J’ai récemment eu une conversation intéressante avec une serveuse, sur la façon dont elle portait des tenues sexy parce que cela confirmait qui elle était.
« Je le fais pour moi ».
« Vraiment ? Lingerie, talons hauts, soutien-gorge push up, c’est pour toi ? ».
« Bien sûr. J’assume qui je suis ».
« Donc, il ne s’agit pas de l’attention que tu reçois des hommes autour de toi ».
« C’est bien, si ça vient du bon genre de mecs, mais je ne porte pas ce que je porte pour eux ».
« Donc si je venais chez toi à l’improviste à 4 heures de l’après-midi, tu porterais tout ça pendant que tu passes l’aspirateur, et tu ne serais pas en pantalon de survêtement et en t-shirt ? ».
« Non, mais ce n’est pas la question, je suis plus à l’aise en sweat… ».
« Je vois ».
C’était beaucoup trop facile de la coincer dans un coin du ring où elle se logeait, mais je ne serai pas trop dur avec elle puisque cette crise de motivation se retrouve aussi chez les hommes. Je ne me souviens pas combien de fois j’ai entendu des gars chez Gold’s (ndt : chaîne américaine de salles de sport fondée par Joe Gold) me dire la même chose sur les raisons de leur entraînement de musculation.
« Je le fais pour moi ! Oui, bien sûr, les filles me regardent davantage maintenant que je n’ai plus de graisse et que je me suis musclé, mais tout ça, c’est pour moi, mec ».
J’avoue que j’étais ce genre de type à une époque. Pour un homme, il est logique de faire face à l’histoire de cette singularité de l’objectif, puisque cette narration implique qu’un homme fais les choses uniquement pour lui-même, et qu’il ne s’améliore pas pour devenir plus acceptable pour les femmes avec lesquelles il veut, de toute évidence, sortir. C’est le paradoxe de l’amélioration de soi – le faites-vous pour vous-même ou parce que vous voulez que les autres vous répondent plus positivement ? Il n’est pas nécessaire que ce soit l’un ou l’autre, il peut s’agir des deux.
Il y a certainement de nombreux avantages secondaires à la musculation – amélioration de la santé, de l’attitude, réduction du stress, fonction de préservation de la force qui résulte d’une musculature accrue, etc. mais dès que nous intégrons « une meilleure vie sexuelle » dans cette équation, nous devons qualifier le tout avec l’excuse du type : « je le fais pour moi » ; comme si notre désir de baiser était moins important que tout le reste. Je vous le dis tout de suite, avec plus de 25 ans d’amélioration de mon physique, alors que je bénéficie d’une prime d’assurance vie/maladie moins élevée, j’aime beaucoup trop le sexe pour me laisser aller. Je le fais pour moi et je le fais parce que Madame Tomassi (et d’autres femmes) y réagit positivement et que j’apprécie les résultats.
C’est une question fondamentale à laquelle les hommes qui avalent la pilule rouge et adoptent une nouvelle vie consciente du jeu de séduction doivent répondre : pour qui le faites-vous ?
Il y a beaucoup de pièges pour répondre à cette question ; des pièges que d’autres hommes « pilule bleue » utiliseront pour vous ramener dans la matrice, des pièges par lesquels ils tenteront de vous convaincre que vous êtes « quelqu’un que vous n’êtes pas » et des pièges qui vous flatteront sur votre désir perspicace de vous améliorer, mais seulement dans la mesure où cela sert des objectifs féminins. Il s’agit là d’un gouffre commun pour les hommes qui sont sur le point d’accepter la vérité de la pilule rouge :
Extrait de « the Unbearable Triteness of Hating » :
16. « La haine du singe dansant ».
Les haters : « les hommes qui pratiquent la séduction ne font qu’obéir aux ordres des femmes. Les vrais alphas ne divertissent pas les femmes ».
Si vous voulez avoir du succès avec les femmes, vous allez devoir les divertir… d’une manière ou d’une autre. Il en va de même pour les femmes. Une fois qu’une femme cesse de divertir les hommes avec son corps, sa féminité et la valeur de son engagement en devenant grosse, vieille, laide, garce ou mère célibataire, elle cesse d’avoir du succès avec les hommes. Nous obéissons tous aux ordres de notre maître biomécanique, et à genoux devant sa volonté, nous nous rendons, par la force ou par choix. Vous vous trompez si vous croyez obtenir une indulgence plénière face à cette dure réalité.
« Si vous ne pouvez pas les battre, rejoignez-les ».
