Attention ! Cet article fait partie du projet « The Black Pill ». Vous consultez la section 14.2.
Klusmann a examiné (en 2006) un ensemble de données composé de trois échantillons différents d’individus âgés de 30, 45 et 60 ans, tirés au hasard dans les villes de Hambourg et de Leipzig, en Allemagne. 776 entretiens ont été menés, avec un taux de réponse de 30 %.
Leur niveau de motivation et de désir sexuels a été mesuré par leur degré d’accord avec plusieurs affirmations, par exemple : « Lesquels des comportements et sentiments suivants vous caractérisent le plus, et lesquels caractérisent le plus votre partenaire : ‘Vouloir avoir des rapports sexuels souvent’ avec les catégories de réponse (1) plus caractéristique de moi, (2) plus caractéristique de mon partenaire, (3) caractéristique de nous deux, (4) caractéristique d’aucun de nous deux ».
Il a été constaté que le désir sexuel masculin restait constant, voire augmentait tout au long de la relation, tandis que le désir sexuel féminin diminuait avec le temps, mais que le désir de « tendresse » des hommes diminuait et que le désir de « tendresse » des femmes restait généralement constant.
Toutefois, l’examen des facteurs modifiant la relation entre le sexe, la durée du partenariat et la motivation sexuelle a révélé que le désir sexuel féminin diminuait rapidement après la cohabitation, alors qu’il ne diminuait que légèrement lorsque la femme vivait séparée de son partenaire masculin. Il a également été constaté que le désir sexuel féminin diminuait moins lorsque le partenaire masculin avait un niveau d’éducation plus élevé que le partenaire féminin (hypergamie, donc).
Selon l’auteur, ces résultats semblent étayer l’affirmation selon laquelle la différenciation du désir au cours d’une relation s’explique par des motivations évolutives différentes entre les sexes. Les hommes sont motivés pour maintenir un niveau élevé de désir sexuel afin d’assurer des copulations régulières, de se prémunir contre le « cocufiage » par des rivaux potentiels et de maximiser la reproduction. En revanche, chez les femmes, la principale motivation en matière de relations est le désir de créer et de maintenir un lien de couple avec l’homme, afin de s’assurer qu’il continue à s’investir pour elle et sa progéniture.
Discussion :
Contrairement aux conseils habituels en matière de rencontres qui mettent l’accent sur beaucoup de grosses conneries, les résultats suggèrent qu’en moyenne, un degré élevé de familiarité est en fait préjudiciable à la stabilité de la relation parce que la femme s’ennuie, et aussi peut-être parce que l’homme s’ouvre à autrui, révélant ses défauts, ce qui est un signal de statut inférieur.
Paradoxalement, la capacité apparemment inférieure des femmes à former des couples à long terme par rapport aux hommes est en contradiction avec la nature sexuelle des femmes, lesquelles fonctionnent selon une stratégie sexuelle de type « K ». En particulier, les femmes sont plus pointilleuses dans le choix de leur partenaire et attendent plus longtemps avant d’avoir des relations sexuelles, ce qui indique un investissement parental élevé et peut s’expliquer par la dépendance à l’égard des ressources de l’autre, plus élevés chez les femmes que chez les hommes. Cependant, le fait de se désintéresser plus rapidement de leur partenaire actuel indique un faible investissement parental à long terme, c’est-à-dire un comportement qui relève de la stratégie sexuelle « r », et le désir des femmes de se libérer de leur partenaire est incompatible avec les exigences de la civilisation moderne. Le déclin plus rapide de l’intérêt sexuel des femmes peut s’expliquer de plusieurs façons :
La sexualité des femmes pourrait être bloquée parce qu’elles ont été soumises à une pression sélective moindre, ayant eu un succès reproductif plus élevé tout au long de l’histoire de l’humanité.
Ce phénomène pourrait être un exemple de l’effet Coolidge pour les femmes, selon lequel les animaux préfèrent la variété sexuelle afin d’obtenir une progéniture génétiquement diversifiée.
Les hommes n’ont rien à perdre à copuler avec la même partenaire, puisqu’ils peuvent toujours féconder d’autres femmes en ayant simultanément des relations extraconjugales, sans trop s’investir dans la progéniture. Les femmes, en revanche, ont un investissement parental plus important et ne bénéficient donc d’une plus grande variété sexuelle que si l’accès aux ressources est garanti. L’infidélité étant un risque de se faire jeter, elles ont besoin d’un nouveau partenaire qui investisse et apporte un ensemble différent de gènes.
Dans le même ordre d’idées, les femmes ont une plus grande aversion pour l’inceste (Kresanov, 2018), ce qui peut également s’expliquer par le principe de Bateman et la très faible diversité génétique en cas d’inceste (consanguinité). La cohabitation dyadique étroite contemporaine dans les mariages peut constituer un décalage évolutif, étant donné que les domaines masculin et féminin étaient autrefois beaucoup plus séparés. Par conséquent, les femmes pourraient percevoir de plus en plus leur mari comme un membre de la famille pendant la cohabitation, ce qui les amènerait à développer une aversion sexuelle qui, à l’origine, a évolué pour réduire les risques d’imprégnation incestueuse.
Les femmes ont plus d’investissement parental, mais si elles tombent enceintes à plusieurs reprises, elles auront moins de temps et d’énergie à consacrer à leur progéniture, ce qui pourrait expliquer leur baisse de libido.
