Le paradoxe de la « sexualité asexuelle », ou comment fusionner l’Incel et le Gigachad qui sommeillent en vous. 

Ma nouvelle théorie masculiniste que je m’apprête à vous expliquer m’est littéralement venu lors d’un rêve. Il est important de le préciser, pour que vous comprenez bien les développements qui vont suivre, car je vais parler à la fois de biologie, de psychologie, et d’un peu de métaphysique, bref, de « masculinisme ésotérique ». Vous êtes prévenus. Accrochez-vous bien, mais sans vous inquiéter (ça va bien se passer).

Il n’est pas nécessaire de vous raconter ce rêve, qui comme tous les rêves d’ailleurs, n’a de sens que pour le rêveur. Ce qu’il convient de mentionner, c’est que c’était un rêve érotique – et même pleinement « sensuel » et « sexuel » au sens strict du terme – dans lequel j’étais avec une femme dans un lit, et que cette femme que je n’avais jamais « vu » ni en esprit, ni en imagination, ni dans le monde réel, avait terriblement envie de moi, tout comme mon moi « astral » avait terriblement envie d’elle. Nous commencions à faire l’amour quand je me suis réveillé. 

Le plus épatant, c’est que cette nuit-là, j’avais eu une relation sexuelle avec une vraie femme.

Pourquoi vous raconter ça ? Eh bien, ce qui m’a étonné à mon réveil, c’était d’avoir fait un rêve érotique la nuit même ou j’avais eu un rapport sexuel. C’est une situation banale, quelconque, ordinaire, c’est arrivé à d’autres hommes… Donc, peu importe. Et pourtant… Je ne sais pas exactement quel a été le processus, mais cela a fait germer une idée en moi. Et cette idée ne m’a pas quitté depuis cette nuit-là, il y a quelques jours à peine. 

Je me suis d’abord demandé pourquoi est-ce que j’avais fait un rêve érotique alors même que j’avais eu un rapport quelques heures avant de faire ce rêve. C’est-à-dire que je me suis interrogé sur les raisons qui ont poussé mon mental à manifester une tension sexuelle dans mon esprit, alors même que ladite tension sexuelle était justement « épuisée » (pour ne pas dire « déchargée », si vous me permettez cette expression…) sur le plan physique. J’en suis venu à me dire que c’était précisément parce que mon orgasme physique n’avait pas suffi à satisfaire ma libido que mon mental avait « continué » ou « prolongé » l’activité sexuelle sur le plan onirique. 

« Cool Raffaello ! Sauf que 1) on n’en a rien à taper et 2) où tu veux en venir ? Putain, tu peux pas être clair, espèce de mascu de merde ? ».

Oh là ! Calmez-vous les amis, j’en venait justement au cœur de mon nouveau concept : en poursuivant ma réflexion sur ce rêve, j’en suis venu à réfléchir sur la continuité, le continuum de la sexualité entre les différents états de l’être. Ou pour le dire autrement, la sexualité n’est pas une chose qui concerne uniquement notre corps physique, mais aussi les autres plans de l’existence : le corps astral, le corps émotionnel, le corps causal, etc… En effet, si le sexe n’était qu’une manifestation purement et uniquement physique, alors nous serions incapable de « penser au sexe »… Ce qui est évidemment faux : c’est donc que le sexe existe également dans le corps mental. Et si le sexe n’était qu’une manifestation physique et mentale, alors nous ne pourrions pas ressentir d’émotions pendant le sexe… Ce qui est évidemment faux : c’est donc que le sexe existe également dans le corps émotionnel. Et par ailleurs, nous pouvons rêver de sexe : c’est donc que le sexe existe également dans le corps astral. Je ne vous apprends rien de très nouveau ici. 

Ce qui m’intéresse particulièrement, en revanche, c’est de considérer que nous consacrons donc plusieurs de nos différents « états » à la sexualité : nous pouvons le faire, mais nous pouvons aussi y penser, en rêver, s’en souvenir, se le représenter, le concevoir, le prévoir, le souhaiter, s’en préoccuper, etc… Nous consacrons donc une certaine quantité de notre énergie (physique et mentale) et de notre attention (consciente ou non) au sexe… sans pour autant le pratiquer. Soyons honnête, nous sommes entre nous (99,90 % de mes lecteurs sont des hommes) : sur toute la durée de notre existence, nous consacrons davantage de temps à penser au sexe qu’à le pratiquer. Peu importe votre bodycount ou votre libido : le nombre de fois où vous « y pensez » est supérieur au nombre de fois où vous « le faites ». Le nombre de femmes avec qui vous avez eu envie de coucher est supérieur au nombre de femmes avec qui vous avez couché. Dans le grand total de votre sexualité, le nombre de désirs / fantasmes / pulsions non-réalisées est supérieur au nombre de désirs / fantasmes / pulsions effectivement réalisées. Non, ce n’est pas une critique. Et non, vous n’êtes pas un pervers. La sexualité masculine est ainsi. Si vous êtes un homme hétérosexuel en bonne santé, vous avez un certain niveau de libido. C’est à la fois normal, naturel et (très) sain.