Qu’il en ait eu l’intention ou non, Roissy répondait bien sûr exactement à cette crise de motivation. Je ne suis pas spécifiquement en accord ou en désaccord avec tous les principes des hommes qui s’identifient comme MGTOW (je comprends le raisonnement), mais je dois souligner que, d’après ce que j’ai lu, le cœur de leurs croyances est enraciné dans cette même crise de motivation. Ce que vous faites, qui vous êtes, ce que vous croyez, est-il le résultat authentique et organique de votre propre prise de décision (le faire pour vous) ou tout ce que vous êtes est-il le résultat d’un but latent pour mieux plaire à une femme (ou à l’impératif féminin d’ailleurs) ?
Introspection.
Aunt Giggles a publié il y a une semaine un article faisant l’éloge de tous les hommes introspectifs soucieux de leur propre amélioration. Bravo ! Bravo Betas introspectifs, creusez plus profondément et embrassez votre chevalier blanc intérieur ! Bien que cela puisse aller de l’auto-flatterie à l’auto-motivation, une véritable introspection n’est utile qu’à la lumière de la raison pour laquelle vous devenez introspectif en premier lieu. Vous pouvez recevoir une tape dans le dos de l’impératif féminin pour vous aligner de manière introspective sur le modèle de l’homme Beta, pour lequel il vous a conditionné, ou vous pouvez recevoir un seau d’eau froide bien nécessaire de la pilule rouge, qui vous éclabousse le visage à la suite de votre introspection, mais la question reste de savoir pour qui ou pour quoi vous faites preuve d’introspection.
En cas de crise de motivation, il est très facile, non seulement de mettre en doute les motivations des autres lorsqu’ils ne sont pas d’accord avec les nôtres, mais aussi de réaffirmer notre foi dans notre propre prise de décision. Combien de fois les négationnistes de la drague ont-ils dit quelque chose comme « ces gars ‘pilule rouge’ ne sont que des misogynes, intéressés seulement par le fait de baiser autant que possible » ? Ce déni de croyance est basé sur la présomption que le sexe est la seule et véritable motivation de l’homme pilule rouge – il ne fait rien pour lui-même, il ne fait rien pour son propre éveil, il n’accomplit rien de sa propre volonté. Les hommes qui prennent la pilule rouge croient en ce qu’ils font pour s’envoyer en l’air et dansent donc sur la musique que les femmes (ou leurs pulsions sexuelles) jouent pour eux. Le message est qu’ils n’agissent pas comme des agents rationnels individuels, mais comme des esclaves robotiques soumis à des influences extérieures (dans ce cas, les femmes, ou leurs pulsions sexuelles). En d’autres termes, quelqu’un ou quelque chose contrôle les décisions qu’ils prennent.
C’est une affirmation puissante pour celui qui porte des accusations de malhonnêteté, car cela confirme pour lui-même que non seulement il est un « véritable » acteur, mais que sa perspicacité doit nécessairement être plus valable que celle du type qu’il juge. Le problème, comme je suis sûr que la plupart le savent maintenant, est que l’accusateur est déjà modelé par des influences extérieures. Ainsi, sa motivation pour l’accusation est suspecte elle-même d’une crise de motivation.
Je comprends qu’il s’agit là d’un problème captivant, mais je pense qu’il est important de prendre en considération les types qui sont à la limite de la prise de conscience du jeu de séduction, qui doutent de leur volonté réelle de se changer, ainsi que les types qui se rabattent sur des raisonnements de crise de motivation pour justifier pourquoi d’autres hommes pourraient être en désaccord avec eux. Je pense qu’une question importante que les hommes doivent se poser est de savoir « pourquoi je change mes croyances, mes coutumes, mes interprétations ». C’est peut-être le résultat d’une introspection, ou d’une nouvelle prise de conscience qui leur vient d’une influence extérieure (la manosphère), mais la réponse à la question de savoir pour qui vous le faites est à la fois « vous-même » et « le motivateur extérieur ».
Alors, qu’est-ce qui vous a fait changer ? Est-ce quelque chose que j’ai écrit ou qu’un autre blogueur a écrit ? Est-ce une expérience traumatisante qui vous a fait prendre conscience ? Ou bien avez-vous simplement obtenu ce que vous aviez toujours obtenu en faisant ce que vous aviez toujours fait ?
Source : « Crisis of Motive » publié par Rollo Tomassi le 18 juillet 2013.
Illustration : Savvas Stavrinos.