Contrairement aux hommes, les femmes ont une sexualité très passive. Les femmes n’ont pas besoin de rivaliser avec l’accumulation de ressources coûteuses ou l’intimidation physique pour attirer un nouveau partenaire, mais seulement de rivaliser dans des dimensions comparables à celles des hommes, telles que la beauté et la réputation. Par conséquent, le changement de partenaire est associé à un coût considérablement plus faible pour elles que pour les hommes, ce qui peut justifier le fait d’essayer d’obtenir un meilleur homme au bout d’un certain temps, d’autant plus qu’un bon fournisseur Beta peut même investir dans sa progéniture antérieure. Ce type de conflit sexuel est également abordé dans d’autres de mes articles. Les femmes ont généralement plus d’opportunités sexuelles que les hommes, car ces derniers ont une sexualité plus active. Par exemple, dans les rencontres en ligne, elles reçoivent environ 8 fois plus de messages, ce qui rend leur « coût d’échange » encore plus faible.
Les femmes souhaitent tester d’autres hommes potentiellement plus dominants que leur partenaire actuel afin d’être toujours attachées à l’homme le plus dominant (hypothèse du « garde du corps »).
L’hypothèse du changement de partenaire de Buss (2017), c’est-à-dire que le changement est facilité par un certain nombre d’adaptations comportementales qui permettent aux femmes de quitter des relations médiocres et d’avoir accès à des partenaires potentiellement meilleurs, de mettre en œuvre des « stratégies de sortie » et de gérer les défis auxquels elles sont confrontées par la suite.
Une autre explication pourrait être que la plus grande capacité de choix des femmes les rend simplement plus conscientes des défauts de leurs mecs, de sorte qu’elles deviennent insatisfaites plus tôt, ce qui devient particulièrement évident dans le cas d’une intimité profonde résultant d’une cohabitation.
Les femmes peuvent être quelque peu adaptées à la présence d’autres femmes du harem, qui vivent souvent dans un logement séparé, de sorte que la simple cohabitation avec leur mari peut constituer un décalage évolutif.
L’insatisfaction, l’ennui et l’inconstance sont des traits néoténiques que les hommes sélectionnent.
Les hommes sont davantage incités à conserver un monopole sexuel sur leur partenaire féminine pour garantir la paternité, alors que l’inverse n’est pas possible, puisque seules les femmes tombent enceintes.
Les femmes ont des niveaux de testostérone plus faibles, ce qui signifie qu’elles poursuivent moins d’objectifs motivés par le statut social, y compris l’obtention de relations sexuelles. Étant moins motivées et ayant un niveau d’activité plus faible, les femmes peuvent faire l’expérience d’une « adaptation hédonique » (« hedonic treadmill ») plus tôt.
Selon certains, la compétition sexuelle des femmes consiste principalement à attirer l’attention des hommes pour avoir accès aux ressources. Lorsque le partenaire qui les intéresse est sur le point de se désintéresser, les femmes deviennent anxieuses et offrent volontiers des rapports sexuels pour s’assurer de son investissement en ressources et de sa protection. Selon certains, les femmes adoptent ce comportement car le désintérêt de l’homme est un signal indiquant qu’il a d’autres options. Cette observation a conduit à l’invention d’un certain type de drague dans les cercles redpill, qui consiste à montrer délibérément son désintérêt pour provoquer l’offre volontaire de rapports sexuels de la part de la femme. Dans un lien à long terme, les femmes acquièrent la certitude d’avoir obtenu les ressources de leur mari, de sorte qu’elles voient moins la nécessité de récompenser leur partenaire par des rapports sexuels. En revanche, si l’homme a un statut élevé, il dispose d’une multitude d’options alternatives, de sorte qu’une femme a alors continuellement besoin de sécuriser les ressources de l’homme par le sexe. Ceci est également corroboré par l’étude de Klusmann, qui a constaté que lorsque le statut de la femme (en termes de niveau d’éducation) est inférieur à celui de l’homme, elle ne perd pas sa libido.
Tout comme pour les hommes, les niveaux de testostérone des femmes diminuent dans une relation à long terme, ce qui signifie que leur compétitivité diminue également, ce qui peut signifier que leur concurrence pour appâter les hommes avec du sexe, y compris leur mari, diminue également.
Les résultats de cette étude ont depuis été reproduits par deux études menées par McNulty (2019). Lui et son équipe ont constaté qu’en contrôlant les effets de l’accouchement, de la dépression post-natale et du stress, la durée du mariage restait un facteur prédictif de la baisse de la libido féminine, mais pas de la libido masculine, qui restait constante.

Sources :
Klusmann D. 2006. Sperm competition and female procurement of male resources. Human Nature. 17(3): 283–300. (Source)
McNulty JK, Maxwell JA, Meltzer AL, Baumeister RF. 2019. The Honeymoon Is Over: Sex-Differentiated Changes in Sexual Desire Predict Marital Dissatisfaction. Arch Sex Behav. (Source)
Buss DM, Goetz C, Duntley JD, Asao K, Conroy-Beam D. 2017. The mate switching hypothesis. (Source)
Kresanov P, Kotler J, Seto M, Lieberman D, Santtila P, Antfolk J. 2018. Intergenerational incest aversion: self-reported sexual arousal and disgust to hypothetical sexual contact with family members. Evolution and Human Behavior. (Source)