plus large de l’hypergamie féminine. Ce terme curieux ne concernait plus seulement « la tendance des femmes à se marier » avec les hommes d’un statut social plus élevé », mais soulignait toute une dynamique psychosociale inscrite dans le logiciel psychologique des femmes depuis leur naissance. C’est cette expérience qui m’a fait prendre conscience que l’hypergamie était un impératif psychologique primordial basé sur une condition constante de doute et d’incertitude quant à la façon dont une femme pourrait optimiser cette hypergamie à la mesure de sa capacité à attirer des hommes d’une valeur sur le marché sexuel (VMS) égale ou supérieure à la sienne.
Je dois également admettre que cet épisode de ma vie m’a personnellement secoué lorsque j’ai considéré que ma propre femme serait nécessairement sujette aux mêmes prédispositions. Sa sœur, une « fille bien », croyante, craignant Dieu, s’était déchaînée sur le mari qui avait fait ce qu’il fallait après l’avoir engrossée à 17 ans, l’avait épousée et s’était mis à travailler comme un fou pendant les 20 années suivantes. Elle était déjà en train de divorcer lorsqu’il a décidé qu’un nœud coulant et un arbre étaient une meilleure option que de vivre dans un monde où il devait voir son ex-femme, toujours magnifique, avec le millionnaire qu’elle avait rencontré (et épousé par la suite). Alors pourquoi Madame Tomassi ne ferait-elle pas la même chose ?
Je peux énumérer un grand nombre de raisons pour lesquelles je fais confiance à Madame Tomassi, que j’ai toutes lues chez tous les mariés pilule bleue depuis que je suis dans la manosphère, mais je ne suis pas naïf au point de penser que certaines circonstances et conditions « pourraient » changer sans que ma femme ne change également. C’est ce que mon beau-frère n’a jamais pu saisir. Son monde tournait littéralement autour de sa femme.
Il n’était en aucun cas un saint, et malgré tout son dévouement envers sa famille et sa femme, son principal défaut était sa possessivité. Mon beau-frère contrôlait le cadre de son mariage, mais ce contrôle du cadre était ancré dans une possessivité peu sûre, à la limite de l’obsession. À un certain niveau de conscience, il savait, par le hasard, une grossesse non planifiée et un mariage précoce, qu’il s’était marié bien au-delà de ce que sa VMS réalisée aurait normalement mérité.
Possessivité.
J’ai vu ce type de possessivité chez d’autres hommes également, mais le point commun entre eux est généralement un sentiment sous-jacent et inconscient que le gars ne mérite pas la femme qu’il a sécurisé d’une manière ou d’une autre. Beaucoup d’entre eux pourraient être comptés parmi les mêmes hommes Betas qui souscrivent à la mentalité des « ligues », mais de manière beaucoup plus prononcée – c’est comme si, par chance ou par circonstance, ou peut-être en raison d’une dominance Alpha naturelle qu’ils ne comprennent pas vraiment eux-mêmes, ils se retrouvent dans une relation amoureuse avec une femme qu’ils considéreraient autrement comme « hors de leur catégorie ».
Cette possessivité peut sembler assez grave, mais lorsqu’elle est combinée au mythe de l’âme sœur, à une mentalité de rareté, à une adhésion au mythe de l’équité relationnelle ou surtout à un dévouement moralisateur envers le conditionnement féminin et à la mentalité du chevalier blanc, vous obtenez un mélange explosif de psychoses et une recette pour le suicide. Lorsque la possessivité réside dans l’investissement égotique d’un homme et dans ses pires craintes de perdre la « meilleure chose qu’il n’aura jamais », la relation qu’il croit inconsciemment ne pas avoir méritée, il peut cesser d’exister parce que cette ancienne réalité cesse d’exister. Qu’est-ce qui vaut la peine de vivre quand on a déjà connu le meilleur que l’on n’a d’ailleurs jamais mérité au départ ?
Beaucoup de mes lecteurs se sont mis en colère contre moi lorsque j’ai suggéré que si leurs copines ou leurs épouses voulaient sortir avec les filles pour une soirée entre filles, elles devraient, aussi indifféremment que possible, les laisser partir. Certes, j’ai joint plus d’une mise en garde sur la façon de procéder, mais l’opération derrière cette indifférence est en fait un test de votre propre possessivité.
« Je suis sûr que beaucoup de gars qui lisent cela connaissent les doutes de l’insécurité possessive, même dans le plan d’action que je suis en train de suggérer. La réponse « réflexe » de la plupart des gars dans une situation comme celle-ci sera de se transformer en compagnon protecteur ; la peur étant que s’ils n’expriment pas leur désapprobation, ils courront le risque que leur femme pense qu’ils ne se soucient pas assez d’elle pour être jaloux. C’est un trope que la plupart des gars se vendent à eux-mêmes, pour s’auto-convaincre, parce que c’est plus une question de suspicion que de jalousie. Aussi intuitif que cela puisse paraître, cela masque vraiment l’insécurité : que leur copine va rencontrer un autre gars et sortir avec lui. Sur un plan instinctif, nous autres, les hommes, nous sommes bien conscients des stratégies sexuelles pluralistes des femmes, donc un soupçon aiguisé a été « installé » dans notre psychisme, par l’évolution, pour empêcher les hommes de devenir l’homme beta cocu qui s’occupe de la progéniture d’un autre mâle. Cependant, aussi contre-intuitif que cela puisse paraître, une soirée entre filles est une excellente occasion d’afficher des comportements de confiance ».
