Dans cette série d’articles, je vous propose ma traduction en français du livre « The Coiled Serpent: A Philosophy of Conservation and Transmutation of Reproductive Energy », de C. J. Van Vliet.
Pour revenir au plan général de l’ouvrage, cliquez ici.
Chapitre précédent :
XXI
L’amour contre le sexe.
La concupiscence n’a rien de commun avec l’amour. L’opinion populaire, dans sa confusion, peut les déclarer identiques ou inséparables, mais ils restent par essence mutuellement opposés.
L’amour est spirituel et accroît la domination de l’esprit ; le sexe est physique et met l’accent sur le pouvoir de la matière, au détriment de l’esprit. L’amour appartient à l’âme, le sexe au corps. L’amour est éternel, le sexe est éphémère. L’amour est désintéressé, le sexe est égoïste ; il n’y a pas d’égoïsme plus profond que l’égoïsme de la complaisance sexuelle. L’amour travaille pour les intérêts de l’autre, le sexe pour son propre intérêt. L’amour rayonne, le sexe vampirise. L’amour en abondance raffine et élève, le sexe en abondance avilie et dégrade. L’amour en soi donne une béatitude reposante ; le sexe en soi donne des désirs agités. L’amour accélère l’évolution, le sexe la retarde. Fondamentalement, le sexe terrestre s’oppose à l’amour spirituel, et l’amour s’oppose aux éléments qui poussent à l’union sexuelle. Dans sa véritable nature, l’amour ne peut être connu que lorsque la conscience du sexe est absente.
L’amour est le principe unificateur de l’univers. Là où l’amour existe, il y a un désir d’unification, de proximité, de partage de toutes les expressions de la vie sur tous les plans de la manifestation. C’est pourquoi l’amour entre les sexes inclut généralement le désir de partager la parentalité et, pour ce faire, de partager la relation la plus intime qui peut conduire à la parentalité. Cette relation naît alors indirectement, comme un sous-produit, et non comme une expression directe de l’amour. Néanmoins, lorsque ce désir de partager la parentalité est consciemment ou inconsciemment présent, la communion sexuelle pourrait presque être qualifiée d’acte d’amour. En effet, dans ce cas, l’élément d’amour dépasse largement l’élément sexuel, qui n’est là que pour servir son but naturel. Mais même dans ce cas, en règle générale, le sexe désillusionne l’amour, de sorte que pour de nombreux couples, avec le déchirement du voile nuptial, l’illusion est détruite. Ils découvrent rapidement que l’accomplissement du sexe n’est pas l’accomplissement de l’amour.
Chaque fois que l’acte est dissocié de son but procréatif, il est entièrement dissocié de l’amour. Il devient alors l’expression d’une attirance et d’une gratification purement physiques. Bien qu’il unisse momentanément les corps, il n’unifie pas les âmes – ce qui est l’unification recherchée par l’amour. On cherche souvent à justifier l’acte sexuel de deux personnes qui s’aiment en l’appelant le « reflet de l’unité réelle » ; mais il est aussi impossible d’atteindre cette unité par le biais de ce soi-disant reflet, qu’il l’est d’attraper un oiseau en tendant la main vers son reflet dans un étang.
Il est évident qu’une attirance qui n’est que le fruit d’une impulsion sexuelle ne peut en aucun cas être de l’amour. Le sexe, à la recherche de sa propre satisfaction physique, n’a pas le moindre rapport avec l’amour. L’action sexuelle improductive n’est pas fondée sur l’amour et n’inspire pas l’amour. Au lieu de conduire à l’amour, l’attirance animale d’un corps pour un autre aboutit à la satiété et au dégoût, comme en témoignent les nombreux divorces, les prétendues liaisons amoureuses éphémères et les relations discordantes de nombreux couples mariés. Il est rare que l’amour véritable soit assez fort pour survivre indemne aux exigences de la sexualité. Plus tôt que de promouvoir l’amour, la luxure se transforme rapidement en haine. C’est pourquoi l’ennemi juré de l’amour est la luxure.
Le désir sexuel, pour se rendre plus acceptable, peut se déguiser en amour et s’appeler amour-sexe. Mais le déguisement ne peut changer sa nature. En toutes circonstances, il reste vrai que l’assouvissement de l’appétit sexuel ne peut en aucun cas être considéré comme une expression de l’amour. Ce n’est que l’expression d’un désir. Et l’amour et le désir sont deux conditions différentes, mutuellement exclusives et opposées. L’amour est plus élevé que le désir sexuel, et ne nécessite pas d’intimité sexuelle. L’amour ne peut s’épanouir pleinement sans la perte de la virginité.
Seul un fil ténu relie le sexe et l’amour. Il s’agit de l’utilisation secondaire par la nature de la reproduction sexuelle comme moyen de poser les fondations de l’amour. Toute la force de ce fil réside dans son élément de reproduction, dans l’union de deux personnes pour le bien des jeunes. Mais dès que l’élément reproductif est éliminé, le fil se rompt. L’amour et le sexe tombent alors dans leur antagonisme naturel, dans lequel le sexe tue l’amour. Dans de nombreux cas, l’amour a été tué sur l’autel de la sexualité.
La passion est la déformation de l’amour. Quand on aime, on s’élève au-dessus de la passion. C’est justement parce qu’il aime que l’amant courtois est pur. Ceux qui aiment vraiment savent que l’expression sexuelle n’est pas aussi satisfaisante que l’affinité spirituelle. Plus leur amour est grand et pur, moins il reste de sexe. Par amour et pour l’amour, ils renoncent à la passion et au sexe. C’est ainsi que l’amour tue le goût de la lubricité et introduit dans l’âme la véritable chasteté. La chasteté est une richesse qui vient de l’abondance de l’amour.
Au cours de l’évolution, l’amour doit vaincre le sexe. Le serpent dévorerait le monde, s’il n’était vaincu par l’amour, par cet amour pur qui ne nourrit pas mais vainc le sexe.
Lorsque l’amour s’imposera, il supplantera automatiquement le sexe. Mais la réhabilitation de l’amour dépend de la récupération de la signification spirituelle de l’homme. Ce n’est que lorsque l’homme aura éliminé le plus grand obstacle à son épanouissement spirituel, c’est-à-dire lorsqu’il se sera libéré de l’emprise du sexe, que l’amour pourra entrer dans la vie de l’homme.