Comment « Penser comme un homme » ? 

Essayez de vous remémorer tout ce à quoi vous avez pensé pendant les 10 dernières minutes. Sérieusement. Faites-le pendant un instant. Vous allez vous apercevoir à quel point cela est difficile. Il existe en nous, dans notre mental, une série d’association d’idées désordonnées. Vous pensiez à une chose, qui vous a amené à penser à une autre, et ainsi de suite… Il y a tant d’associations mentales qui peuvent être faites que, non seulement vous ne savez pas à quoi vous pensiez il y a exactement 10 minutes, mais vous ne savez plus comment vous êtes passé d’une idée à l’autre. 

Ce développement irrationnel (au sens le plus strict du terme) de la pensée occupe plus de 99% de votre vie psychique, parce que vous vous laissez submergez par vos pensées, mais aussi par vos émotions. Il est déjà extrêmement difficile de contrôler le « flux de la pensée » lorsque vous êtes concentré, mais lorsque la pensée se mêle à l’émotion, il est presque impossible de penser activement. Lorsque la pensée mêlée d’émotion surgit en nous-même, c’est presque comme si « quelque chose était pensé en nous », de manière indirecte, presque sans notre contrôle. Nous sommes alors spectateur en nous-même. Dépossédé de notre propre esprit. Observateur à l’intérieur de notre intériorité. Autrement dit, plus il y a d’émotions qui se mêlent à nos pensées, moins nos pensées sont pensées, si je puis le dire ainsi. 

Penser comme un homme, c’est déjà réaliser que nous ne sommes pas nos émotions, et que les émotions doivent rester impérativement distinctes de nos pensées. Lorsqu’on se « laisser aller », lorsqu’on réagit avec le cœur plutôt qu’avec la tête (ou pire, avec le sexe plutôt qu’avec la tête), nous entrons dans une modalité d’existence féminine. Dans le monde moderne, de plus en plus « d’hommes » se sont habitués à penser comme pensent les femmes, c’est-à-dire avec un mélange d’émotions dans les pensées, ce qui conduit les pensées à « errer » à l’intérieur même du « moi ». Un homme qui souhaite penser comme un homme doit « prendre les commandes », c’est-à-dire qu’il ne doit pas permettre à ses propres pensées d’aller où elles veulent. 

Au sens métaphysique, le principe viril, solaire et lumineux, est celui qui est stable, à l’opposé du principe féminin, lunaire et obscur, qui est instable par nature. Ainsi, pour que l’homme réel corresponde au principe métaphysique qui lui correspond, il doit exercer un contrôle mental sur lui-même, afin d’avoir un esprit aussi stable que possible, c’est-à-dire dénué d’émotions. 

A ce stade, il convient de préciser un élément important : il est hors de question de « supprimer » les émotions, ou de se forcer à ne « rien ressentir ». La véritable masculinité ne réside pas dans l’anéantissement de l’émotionnel. Il s’agit de prendre conscience que l’on « ressent » une émotion (négative ou positive, peu importe) mais de ne pas permettre à ladite émotion de se mélanger à la pensée. Car une fois que le « mélange émotion-pensée » est installé en vous, alors vous entrez dans l’état de « se laisser penser » dont je parlais plus haut. 

Ainsi, être un homme, c’est tenir une discipline de contrôle constant de la pensée, avec l’élimination – non pas de l’émotion elle-même ! – mais de l’influence de l’émotion sur la pensée. C’est plus facile à décrire qu’à faire, et je passe moi-même des heures entières à m’oublier et à laisser mes pensées « penser à ma place ». Mais j’essaie de tendre vers cet idéal viril. Car il s’agit bien d’un idéal viril. Appelez cela « attention », « concentration », « gravité », « sérieux », ou « vigilance », dans tous les cas, un homme solidement « ancré en lui-même » est semblable aux Dieux. L’énergie physique qui peut déplacer des montagnes ne peut rien contre une pensée, et encore moins contre une émotion. C’est pourquoi la force capable d’orienter une pensée ou de dominer une émotion nous vient d’une énergie supérieure, elle est au-delà de la masculinité, voire de l’humanité elle-même. Il y a quelque chose de non-humain dans le fait de se contrôler.Il n’y a de guerre plus sainte que celle qui mène à la victoire sur soi ; il n’y a de victoire plus grande que le dépassement de ses propres limites. C’est pourquoi l’homme qui contrôle ses propres pensées – même pendant 30 secondes par jour, au début – a déjà réalisé un dépassement de sa condition masculine que les autres hommes ne peuvent même pas concevoir. 

L’homme moderne, c’est-à-dire l’homme féminisé, féministe, et émotionnel, meurt intérieurement des millions de fois par jour. Ses états affectifs, et ses émotions positives ou négatives n’ont de cesse de s’entremêler et de se reproduire en distillant un lent poison qui finit par tuer l’Homme qui réside à l’intérieur de l’homme. La pensée, l’émotion et le corps de l’homme sont des univers concentriques. Tout est relié. L’homme qui se laisser penser, se laisser aller, et l’homme qui se laisser aller se laisse mourir. Arriver à maîtriser de manière absolue vos pensées, ne serait-ce que pendant 1 minute par jour, équivaut à transformer votre vie de manière radicale. 

Car une seule pensée maîtrisée permet, de manière infime mais réelle, de changer délibérément une posture ou une inflexion de la voix, de redresser le dos, ou de donner une intensité, une lumière différente à vos yeux. Si un homme était capable de réorienter sa pensée pendant quelques secondes, s’il parvenait même un tout petit peu à diriger la force de son mental vers son esprit plutôt que vers ses émotions, il pourrait déplacer des montagnes dans le monde concret. Chacune de vos pensées détermine chacune de vos paroles, de vos regards et de vos plus minuscules contractions du visage. Chacune de vos pensées détermine votre degré de masculinité. Alors pensez-y !