Enfin, c’est normal, naturel et sain si vous êtes un homme normal. Mais vous êtes un homme ambitieux, un homme qui aspire à la grandeur, et à faire plus que l’homme ordinaire. Cela ne convient plus. C’est ici que m’est venue l’idée de « sexualité asexuelle ». Cette expression est de toute évidence totalement antinomique, et nécessite donc une explication. La sexualité, c’est l’ensemble des comportements relatifs à la satisfaction de l’instinct sexuel. « L’asexualité », son contraire, est donc l’absence de tels comportements, ou pour le dire autrement, un désintérêt, ou mieux encore : une indifférence. Par définition, on ne peut donc pas manifester une « sexualité asexuelle » SAUF dans UN cas de figure : quand on envisage cette théorie d’un point de vue « alternatif », et non pas « cumulatif ». Pour le dire simplement, vous ne pouvez pas être « en même temps » sexuel et asexuel, mais vous pouvez être « soit sexuel », « soit asexuel ». Et c’est précisément là où je veux en venir. Si vous souhaitez accomplir plus que l’homme moyen, vous devriez commencer à alterner entre la sexualité et l’asexualité, et donc, alterner entre être un « Incel » et être un « Gigachad ». 

Avez-vous pensé à toute l’énergie physique, mentale, émotionnelle, que vous avez consacré aux femmes en général ou à une femme en particulier ? Et si vous aviez consacré ne serait-ce qu’une partie de cette énergie à autre chose ? Combien de fois n’avez-vous pas été présent dans « l’ici » et le « maintenant », parce que vous pensiez à une gonzesse, à une (belle) paire de seins ou une (très belle) paire de fesses ? Il s’agit désormais de vous consacrer pleinement à « ça » OU de vous consacrer pleinement à « autre chose ». Quelques exemples concrets ne feront pas de mal. 

Vous êtes seul. Vous naviguez sur internet. Vous regardez des photos de jolies filles en bikini sur Instagram. Mais en réalité, vous rêvassez devant des images alors que très concrètement, vous ne « faites » rien de sexuel. Vous êtes ailleurs. Vous auriez mieux à faire. 

Vous êtes à la salle de sport. Encore deux séries de 10 répétitions, puis vous allez passer aux abdominaux. Sauf que. Une jolie fille passe devant vous à la salle de sport. Vous la regardez. Elle est sexy, dans sa petite tenue de sport savamment choisie. Vous voilà déconcentré. Vous n’allez pas vous donner à fond pour vos deux prochaines séries parce que, encore une fois, vous êtes ailleurs : vous n’êtes pas à ce que vous faites. En plus, vous oublierez de passer aux abdominaux. Votre séance n’est pas optimale. 

Vous êtes au boulot. Il y a cette stagiaire au service comptabilité. Elle est jeune. Elle est sympa. Vous l’avez déjà imaginé toute nue, parce que vous êtes un pervers un homme hétéro normal. Vous rêvassez. Vous vous demandez si vous devriez « tenter un truc » ou pas… Vous hésitez… Là aussi, vous n’êtes pas à ce que vous faites réellement. Il y a un mail qui nécessite une réponse urgente. Vous devriez vous occuper de votre mail plutôt que de la stagiaire. 

Vous êtes dans un bar avec des amis. La soirée est excellente : l’ambiance est joyeuse, les filles sont nombreuses, l’alcool est savoureux, la musique vous plonge dans une vibe parfaite. Vos amis sont là, mais il y aussi ce groupe de filles, là-bas, dont une qui n’arrête pas de vous lancer des regards. Vous l’approchez et engagez la conversation, tout en restant à proximité de vos amis, et elles des siens. Vous n’arrivez finalement pas à vous décider : dans quel groupe rester ? Vous n’avez pas vu vos amis depuis un certain temps, mais d’un autre côté, le courant passe bien avec cette fille. Finalement, à force de tergiverser, il s’avère que chaque groupe évolue dans une dynamique propre, et vous n’êtes dans aucun des deux. Cette fois, vous auriez peut-être dû rester avec cette fille. Vos amis auraient compris, vous les reverrez prochainement de toute façon. Vous n’étiez pas vraiment là, ce soir-là…

Quel est le point commun de toutes ces situations ? Vous étiez « le cul entre deux chaises ». Vous étiez quelque part sans y être. Vous étiez « tièdes ». A moitié dans le sexe, la séduction, la possibilité de quelque chose, et « en même temps », vous étiez chez vous, ou au boulot, ou au sport, ou dans un bar. Vous deviez choisir. Dorénavant, vous savez que vous devez trancher, décider, et agir en conséquence. 

