Le Serpent Enroulé (23).

Dans cette série d’articles, je vous propose ma traduction en français du livre « The Coiled Serpent: A Philosophy of Conservation and Transmutation of Reproductive Energy », de C. J. Van Vliet.

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Chapitre précédent : 

21. L’amour contre le sexe.


XXII

LE CONTRÔLE DES NAISSANCES.

« Les relations sexuelles défavorables à l’éducation de la progéniture… doivent tendre vers la dégradation ».

– Spencer. Principes d’éthique.

Nous répugnons tous à la coutume des anciens Pompéiens qui utilisaient des vomitifs lors de leurs dîners. Après avoir mangé tout ce que leur estomac pouvait contenir, ils le vidaient rapidement dans leur « vomitorium » afin de pouvoir manger à nouveau. Ils ne mangeaient pas dans le but naturel de préserver le corps, mais pour satisfaire leur appétit contre-nature. Ils mangeaient exclusivement pour le plaisir de goûter et d’avaler de la nourriture, pour la satisfaction des sens. Et ils ont dû se juger extrêmement intelligents pour avoir découvert comment contourner l’objectif pour lequel la nature a conçu le système digestif. Mais aujourd’hui, tout le monde est dégoûté par cette pratique malsaine et vulgaire du passé. 

La pratique de la contraception, aujourd’hui très répandue, est bien plus répugnante encore. Par des préparations humiliantes qui réduisent le corps à un simple instrument d’expression sensuelle, ou par d’autres méthodes contraires à l’éthique, les contracepteurs cherchent à contourner l’objectif pour lequel la nature a conçu le système reproducteur. Ces « contrevenants à la nature » désirent cohabiter avec une personne du sexe opposé, non pas dans le but naturel de perpétuer la race, mais pour satisfaire leur appétit sexuel contre nature, pour la gratification sensuelle. 

Les arguments modernes avancés en faveur de la contraception sont si astucieux et si spécieux, et ils s’adressent si fortement à une génération déjà trop sensualisée, que le contrôle des naissances est devenu une coutume facilement acceptée de nos jours. Mais il ne fait aucun doute qu’un monde plus sensible vis-à-vis de l’avenir considérera les contraceptifs avec le dégoût que l’on éprouve aujourd’hui pour l’ancien recours aux vomitifs.

Parce que l’humanité est ce qu’elle est, le contrôle des naissances a trouvé d’innombrables propagandistes et adhérents. Mais ce n’est pas parce que l’humanité n’est pas meilleure que ça, que ses normes actuelles ne peuvent être acceptées comme les meilleures et les plus nobles. De même que le fait que le monde entier réclame la guerre ne fait pas de la guerre une condition mondiale idéale – et de même que l’appétit pour les stupéfiants d’un nombre croissant de personnes ne fait pas de leur consommation une habitude recommandable pour qui que ce soit – la popularité des contraceptifs ne justifie pas leur utilisation. Tout ce qu’elle prouve, c’est qu’il y a beaucoup de gens qui acceptent volontiers n’importe quel moyen d’échapper à une conséquence naturelle de l’indulgence sexuelle. 

Quels que soient les arguments sociologiques et autres arguments purement matérialistes avancés pour défendre la contraception, toutes ses méthodes sont et restent une perversion sordide des desseins et des objectifs de la nature. Toutes les méthodes qui empêchent intentionnellement et artificiellement la possibilité de fructification sont intrinsèquement contre-nature et anormales. Toutes les méthodes de production de l’orgasme par contact entre les sexes, à l’exception de l’orgasme normal, ne sont pas physiologiques et sont donc préjudiciables. Au mieux, elles altèrent la nature, ce qui est dangereux en soi. On ne peut pas abuser impunément de la nature. Elle a une façon bien à elle de faire respecter ses préceptes et elle est prompte à punir toute infraction aux lois éternelles, par ceux qui sont légalement mariés comme par ceux qui les enfreignent de façon illicite. Bien qu’elle semble souvent se satisfaire d’un paiement différé, elle l’exige finalement d’une manière ou d’une autre. On ne peut jamais tirer un avantage de la nature par une ruse. 

En toutes circonstances, lorsqu’aucun enfant n’est désiré, l’exercice de la fonction sexuelle… est préjudiciable… Lorsque des moyens de prévention de la conception, quels qu’ils soient, sont utilisés, leur incertitude, leur caractère désespéré… et la probabilité qu’ils soient, d’une manière ou d’une autre, dangereux ou nuisibles : tous ces éléments jouent en leur défaveur.

Il n’existe pas de moyen inoffensif d’empêcher la conception, du moins pas par des moyens artificiels. Il n’y a qu’une seule prescription qui soit à la fois sûre et certaine, à savoir que les sexes restent séparés. Le meilleur moyen de prévenir la conception est l’abstinence sexuelle totale, qui est parfaitement inoffensive. Tout mode de prévention, autre que celui de la chasteté, est une violation évidente de la nature. L’idéaliste… insiste sur le fait que la bonne méthode de contrôle des naissances est la maîtrise de soi, et il condamne l’utilisation de contraceptifs.

Les pratiques contraceptives sont contestées par certaines autorités au motif qu’elles sont susceptibles d’induire une instabilité nerveuse ou mentale… D’éminents neurologues et psychiatres parlent de névroses et de psychoses comme étant le résultat du refus de la parentalité par ceux qui pratiquent encore le rapport sexuel.

Lorsque l’on souhaite devenir parent après avoir utilisé des contraceptifs pendant un certain temps, la déception est souvent au rendez-vous. En effet, chez la femme, l’utilisation des contraceptifs peut avoir détruit la capacité de maternité ; car il semble probable que la surcharge en spermatozoïdes soit une cause de stérilité. En fait, des autorités de renommée mondiale ont posé la stérilité comme une conséquence presque certaine de la contraception.

L’objection la plus grave à l’utilisation des contraceptifs les plus sûrs [en apparence] est qu’ils sont psychologiquement contre-nature. Tous les moyens auxquels on a eu recours pour empêcher la conception … dérangent les sensibilités les plus fines de l’homme et de la femme – surtout de la femme, car ici, comme si souvent en matière de sexe, la satisfaction de l’homme se fait en grande partie au détriment de la femme…

L’objection suprême à toutes les méthodes de contraception se situe dans le domaine spirituel. Personne ne peut pratiquer une forme quelconque de contrôle des naissances… sans être blessé spirituellement. La pensée même qui conduit à la décision de réduire le rapport sexuel à un acte d’autosatisfaction improductif tend à paralyser toute faculté spirituelle naissante. Même si les contraceptifs étaient rendus absolument fiables et pas le moins du monde nuisibles, leur application resterait non seulement une procédure antinaturelle, mais aussi – par son empêchement de la croissance spirituelle – une procédure anti-évolutionnaire, donc en fin de compte une procédure anti-sociale.