Clown World (30) – Les « Soy Boys ».

Attention ! Cet article fait partie du projet « Clown World ». Vous consultez la section 1.3.6.

De tous les faibles de ce monde moderne, aucun homme n’est plus méprisé et méprisable que l’homme-soja. On peut voir partout leurs visages dépourvus de testostérone, leurs sourcils levés et leurs bouches béantes signalant désespérément l’absence de menace, de danger qu’ils représentent. À l’heure actuelle, un grand nombre d’hommes sont des soyboys et leur nombre ne cesse d’augmenter.

L’expression d’homme-soja fait référence à la croyance communément admise selon laquelle l’ingestion d’une trop grande quantité de soja « féminise » un homme, c’est-à-dire fait baisser son taux de testostérone. Beaucoup pensent qu’un régime riche en soja augmente la production d’œstrogènes au point de détruire les muscles et d’augmenter la graisse dans le corps. 

Des recherches ont effectivement établi un lien entre la consommation de soja et un faible nombre de spermatozoïdes.

Un soyboy est trop faible pour être considéré comme un homme. Il est incapable de s’affirmer en tant qu’homme parce qu’il a trop peur. Peur de tout, en fait. Le soyboy se ferait botter le cul dans un combat contre n’importe quel vrai homme et perdrait tout aussi certainement un combat contre la majorité des femmes. 

La définition d’un soyboy est donc celle d’un homme qui n’a pas réussi à dépasser le stade de la juvénilité, de l’adolescence. Bien qu’il soit assez âgé pour être un homme, le soyboy est encore un enfant. N’ayant jamais développé la masculinité d’un homme digne de ce nom, il est aussi « précieux », affecté, maniéré, et aussi féminin que la plupart des enfants. C’est mignon à 7 ans, c’est cringe à 14 ans, c’est désastreux à 30 ans.

Cette « féminité » est à l’origine du regard caractéristique du soyboy. Poser pour une photo avec la bouche ouverte dans un sourire est généralement associé aux personnages féminins d’anime. Le soyboy a adopté cette expression faciale dans le but d’avoir l’air non menaçant. Il est terrifié à l’idée que quelqu’un l’attaque s’il semble menaçant. Il se cache donc.

C’est cette peur de la confrontation qui explique pourquoi l’homme-soja est tel qu’il est.

Pour éviter la confrontation, il se donne l’air physiquement faible et modeste. Même le plus grand d’entre eux affiche une attitude passive dans son langage corporel. Cette extrême mansuétude distingue l’homme-soja de l’homme adulte normal. 

Un autre signe caractéristique du soyboy est son intérêt pour les jouets et les jeux d’enfants. Un homme adulte qui collectionne les figurines de la Guerre des étoiles représente l’exemple typique, presque le cas d’école (ça marche aussi avec les films marvel, ou ce genre de merde). Le soyboy ultime est un homme de 35 ans, Youtubeur, qui regarde la caméra avec un sourire béat, en brandissant fièrement le vaisseau spatial Lego qu’il a reçu en cadeau d’anniversaire.

Les Soyboys apparaissent lorsque le cycle « hommes forts – périodes fastes – hommes faibles – périodes difficiles » atteint la phase « hommes faibles ». S’ils sont si nombreux aujourd’hui, c’est parce que le monde industrialisé est riche et n’a pas connu l’adversité depuis trop longtemps. Lorsque tout va bien, tout le monde souffre moins et finit par s’habituer à ne pas souffrir. C’est ainsi que les hommes s’assouplissent comme du linge fraîchement nettoyé.

De même, lorsque les choses vont bien, la tendance est de laisser la faiblesse s’exprimer plutôt que de la réprimer. Dans les périodes difficiles, la faiblesse est réprimée parce qu’il est entendu qu’elle met en danger tous les autres. En période de prospérité, les gens ont tendance à l’ignorer ou même à en rire. Lorsque le monde moderne approche de son apogée, la faiblesse est considérée comme une vertu. Le Soyboy illustre ce phénomène.

Ted Kaczynski a affirmé que les hommes comme les soyboys étaient des exemples de « sursocialisation ». Plus un garçon est choyé et moins il passe de temps à explorer le monde de sa propre initiative, plus il est susceptible de devenir un soyboy. En ce sens, le soyboy ressemble beaucoup à un chat domestique.

Fondamentalement, le soyboy est tel qu’il est parce qu’il ne peut pas contrôler sa propre peur, et c’est donc elle qui le contrôle. Sa vie est une série d’actions entreprises pour éviter l’anxiété et la tension. Il craint les conflits, quels qu’ils soient, et se fait aussi discret que possible dans l’espoir que les agressions l’éviteront.

La différence entre un soyboy et un simp est que le soyboy est faible dans tous les sens du terme, alors que la seule grande faiblesse du simp est précisément d’être faible avec les femmes. Le soyboy apaise les femmes, mais il apaise aussi tous les autres. Le Simp, quant à lui, est tout à fait capable d’agresser, même sans être provoqué.

La différence entre un soyboy et un baizuo est que ce dernier est spécifiquement un activiste de la gauche politique. Les soyboys ont tendance à manquer d’agressivité pour s’affirmer politiquement. Ils préfèrent rester chez eux à jouer à des jeux vidéo plutôt que de manifester. Les baizuos ont la même mentalité d’esclave que les soyboys, mais le baizuo est capable d’agresser les ennemis qu’il perçoit. Le soyboy n’a pas d’ennemis parce qu’il n’a jamais défendu quoi que ce soit.

Beaucoup de soyboys sont des incels, mais la différence est subtile. La plupart des incels sont ainsi parce qu’ils sont trop masculins et agressifs – c’est-à-dire qu’ils sont le genre d’hommes qui exigent une soumission totale de la part de leur partenaire et (pour des raisons évidentes) ils ne peuvent pas trouver une femme moderne qui acccepte ça. Les soyboys sont extrêmement féminins, peu masculins, et ne sont pas nécessairement des incels (en fait, ils sont souvent l’« homme entretenu » d’une femme qui a un emploi rémunéré).