Les origines historiques des restrictions à la liberté sexuelle des femmes.

Les féministes adorent pleurnicher sur un prétendu fait historique : « les hommes, ces éternels salauds, ont toujours imposés des coutumes et des normes qui visaient à empêcher les femmes de disposer de librement de leurs corps ! » (comprendre : « d’avoir des mœurs légères », c’est-à-dire, de se comporter en salopes). 

On va donc commencer par rappeler une évidence tellement évidente que j’ai presque honte de devoir le dire encore une fois : 

Le processus de reproduction humain comporte une asymétrie d’information fondamentale entre les hommes et les femmes.

Alors que la certitude maternelle existe (puisque les femmes SAVENT qu’elles sont bien les mères de leurs enfants par définition), les hommes ne peuvent pas être totalement certains de leur paternité : l’ovulation est cachée, la fécondation a lieu à l’intérieur du corps et l’infidélité de la femme est donc toujours possible. La question sexuelle existentielle des hommes a toujours été la suivante : « suis-je bien le père de mon enfant ? ». C’est une question que les femmes ne se posent pas et qu’elles ne peuvent pas comprendre. La psychologie féminine est incapable de concevoir le « doute reproductif » des hommes. C’est une limite fondamentale dans la compréhension entre les deux sexes qui ne pourra jamais être résolue. 

L’investissement masculin étant crucial pour la réussite économique et sociale des enfants, cette asymétrie a incité les hommes à empêcher les femmes d’avoir des relations sexuelles extraconjugales. Au fil des siècles et des millénaires, les hommes ont évolué pour être jaloux, pour être possessif, et pour vouloir dissuader les femmes d’avoir des relations sexuelles extraconjugales. C’est dans la nature de l’homme. Ce n’est pas la « société » ou le « patriarcat » ou la « masculinité toxique » : c’est la stratégie sexuelle masculine. 

A ce sujet, vous pouvez consulter : 

Symons, Donald, The Evolution of Human Sexuality, Oxford University Press, 1979.

Buss, David M., The Dangerous Passion – Why Jealousy is as Necessary as Love and Sex, New York: The Free Press, 2000.

Trivers, Robert L., “Parental Investment and Sexual Selection,” in Bernard Campbell, ed., Sex- ual Selection and the Descent of Man, 1871–1971, Chicago: Aldine Pub. Co., 1972, pp. 136– 179.

Cependant, comme vous l’aurez certainement remarqué vous-même, il est difficile, voire impossible, de contrôler en permanence le comportement des gonzesses, ce qui crée une demande pour d’autres moyens permettant de les empêcher d’avoir des relations sexuelles extraconjugales, c’est-à-dire, fondamentalement, de faire de nous des cocus. C’est ici que la stratégie sexuelle masculine (qui est naturelle, rappelons-le) devient culturelle.

Un grand nombre de travaux anthropologiques théorisent qu’un large ensemble de normes et de coutumes ont évolué pour servir de mécanismes permettant d’assurer la « certitude de paternité », c’est-à-dire pour empêcher les femmes d’avoir des aventures extraconjugales en atténuant le problème du contrôle :

Mackie, Gerry, “Ending Footbinding and Infibulation: A Convention Account,” American Socio- logical Review, 1996, 61, 999–1009.

Daly, Martin, Margo Wilson, and Suzanne J. Weghorst, “Male Sexual Jealousy,” Ethology and Sociobiology, 1982, 3, 11–27.

Dickemann, Mildred, “The Ecology of Mating Systems in Hypergynous Dowry Societies,” Social Science Information: Biology and Social Life, 1979, 18, 163–195.

Dickemann, Mildred, “Paternal Confidence and Dowry Competition: A Biocultural Analysis of Purdah,” in R. D. Alexander and D. W. Tinkle, eds., Natural Selection and Social Behavior, New York: Chiron Press, 1981, pp. 417–438.

Parmi les milliers de normes et de coutumes qui ont existé à travers l’histoire qui avaient pour objet de restreindre la liberté sexuelle des femmes, on peut citer : les règles permettant (ou non) à une femme de quitter la maison, de sortir seule, de sortir après la tombée de la nuit, ou la limitation des types d’endroits qu’elle peut fréquenter. Les formes de désapprobation sociale concernant la sexualité des femmes ou, plus généralement, de la libre interaction des femmes avec les hommes en dehors de leur famille ont toujours été très répandues dans toutes les régions du monde et à toutes les époques. Ces formes de contrôle se manifestent souvent par une évaluation de la « pureté » des femmes ou de la désirabilité sociale de la virginité des femmes au moment du mariage, ainsi que de leur chasteté et de leur modestie par la suite. 

