Ecoutez-moi maintenant, croyez-moi plus tard.

L’une des lamentations les plus courantes que j’ai lues dans la manosphère est habituellement quelque chose qui ressemble à ça…

« Où diable étaient toutes ces informations et cette sagesse quand j’étais célibataire ? J’aurais tellement aimé découvrir la manosphère / la pilule rouge avant de me marier / d’avoir des enfants / de divorcer / de souffrir parce que j’écoutais et je faisais tout ce que ma copine me disait…etc. ».

C’est encore plus dommage, parce que souvent, les hommes qui disent cela sont des hommes qui devraient se trouver au sommet de leur valeur sur le marché sexuel. J’aimerais avoir une meilleure réponse que « mieux vaut tard que jamais ».

« BFT – Blunt Force Trauma ».

Débrancher de la matrice est une tâche assez difficile en soi, mais se rendre compte et accepter que votre état d’esprit précédent pourrait ne pas être tout à fait exact est une conversation très difficile à avoir avec vous-même. Il est regrettable que l’expérience enseigne si durement, mais elle enseigne mieux. Cependant, j’ai trouvé qu’il était beaucoup plus sain d’accepter que, comme la majorité des hommes, nous ne voulons pas nous réconcilier avec nos défauts et nos inexactitudes jusqu’à ce que nous soyons réveillés par un traumatisme suffisant pour nous briser.

La religion a longtemps réalisé que la meilleure occasion de conversion est quand une personne est à un point bas dans la vie. Selon les intentions de la personne qui fait la conversion, cela peut être une bonne ou une mauvaise chose, mais ce qu’ils saisissent, c’est qu’il existe un point où nous sommes les plus réceptifs à l’influence, parce que nous sommes sérieusement en train de reconsidérer nos croyances à la lumière d’un échec ou d’une tragédie. Malheureusement, c’est un état de la condition humaine : nous apprenons mieux de nos échecs que de nos succès.

Cela est dû au fait que des expériences douloureuses ont un impact plus profond sur notre psyché que les souvenirs plus agréables. Alors que la naissance de mon enfant et que le jour de mon mariage étaient agréables, des vrais souvenirs de référence, j’ai appris moins de ces jours-là que lorsque je me suis finalement arraché de l’emprise de cette femme névrosée auprès de qui j’avais été un prisonnier volontaire pendant des années. Il a été écrit dans notre cerveau que nous devions apprendre de la douleur. C’est un trait de caractère qui a été sélectionné par l’évolution pour nous aider dans les moments où nous commettons, de manière répétée, les mêmes erreurs fatales. Les choses qui sont importantes pour nous en tant qu’êtres en évolution sont associées à ce dont nous nous souvenons le plus vivement.

Patience.

C’est donc dans cet esprit que j’ai appris à avoir de la patience avec des hommes qui sont diamétralement opposés à ce que j’offre comme illumination positivement masculine ici. Au fil des ans, sur le forum SS, je me suis progressivement fait des amis à partir d’opposants autrefois hostiles, pour aucune autre raison que le fait d’avoir attendu patiemment qu’ils fassent leur expérience qui validait un principe ou un comportement que j’essayais de leur décrire. D’anciens critiques (JOPHIL, R.I.P.) sont devenus des amis fantastiques une fois qu’ils avaient vécu de première main la dynamique que je décrivais. Tout ce qu’il a fallu, c’est un peu de patience, et une explication cohérente et convaincante de l’idée.

J’ai déclaré par le passé que débrancher les idiots de la matrice est un travail horrible, semblable au triage : il faut sauver ceux que vous pouvez et lire les derniers rites à ceux pour qui l’on ne peut plus rien. Cependant, il est tout aussi important de ne pas ignorer de façon désinvolte un gars qui pourrait être débranché une fois qu’il a été placé brutalement face au système qui le maintien piégé. Souvent, c’est son manque d’expérience traumatisante combinée avec un conditionnement étendu [dans le temps] qui le retient de vraiment comprendre une perspective consciente sur la nature du jeu de séduction. Il n’est pas un trou du cul, il n’a tout simplement pas eu l’expérience qui lui ferait reconsidérer son point de vue.

De la même manière que, à mon avis, les relations fondées sur le désir négocié sont malhonnêtes, je crois également que le fait de contraindre quelqu’un d’autre à voir mon point de vue n’est pas une expression valable du désir sincère. Je ne peux pas faire en sorte qu’une personne croit à la même chose que moi, je ne peux que lui présenter ma croyance. Une personne, homme ou femme, doit en venir à un véritable changement de son propre gré. Je ne suis pas intéressé par un lectorat plein de clones ; il doit y avoir des défis en perspective pour qu’un marché d’idées prospère. J’encourage les gens à me dire que je me trompe, parce que si mes idées ne peuvent pas résister à un examen ouvert alors c’est qu’elles n’étaient pas assez fortes à la base.

Je ne veux pas débrancher les robots de la matrice juste pour en faire des robots de mon propre point de vue. Je suis peut-être coupable d’une approche trop vache, qui se sert d’un coup de pied bien nécessaire dans le cul pour comprendre la réalité de ce qu’un gars peut traverser à ce moment-là, mais je sais qu’un véritable changement dans la compréhension ne vient pas de la force, mais d’une personne qui détermine ce changement par elle-même pour elle-même.  Eveiller une personne, ce n’est pas la même chose que l’attaquer personnellement. 

Donc, pour conclure, je veux encourager tous mes lecteurs à ne pas abandonner trop facilement sur les hommes qu’ils considèrent comme étant sans espoir. En fait, je suggère que les gars que vous connaissez qui sont les plus hostiles à votre point de vue sont justement ceux qui vont plus facilement accepter et comprendre votre désir de les rendre conscients du jeu. Leur ferveur dans la matrice n’est qu’un court voyage vers la ferveur dans la masculinité positive si vous êtes assez patient. Tous ces gars ne sont juste qu’à une expérience traumatisante près de tout saisir.


Source : « Hear Me Now, Believe Me Later » publié par Rollo Tomassi le 3 avril  2012.

Illustration : bruce mars.