Les hommes n’aiment généralement pas les applications de rencontre. La vie d’un homme, dans le monde moderne, est déjà constituée de barrières, de structures, de logistique et d’obligations, alors pourquoi ajouter une contrainte supplémentaire sous la forme d’une application de rencontre ?
Chaque aspect de la vie d’un homme est une lutte perpétuelle entre, d’une part, une force moderne qui oblige l’homme à être enfermé dans toujours plus de « systèmes », et d’autre part, la vitalité naturelle de la nature masculine et de la force virile.
Il existe peu de plaisirs simples dans la vie d’un homme, et parmi ceux-ci, l’une des expériences les plus convoitées et les plus puissantes consiste à tenir dans ses bras une belle femme qui vous aime, d’être avec elle, d’être en elle, et de connaître le profond réconfort de savoir que l’un des critères obligatoires pour réussir dans la vie a été coché sur votre liste de choses à faire. Avoir une femme qui vous aime, c’est tenir l’avenir entre vos mains avec assurance. Le simple fait d’avoir une femme que vous appréciez, sans vous soucier de l’avenir, est en soi une consolation suffisante pour effacer les soucis quotidiens avant qu’une nouvelle série de problèmes ne surgisse (ce qui arrive inévitablement).
Pour capturer ce moment, cette sensation, il faut capturer la femme qui provoque ce moment et cette sensation. Cette « capture » implique l’idée de « chasse ». Que cela plaise ou non à l’imaginaire moderne féministe, la femme se chasse comme le gibier, et pour les mêmes raisons : être « consommée ». La moitié du plaisir que l’on tire des femmes réside dans le jeu de séduction, tirer sur les bonnes ficelles pour découvrir ce qu’elles cachent, apprendre à les connaître, et percer leur intimité.
Il y a un profond sentiment de plaisir dans cette découverte de l’autre. La civilisation occidentale a troqué le mariage arrangé contre le fruit défendu de la découverte autonome. Si cela a conduit à de nombreuses déchéances, cela procure néanmoins l’excitation du hasard en amour et, en cas de succès, le sentiment d’une destinée divine lorsque l’on trouve la bonne personne.
Voir ce qui devrait être une expérience viscérale mêlant habileté, charme, timing et chance se transformer en une corvée numérique morne et sans relief est un suicide spirituel pour tout homme qui a encore un soupçon de vitalité en lui. Tout ce qui représente des intentions structurées enlève tout le plaisir de l’expérience : c’est particulièrement le cas dans le domaine amoureux, sexuel, sentimental et affectif.
Je pense que les femmes ressentent aussi cela à un certain niveau, elles n’ont pas le choix. Elles ne peuvent pas vraiment profiter des rencontres amoureuses. Elles subissent simplement plus de pression, ont moins de temps et un mécanisme psychologique plus facile pour supporter les rituels humiliants de la société.
Même les salopes les plus invétérées éprouvent un certain mépris pour les applications de rencontre dont elles tirent le plus grand profit (sans en bénéficier réellement). Personne n’aime voir l’amour et le sexe réduits à une marchandise. Le rituel communautaire de l’accouplement a été distillé en événements sociaux hypocrites, qui se dégradent lentement au fil des ans, à mesure que nous sommes remplacés par des techno-agoraphobes au cerveau sursollicité.
Il ne s’agit pas de féminisme, ni d’addiction au porno, ni de surcharge technologique, tous ces éléments ne sont que des fragments d’un tout plus grand qui est le catalyseur de la distance entre les hommes et les femmes qui ne fait que croître d’années en années.
Il est préférable d’être seul ou de « chasser » directement, dans la vie réelle, plutôt que d’utiliser les rouages informatiques d’un système de « rencontres » algorithmique, structuré, « marchandisé », commercialisé.
Les trois étendards. 