Même si ces coutumes et normes semblent différer à de nombreux égards lorsqu’on étudie l’ensemble des civilisations humaines, elles ont quand même un unique but : réduire la capacité des femmes à rechercher des aventures extraconjugales. Comment est-ce que ces coutumes sont apparues ? Eh bien, laissez-moi vous parler du pastoralisme préindustriel, c’est-à-dire l’époque où les animaux devaient être emmenés et gardés à l’extérieur de la cité, des maisons, vers les pâturages.

Le pastoralisme se caractérisait par l’absence fréquente et souvent prolongée des hommes, ce qui rendait le comportement des femmes moins visible pour les hommes. Par conséquent, le pastoralisme impliquait des préoccupations accrues quant à la chasteté des femmes. Les documents ethnographiques sur les sociétés pastorales regorgent de mentions de ces préoccupations. Par exemple, dans son travail sur les communautés pastorales du pourtour méditerranéen, Schneider (1971) décrit « la grande importance accordée à la chasteté et à la virginité des femmes » comme un trait caractéristique de ces communautés. Elle note en particulier que « les familles associent leur honneur à la virginité des filles non mariées et à la chasteté de ces femmes après leur mariage ». 

(Schneider, Jane, « Of Vigilance and Virgins : Honor, Shame and Access to Resources in Mediterranean Societies », Ethnology, 1971, 10, 1-24).  

Les Bédouins, sociétés chamelières d’Afrique du Nord, ont un mot à part pour désigner l’honneur, la chasteté et la prudence des femmes : « ird », qui est considéré comme si précieux qu’une fois endommagé par des relations sexuelles extraconjugales, une femme est souvent assassinée par l’un de ses proches (Abou-Zeid, 1966). L’adultère féminin est puni de manière tout aussi sévère dans les groupes pastoraux d’autres régions du monde, tels que les Kazakhs, les Mongols ou les Arméniens (Hudson, 1938 ; Villa et Matossian, 1982).

Le pastoralisme est l’élevage, le soin et l’utilisation d’animaux de troupeaux tels que les moutons, les chèvres, les chameaux, les bovins, les chevaux, les lamas, les rennes et les yaks, et consiste à emmener les troupeaux dans des pâturages naturels. À l’époque préindustrielle, le pastoralisme était une forme de subsistance présente dans presque toutes les régions du monde. Des écologies diverses telles que les régions les plus septentrionales de Scandinavie et de Russie, les steppes d’Eurasie, les déserts de la péninsule arabique et de l’Afrique du Nord, ou les Andes en Amérique du Sud étaient le lieu de vie des populations pastorales. Si certaines sociétés pastorales étaient (presque) entièrement sédentaires, d’autres encore étaient semi-nomades ou mobiles en permanence. En règle générale, les sociétés pastorales ne dépendaient pas entièrement des ressources animales, mais la plupart d’entre elles subsistaient également grâce à l’horticulture ou à une autre forme d’agriculture.

Contrairement à l’agriculture, l’autre forme courante de subsistance préindustrielle, le pastoralisme se caractérise par des périodes fréquentes et souvent prolongées d’absence des hommes du campement. La principale raison de ces absences est la nécessité d’emmener les animaux du troupeau au pâturage. La durée de l’absence varie d’un groupe à l’autre et au sein d’un même groupe et est déterminée par divers facteurs, tels que la durée de la saison sèche et de la saison humide, la taille du troupeau, la présence d’autres troupeaux dans les environs, le degré de peuplement de la région, les conditions pédologiques locales et l’existence de marchés pour l’achat de produits agricoles et l’éloignement de ces marchés. Emmener un troupeau au pâturage implique parfois de nombreuses absences de courte durée pendant la saison froide ou humide, mais aussi des absences prolongées de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois, pendant la saison chaude ou sèche. En outre, même lorsque les pâturages sont proches, les hommes doivent souvent rester dehors avec le troupeau pendant la nuit pour le protéger des prédateurs ou des voleurs. Une plus grande dépendance à l’égard du pastoralisme implique en outre un plus grand besoin de faire du commerce pour les produits agricoles, une autre raison pour laquelle les hommes sont absents du campement.

Il est important de noter que le pastoralisme est pratiqué par les hommes dans la grande majorité des sociétés préindustrielles, et que ce sont donc les hommes qui sont périodiquement absents, et non les femmes. On peut supposer que cela s’explique par le fait que la grossesse, la maternité et l’accouchement ne sont pas des facteurs qui influent sur la qualité de la vie.