Option 1. Vous êtes sexuel. 

Et je veux dire par là, totalement sexuel. Il y a cette fille que vous connaissez vaguement dont vous avez l’Instagram. Envoyez-lui un message et draguez-là franchement. Parce que vous avez envie de la baiser. Vous êtes à la salle de sport. Il y a cette fille qui fait ses étirements à côté de vous. Elle vous plait. Allez lui parler et manifester clairement vos intentions. Elle vous plaît et vous avez envie de la baiser. Vous êtes au boulot. Le mail que vous venez de lire, en fait, peut attendre. Allez parler à cette stagiaire pour savoir ce qu’elle fait ce weekend, parce que vous avez justement un plan à lui proposer : vous avez envie de la baiser. Et puis, il y a cette fille au bar qui n’arrête pas de jeter des coups d’œil vers vous. Êtes-vous stupide ? Complètement débile ? Vous ne voyez pas les signes ? Elle a (probablement) envie que vous ayez envie de la baiser. Le seul moyen d’en être certain, c’est de rester avec elle toute la soirée, plutôt qu’avec vos amis. Bref, vous comprenez l’idée. Lorsque vous êtes « en mode chasse », soyez-le à fond, sans retenue ni limites. Vous avez une sexualité, alors manifestez clairement l’ensemble des comportements relatifs à la satisfaction de votre instinct sexuel. 

Option 2. Vous êtes asexuel. 

Et je veux dire par là, totalement puceau. L’Incel des Incels. Monsieur innocent. L’homme chaste, pur, un peu naïf et complètement Beta. Ignorant de tout ce qui touche de près ou de loin à la séduction, à la chatte, aux préliminaires. La femme doit représenter pour vous un continent inconnu, un mystère mystérieux, un être un peu bizarre qui, à la limite, ne vient pas de la même planète que vous. Et bien sûr, en contrepartie de cette ignorance, de cette indifférence au sexe, vous êtes complètement et totalement consacré à ce que vous faites dans l’instant présent. Ne voyez pas cette option comme une répression ou une frustration de votre instinct sexuel, mais plus simplement, comme une redistribution, une meilleure répartition, un transfert de votre énergie sexuelle. 

En effet, au lieu de penser aux filles, vous vous libérez (temporairement) de tout cet aspect de la nature humaine, au profit des autres plans de l’existence. Par exemple, au lieu de scroller indéfiniment sur des photos de jolies filles sur Instagram, pourquoi ne pas vous consacrer pleinement à l’apprentissage d’une langue ? Si vous supprimez 20 minutes de rêveries sur des photos Insta en les remplaçant par 20 minutes de langues, vous pourriez devenir bilingue en 12 à 18 mois. Lorsque vous faites du sport, ne regardez même pas les filles autour de vous. Demandez-vous plutôt si vous êtes capables d’ajouter 5 répétitions avec 10 kilos de plus (Spoiler : vous en êtes capables). Également, pensez à toutes les heures que vous avez passé à penser à votre (vos) ex(s). Et si vous aviez passé cette même quantité de temps à développer un petit business à côté de votre job, ou en seriez-vous aujourd’hui ? 

En choisissant d’être radical et extrémiste dans votre approche du sexe, vous pourriez atteindre le paradoxe de la « sexualité asexuelle » : vous y consacrer pleinement lorsque le moment est venu, au point d’en profiter encore plus, et oublier totalement votre sexualité lorsque vous vous consacrez à d’autres aspects de l’existence, au point… d’en profiter encore plus. 

Je pense que le problème de trop nombreux hommes réside justement dans cet « entre deux », cette zone grise de l’existence au cours de laquelle ils ne sont pas vraiment à ce qu’ils font réellement tout en étant préoccupé en arrière-plan par leur situation sentimentale ou sexuelle. Les jeunes hommes (mes amis les Zoomers) me paraissent ainsi : jamais vraiment des Incels parce qu’ils tentent quand même de s’intéresser aux filles, d’utiliser Tinder, de se trouver une copine… mais jamais vraiment des Chads non plus parce qu’ils tentent sans vraiment se donner à fond, à user de toutes leurs ressources pour parvenir à leurs fins. 

