Clown World (20) – Qu’est-ce que l’impuissance apprise ?

Attention ! Cet article fait partie du projet « Clown World ». Vous consultez la section 1.2.9.

De toutes les ruses psychologiques que la classe dirigeante utilise contre nous, l’incitation à l’impuissance apprise est peut-être la plus méchante. L’impuissance apprise, comme son nom l’indique, est une forme particulièrement abjecte d’apathie conditionnée. Dans le monde des clowns, elle est omniprésente.

Le concept d’impuissance apprise provient d’une série d’études menées sur des chiens par le psychologue Martin Seligman. Les chiens ont été placés dans des boîtes et ont reçu des chocs électriques jusqu’à ce qu’ils apprennent qu’il n’y a pas d’échappatoire à la souffrance. À ce moment-là, une étrange apathie s’est emparée d’eux. Par la suite, ces animaux ont refusé d’échapper aux chocs, même lorsque l’occasion leur en a été donnée.

On dit que les chiens qui refusaient d’échapper aux chocs électriques souffraient « d’impuissance apprise ». Il s’agissait d’un état conditionné de passivité extrême. D’autres expériences ont démontré que la plupart des gens deviennent déprimés s’ils sont exposés à une souffrance prolongée sans pouvoir y faire quoi que ce soit.

L’impuissance apprise se retrouve également dans le dressage des éléphants. Un jeune éléphant peut être attaché par une chaîne ou une corde solide et apprend rapidement qu’il ne peut pas s’échapper de ses liens. Il finit par devenir passif. Un éléphant peut rester ainsi conditionné pour le reste de sa vie, de sorte que même à l’âge adulte, il peut être attaché par une fine corde et n’essaiera pas de s’échapper, bien qu’il soit assez fort pour se libérer d’un simple mouvement, étant donné sa taille.

En ce qui concerne l’impuissance apprise, les humains se comportent de la même manière que les autres mammifères. Face à des stimuli négatifs répétés sans possibilité de s’échapper, l’animal humain abandonne. Cela se produit pour les mêmes raisons neurophysiologiques que chez les autres animaux, à savoir une sorte d’épuisement nerveux. L’impuissance apprise ressemble beaucoup à la dépression, et elle survient pour des raisons similaires.

L’impuissance apprise explique, dans une large mesure, pourquoi nous ne résistons pas, ou très peu.

La plupart des gens sont conditionnés à l’impuissance par l’école. L’école nous enseigne que défier l’autorité ne peut que conduire à la souffrance. Quiconque se démarque de la foule est impitoyablement ramené à sa place par la violence physique ou sociale ou simplement verbale. C’est pourquoi l’apathie dépressive est si fréquente chez les collégiens/lycéens.

L’objectif de tous ces abus est d’induire un état d’impuissance apprise.

Les étudiants, une fois leur diplôme en poche, peuvent alors être remis, comme des esclaves bien éduqués, à ceux qui sont effectivement leurs maîtres : les employeurs, qui peuvent faire travailler les diplômés toute la journée pour un salaire qui ne leur permet pas d’élever une famille, tout en sachant qu’ils ne protesteront jamais.

L’inutilité des manifestations (quel que soit l’objet de ces manifs) intensifie le sentiment d’impuissance. Les millions de personnes qui ont protesté contre ceci, ou cela, n’ont jamais aucune influence sur le déroulement des évènements. Nous avons appris que, quelle que soit la sincérité avec laquelle nous exprimions notre refus d’une politique ou d’une idée, nos représentants prétendument démocratiques n’en feraient qu’à leur tête. Les protestations et les pétitions n’avaient aucune importance et aucun d’entre nous ne pouvait y faire quoi que ce soit.

Cet état d’apathie avancée a perduré pendant des décennies. 

Lorsqu’il s’agit d’induire un état d’impuissance apprise, nous sortons presque du domaine de la psychologie pour entrer dans celui de la « magie noire ». C’est en induisant un tel état d’impuissance que la classe dirigeante fabrique l’acquiescement. Une fois son emprise psychologique établie sur la population, la classe dirigeante peut faire ce qu’elle veut sans interférence.

Pour surmonter l’impuissance apprise, il s’agit principalement de comprendre que nous avons la possibilité d’empêcher notre propre souffrance ! Pour ce faire, nous devons nous « reconditionner nous-même » pour devenir plus optimistes. Bien qu’il s’agisse d’un processus qui peut prendre un certain temps, les aspects clés sont au nombre de trois : vous devez apprendre à considérer les problèmes comme extérieurs à vous, comme temporaires et comme spécifiques à la situation dans laquelle vous êtes à ce moment-là de votre vie. Rien ne dure ! Y compris la souffrance !