Les femmes sont désavantagées par rapport aux hommes lorsqu’il s’agit de s’occuper des animaux. En moyenne, les hommes ont également un avantage comparatif physique sur les femmes en ce qui concerne la protection des animaux contre les prédateurs et les voleurs. Parce que s’occuper du bétail, qui n’est que semi-domestiqué, exige des activités dont une femme est physiquement incapable : puiser de l’eau pour le troupeau pendant la saison sèche, faire de longues marches pour reconnaître les pâturages, protéger le troupeau contre les animaux sauvages et les voleurs, tenir tête à un acheteur sur le marché, castrer des taureaux ou dresser des bœufs. Cette vie dure, dangereuse, pleine d’incertitudes et d’absences prolongées du village, est clairement incompatible avec les devoirs de la maternité, qui exigent une vie plus sédentaire et plus régulière. 

Je pense ainsi que le pastoralisme préindustriel peut expliquer presque à lui seul les origines historiques des restrictions des « libertés sexuelles » des femmes : lorsque les hommes ne sont tout simplement pas présent, ils ne peuvent pas savoir si leurs femmes couchent avec d’autres hommes. C’est pourquoi il a fallu organiser les sociétés avec des règles permettant aux hommes de « partir l’esprit tranquille », si je puis le dire ainsi. Une société dont les femmes sont « bien gardées » est une société de confiance. 

Tout au long de l’histoire, les peuples du monde entier ont été préoccupés par la promiscuité des femmes et ont généralement idéalisé leur chasteté. La virginité de Marie est un aspect central du culte religieux rendu à la mère de Jésus. Les épopées hindoues racontent l’histoire des Panchakanya, un groupe de cinq femmes qui sont décrites comme des femmes idéales : « vierges » et « épouses chastes ». 

(Battacharya, Pradip, « Panchakanya : Women of Substance », Journal of South Asian Literature, 2000, 35, 13-56).

La littérature et la poésie européennes du Moyen Âge et de la Renaissance regorgent d’allusions à la ceinture de chasteté (mythique), un dispositif qui permettait aux maris jaloux d’avoir l’esprit tranquille lorsqu’ils passaient du temps loin de leur femme.

(Classen, Albrecht, La ceinture de chasteté médiévale : A Myth-Making Process, New York : Palgrave Macmillan, 2007).

Les normes et les coutumes qui visent à empêcher les femmes d’avoir des « mœurs légères » sont apparues en réponse à l’incertitude accrue en matière de paternité. Les restrictions à la liberté sexuelle des femmes, ainsi que les idées préconçues sur la « pureté » des femmes vierges ou chastes peuvent vraisemblablement être attribuées à la dépendance ancestrale au pastoralisme, qui se caractérisait par l’incertitude de la paternité car les hommes étaient souvent absents lorsqu’ils emmenaient les animaux dans les pâturages.

Les anthropologues ont depuis longtemps avancé l’idée qu’il existait des relations clairement établies entre les modes de production économique et le statut social des femmes : 

Boserup, Ester, Woman’s Role in Economic Development, Londres, Allen & Unwin Ltd, 1970.

Sanday, Peggy R., « Toward a Theory of the Status of Women », American Anthropologist, 1973, 75, 1682-1700.

Sanday, Peggy R., Female Power and Male Dominance : On the Origins of Sexual Inequality, Cambridge University Press, 1981.

Aberle, David F., « Matrilineal Descent in Cross-Cultural Perspective », dans David M. Schneider et Kathleen Gough, eds, Matrilineal Kinship, Berkeley, Los Angeles, London : University of California Press, 1973, pp. 655-730.

En conclusion de mon article, j’espère vous avoir montré que l’adhésion contemporaine à des coutumes qui restreignent la sexualité des femmes peut être attribuée à la dépendance historique au pastoralisme et non à une « masculinité toxique » imaginaire. 

Plus largement, il convient de se méfier des explications simplistes des féministes qui cherchent à attribuer une cause unique (le « patriarcat ») à une réalité plus complexe : les conditions environnementales dans lesquelles les humains ont vécu historiquement ont déterminé leur survie et leur biologie, mais ont aussi façonné leur culture, et en retour, la culture et la biologie ont influencé leurs conditions environnementales, et ainsi de suite, continuellement. De nombreux aspects de l’existence humaine s’influencent réciproquement.