J’ai conscience que tout ceci est plus facile à dire qu’à faire. Moi aussi, je navigue dans les zones grises… parfois… Mais pas tant que ça, finalement. Par exemple, quand il s’agit d’aller parler aux filles dans des bars ou à des soirées, je ne fais que ça. J’aborde une fille, puis une autre, et encore une autre, et ainsi de suite. Parce qu’il y comme un sentiment d’urgence. Parce que je ne veux pas rentrer seul chez moi : je veux rentrer avec une fille (ou chez elle). Je ne peux donc pas « faire comme si » j’étais là avec mes amis et « faire comme si » j’étais « ouvert aux rencontres ». Avec les filles, on ne peut pas dégager de l’indécision : soit vous les draguer clairement, et peu importe le résultat, du moment que vous avez manifesté une intention sexuelle (c’est son droit le plus sacré de ne pas éprouver de réciproque), soit c’est juste quelqu’un à qui vous parler et donc vous n’avez rien à foutre. Vous ne pouvez pas à la fois jouer l’Incel et le Chad en même temps. Vous devez y aller ou ne pas y aller, vous devez plonger ou ne pas plonger, vous devez sauter dans le vide ou rester au bord de la falaise. Il n’y a pas de situation dans laquelle vous « faites quelque chose sans vraiment le faire ». Vous ne pouvez pas lancer à une fille des signaux qui indiquent qu’elle vous plaît et lui lancer aussi des signaux d’indifférence. A un moment donné, il faut se décider. Vous sexualisez la situation ? Tant mieux. Vous ne sexualisez pas la situation ? Tant mieux aussi ! Du moment que vous faites un choix. 

Il n’y a rien de « mal » à se « comporter en puceau » si cela implique par exemple de faire ce que vous avez décidé de faire et uniquement cela, un peu comme un autiste, sans s’intéresser aux filles autour de vous. Vous pouvez faire une excellente séance de sport en solitaire/asocial, et passer une très bonne soirée uniquement amicale, ou rester uniquement professionnel avec une collègue. Et de la même manière, il n’y a rien de « mal » à se consacrer pleinement à une fille que vous avez très clairement envie de niquer, pour le dire ouvertement. 

Pour revenir à mon rêve. C’est très exactement cela qui m’est apparu : en réfléchissant à ma vie de ces derniers mois, j’ai réalisé que j’étais tombé dans la « zone grise ». Peu à peu, je me suis laissé être à la fois un homme asexuel et sexué, qui ne sait pas réellement ce qu’il voulait. J’ai fait ce rêve érotique en dépit (ou malgré ? Ou au surplus ?) d’un orgasme, parce que je m’étais perdu, je m’étais égaré, dans l’ambivalence, dans l’ambigüité, dans l’équivoque, dans l’incertain. 

Depuis maintenant quelques jours, et pour les semaines à venir, j’ai la ferme intention de retrouver, de récupérer mon « dualisme sexuel » : me consacrer intégralement et exhaustivement aux femmes (et à jouir) OU BIEN me consacrer rigoureusement et fondamentalement à mes autres centres d’intérêt (et dans ce cas, me comporter comme un austère moine, un ascète absolu, un Incel « mage noir »). 

Comme mes lecteurs les plus habitués le savent, je m’intéresse profondément à toutes les doctrines ésotériques liées à la sexualité. Et avant tout, évidemment, la « Kuṇḍalinī », la très puissante énergie sexuelle et spirituelle située dans la base de la colonne vertébrale, origine de toute énergie vitale et divine, qui est la source « de tous les pouvoirs » comme l’indique Lilian Silburn (une spécialiste du shivaïsme et du tantrisme). 

Sachez que cette puissante énergie est toujours considérée soit comme « endormie », soit comme totalement « éveillée ». Le processus d’éveil de cette énergie est considéré, depuis des millénaires, comme extrêmement dangereux, parce que si ce processus est effectué à moitié (ou partiellement), cela peut littéralement rendre fou. 

L’objet de cet article n’est pas d’expliquer en détail le mystère de la Kuṇḍalinī, mais ce que je veux dire ici, c’est que je crois que la sexualité « normale » et la sexualité « spéciale » tantrique présente le même « danger » extrême pour l’homme : elle est « endormie » ou « réveillée ». Mais en ce domaine, il n’existe pas de juste milieu. 

« To fuck, or not to fuck, that is the question ».

Raffaello Bellino, 2024.