Il y aura toujours un côté naturaliste à la possessivité masculine. Pour de très bonnes raisons, l’évolution a sélectionné des hommes dotés d’un sens aigu de la méfiance – les hommes veulent avoir la certitude que leur investissement parental (ou son potentiel) vaudra l’échange de ressources avec une femme. En d’autres termes, l’évolution a sélectionné les hommes avec une compréhension intériorisée de la directive biologique des femmes pour une hypergamie optimisée. Lorsque la stratégie sexuelle et l’optimisation sexuelle d’un homme doivent être sacrifiées pour la stratégie sexuelle optimisée hypergame et pluraliste des femmes afin de se reproduire, la monogamie devient un risque unilatéral pour l’homme.
« Sunshine Mary » a publié récemment un billet contenant quelques prémisses vagues sur la nature des femmes. La première d’entre elles était la suivante :
« 1. Les femmes n’ont pas été conçues par Dieu ou l’évolution pour être échangées entre hommes. Il existe peu (ou pas ?) de sociétés dans l’histoire de l’humanité dans lesquelles les femmes humaines agissaient dans une très forte promiscuité sexuelle, et le mariage a existé sous une certaine forme dans presque toutes les cultures ».
Je n’attire pas l’attention sur elle pour qu’on la critique, mais elle illustre un point très viscéral sur la dynamique de la possessivité que nous explorons aujourd’hui. Je lui ai répondu de la façon suivante :
« Dans le sperme masculin humain, il existe 3 types de cellules : les « Killers », les « Defenders » et les « Runners » (fécondants). Les Killers détruisent les spermatozoïdes adverses, les Defenders encerclent l’ovule et constituent une barrière contre les runners des spermatozoïdes adverses, et les Runners se spécialisent dans la pénétration de l’ovule et la fertilisation. Le seul but logique de l’évolution de ces adaptations de spermatozoïdes spécifiques à un type serait d’optimiser un avantage concurrentiel dans la fécondation des femelles humaines qui ont de nombreux partenaires sexuels. Même la forme du pénis d’un homme est « conçue » pour maximiser la profondeur d’insertion dans l’utérus et simultanément évacuer les spermatozoïdes concurrents du vagin ».
Si les femmes n’étaient pas « de mœurs légères », si l’impératif biologique des femmes n’était pas dicté par l’hypergamie, ces phénomènes biologiques auraient-ils été une évolution nécessaire pour les mâles humains ? L’état prédominant de compétition sexuelle, enraciné dans les stratégies sexuelles dualistes et « cocufiantes » des femelles humaines, a nécessité non seulement une prédilection psychologique masculine évoluée pour la suspicion de fidélité sexuelle, mais aussi une évolution de trois types de spermatozoïdes à but spécifique pour maximiser la transmission de l’héritage génétique d’un homme dans des conditions d’incertitude.
La différence possessive.
Dans ses premiers travaux, Roissy a publié un article intéressant sur les manifestations comportementales des hommes Alpha et des hommes Beta. En réalité, il comparait ces comportements à des tendances plus animales, mais que vous reconnaissiez ou non des comportements similaires chez les gens, le raisonnement derrière ces actions est très logique. Les hommes alpha sont lents à réagir à des stimuli soudains (comme des bruits forts ou des railleries bruyantes) parce qu’ils n’ont pas l’habitude de relever des défis importants – en d’autres termes, ce ne sont pas des hommes Beta nerveux habitués à opter pour la fuite plutôt que le combat. Leur posture et leur langage corporel véhiculent la confiance, mais uniquement parce que cette posture d’Alpha est associée comportementalement à ce que font les Alphas.
Il s’agit d’une dynamique importante à comprendre lorsque nous considérons la possessivité. Un homme au tempérament Alpha sera moins possessif et affichera donc une indifférence à l’égard de la possession d’une femme en particulier en raison de sa condition d’abondance sexuelle (relative). La possessivité, ou certainement une manifestation trop prononcée de possessivité, est le comportement d’un homme Beta qui n’a pas l’habitude de l’abondance sexuelle et qui est plus probablement habitué au rejet sexuel.
Il est important de garder à l’esprit que la possessivité est véhiculée par un ensemble de comportements, d’attitudes et de croyances communiqués de nombreuses manières. Ce n’est pas que la possessivité rende nécessairement un homme peu attirant pour une femme ; au contraire, c’est un fantasme féminin presque universel d’être possédé par un homme Alpha méritant et dominateur. C’est une approbation viscérale du statut de désirabilité supérieure d’une femme parmi ses pairs que d’être l’objet de la possession d’un tel homme alpha ; mais de même, c’est un fantasme féminin (de roman d’amour) si commun en raison de l’indifférence générale des hommes alpha à la possessivité qui le rend si tentant pour les femmes.
Lorsque les hommes Beta, qui se déprécient, affichent ouvertement leur possessivité, les femmes lisent ce comportement pour ce qu’il est. La possessivité des hommes Beta est presque universellement une sentence de mort (souvent littéralement) pour une relation amoureuse. Rien ne démontre une valeur inférieure et confirme un manque d’adéquation hypergame pour une femme qu’un homme Beta préoccupé jusqu’au bord de l’obsession par le fait de contrôler les comportements de sa petite-amie. Il ne s’agit pas d’ignorer les raisons très réelles pour lesquelles un Alpha ou un homme Beta peut se préoccuper du comportement d’une femme, mais le fait que sa propre possessivité traduit un manque de confiance en lui.