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Le complexe d’infériorité n’est pas seulement un phénomène social parmi d’autres : le complexe d’infériorité représente certainement l’un des phénomènes majeurs de notre temps, si ce n’est le phénomène structurant de toute une génération.
Le complexe d’infériorité est généralement associé au domaine de la psychologie et aux travaux d’Alfred Adler. Ce dernier pensait que des sentiments d’infériorité répétés et prolongés pouvaient conduire à une forme de névrose. Cette névrose peut s’exprimer par des tentatives de rabaisser ou d’humilier les individus que la personne souffrant du complexe d’infériorité perçoit comme étant meilleures qu’elle. Le terme de « complexe » provient de la « structure complexe d’attitudes et de comportements » qui s’articulent autour de ce « sentiment » d’infériorité.
En règle générale, avoir un complexe d’infériorité n’est pas très grave. Certaines personnes sont réellement inférieures à d’autres et il est donc tout à fait naturel qu’elles aient un complexe. Les personnes qui ont développé à tort un complexe d’infériorité peuvent généralement en être guéries en apprenant une compétence qui leur donne un sentiment de « maîtrise » dans la vie.
Chez certaines personnes, cependant, le complexe d’infériorité peut s’enraciner profondément, au point de devenir un élément fondamental de leur personnalité. Ces personnes peuvent se comporter de manière étrange, à la fois individuellement et collectivement. Elles peuvent se comporter d’une manière que des personnes saines n’adopteraient jamais. Les complexes d’infériorité étant de plus en plus répandus, les comportements négatifs qu’ils entraînent le sont également.
Le monde des clowns étant tellement détraqué, il ne récompense plus systématiquement les comportements « prosociaux » et ne punit plus systématiquement les comportements « antisociaux ». Les personnes qui prennent soin de leur peuple sont traitées de racistes, tandis que les criminels sont écoutés avec bienveillance. Le pire résultat est peut-être que les complexes d’infériorité se retrouvent désormais aussi bien chez les personnes supérieures à la moyenne que chez les personnes inférieures, car désormais, avec les réseaux sociaux, tout n’est que perception.
L’expression la plus caractéristique du complexe d’infériorité est la « compensation » par un comportement supérieur. Un faible se vante de sa force, un intellect médiocre se donne des airs de génie, une petite gonzesse laide exige que tout le monde la traite comme si elle était d’une beauté surnaturelle… Toute personne médiocre qui agit comme si elle avait un grand talent souffre probablement d’un complexe d’infériorité.
L’autre expression la plus caractéristique est la tentative active de démolir les personnes qui ont une bonne estime d’elles-mêmes. Les personnes souffrant de complexes d’infériorité adorent raconter des ragots sur le fait qu’une personne normale est secrètement un déviant sexuel, un toxicomane, un alcoolique, etc. Les personnes souffrant de complexe d’infériorité trouvent humiliant de rendre à une personne digne de ce nom ce qui lui est dû, alors ils la rabaissent.
Une personne qui souffre d’un complexe d’infériorité a tendance à croire que le monde lui doit quelque chose. Cette croyance est fondée sur le sentiment d’avoir été lésé d’une manière ou d’une autre.
Ce sentiment d’avoir été « floué par la vie » est similaire à ce que Nietzsche appelait le « ressentiment ». On s’en veut d’être inférieur, et donc on se grandit et on rabaisse les autres. Ce ressentiment est à la base de la morale esclavagiste que Nietzsche a si violemment critiquée. Le complexe d’infériorité inspire une mentalité d’esclave.
Les complexes d’infériorité sont souvent à l’origine des comportements violents et agressifs, dans de nombreux contextes. Une personne normale n’éprouve pas beaucoup de satisfaction à intimider ou insulter d’autres personnes. En fait, elle trouve généralement cela désagréable. En revanche, une personne souffrant d’un complexe d’infériorité éprouve un puissant sentiment de soulagement en humiliant une autre personne. Il peut être gratifiant de voir les autres se rabaisser à un niveau plus bas.
De nombreuses personnes souffrent de complexes d’infériorité depuis leur plus jeune âge. La prise de conscience que l’on n’est pas quelqu’un de spécial est un choc pour beaucoup de gens, surtout si peu de temps après la période égocentrique de la petite enfance. Pour certains, le fait d’être jugé comme étant seulement « moyen » ou « normal » est un coup dur pour l’ego, surtout si leurs parents avaient de grands espoirs pour eux.
Si une personne ne ressent pas de complexe d’infériorité à l’école ou au travail, elle risque d’en ressentir un dans ses loisirs. Les réseaux sociaux ont rendu les complexes d’infériorité normaux en diffusant dans tous les téléphones un flot ininterrompu de personnes plus belles, plus drôles, plus intelligentes, plus fortes et plus talentueuses à tous égards que la personne lambda. La petite amie de chaque mec est soudain apparue comme moins jolie, le petit ami de chaque femme est apparu comme moins charmant, moins « Alpha ».
Les complexes d’infériorité étaient problématiques mais gérables jusqu’à ce que le monde moderne dégénère complètement. Au stade où nous en sommes, les complexes d’infériorité causent d’immenses souffrances. Les complexes d’infériorité de nature intellectuelle sont les plus aigus. Grâce à l’accès généralisé à Internet, il est désormais possible de parler à quelqu’un de plus intelligent que soi à tout moment. Cela n’a pas toujours été le cas.
Dans le Monde des Clowns, les personnes intellectuellement inférieures aiment compenser leur infériorité par des projets grandioses visant à réorganiser le monde entier. Le passe-temps le plus populaire consiste à imaginer des façons de structurer la société qui répondent à la mode politique du jour ou qui satisfont les vanités intellectuelles de trois gauchistes parisiens. Par ailleurs, vous constaterez qu’un complexe d’infériorité s’accompagne presque toujours d’un sentiment de supériorité morale.
L’effet total des complexes d’infériorité sur la société est considérable. Parce que tant de gens ont des complexes d’infériorité aujourd’hui, tout vrai leader assez grand pour nous sortir du monde des clowns est démoli par les intrigues des envieux avant qu’il ne puisse faire la différence. On peut constater que nos problèmes se perpétuent d’eux-mêmes, pour cette raison psychologique fondamentale : il n’existe rien au monde qui puisse satisfaire les envieux, les jaloux, et les médiocres.