Opposition.

Les Trois Étendards accueille aujourd’hui Alex Dev, un nouveau contributeur. « Opposition » est son premier article publié sur Les Trois Étendards. Bonne lecture !


Il est maintenant 0.12 h.

Nous sommes donc demain. Mais quel jour ? Je n’en n’ai pas la moindre idée.

La, assis devant mon écran, les doigts fébrilement disposé sur un clavier qui en a vu d’autres, je vais encore, vraisemblablement, passer la nuit à recentrer ma réflexion sur un débat qui n’en finit plus de s’étirer dans toutes les directions, vers les extrêmes les plus sordides que la pilule rouge ait encore à offrir au passager clandestin que je suis devenu, lâché comme une bête sauvage dans une manosphère tentaculaire en pleine mutation, expansionniste volontairement et censurable à souhait, comme toujours. Le gout de l’interdit n’a pas vraiment changé de bord, et c’est bel et bien à partir de cette plateforme dissidente que mon intellect se soumet à nouveau à l’exercice de l’essai thérapeutique, fort libérateur parfois, et tout à fait nécessaire dans la plupart des cas.

Je ne suis pas ici pour me plaindre. Je n’ai pas le temps pour cela, et vous non plus. Pourtant, j’ai tout de même une nouvelle critique à formuler, j’imagine cette dernière fondée, et je l’adresserai donc volontiers aux masculinistes bruts et aguerris qui dans un effort paraissant aujourd’hui démontrer leur inébranlable foi en l’homme mais également, je le crains, un certain manque de lucidité, annoncent dans un optimisme bienvenu mais que je ne partage que très modestement, l’émergence prochaine d’une nouvelle génération de convictions masculines dont la maturité précoce permettrait, excusez du peu, la possibilité d’un retour à long terme vers un patriarcat sociétal fort et stable. Rien que ça.

Je sais, ce n’est pas un point qui devrait susciter de telles tensions, on pourrait tout à fait se dire qu’on verra bien, mais, et c’est là que l’histoire se corse, je ne mange pas toujours pas de ce pain là, Monsieur.

Je suis de ceux qui exigent la clarté de raisonnement la plus rigoureuse pour enfin pouvoir prendre position clairement et me permettre de décider si oui ou non, tout a été tenté pour pousser le raisonnement jusqu’à ses limites les plus reculées, celles qui sont en soi infranchissables, au risque de travestir sa personne si on s’y hasarde, bien imprudemment.

Dès lors, j’exposerai mes arguments avec limpidité et simplicité, tout en faisant tout mon possible pour continuer de croire qu’il existe des alternatives à mon raisonnement qui sont sagement et raisonnablement élaborées, et qui méritent d’être opposées au mien, de façon constructive, sincère et bienveillante.

Ce qui n’est pas toujours facile, je le reconnais…

Alors voilà. En 2021, ou en sommes-nous réellement avec le patriarcat ?

C’est simple, pour moi, il est définitivement mort. Et ce n’est pas de gaieté de cœur que je vous annonce le trépas de ce marqueur civilisationnel majeur qui aura structuré la vie de tant d’hommes et femmes avant nous. J’ai bien peur en effet qu’il ne puisse plus produire aucun de ses mécanismes propres et emblématiques sur les prochaines générations, et que nous devions d’ores et déjà accepter sa disparition systémique dans une proportion qui permet d’affirmer qu’il n’existe simplement plus, et que son retour en odeur de sainteté me parait absolument inenvisageable, même avec la meilleure volonté du monde.

Ce qui me permet d’affirmer cela n’est pas une vulgaire fulgurance cognitive supplémentaire, fruit d’une observation objective mais trop rapide de la structure de civilisation occidentale, mais plutôt le résultat d’une analyse par déduction logique et d’un lent processus de maturation in vitro, qui vous paraîtra, peut-être, soit contestable( et je vous encourage à apporter toute contestation possible) soit acceptable, ce qui serait un signe que je ne suis pas seul à réfléchir de manière profonde et persistante à ce problème, ou devrais-je dire, cette catastrophe.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Le point d’entrée de la civilisation occidentale dans la phase terminale de sa décadence, c’est-à-dire que la fin du patriarcat offre selon moi ni plus ni moins qu’un aller sans retour possible vers l’effondrement probable d’une civilisation, qui mérite pourtant qu’on se batte jusqu’au dernier souffle pour que ce jour n’arrive jamais.

Nous partirons donc de l’explication la plus analytique possible, celle qui démontre pourquoi le patriarcat est en état de mort cérébrale et pourquoi il n’est plus possible de le restaurer, quels que soient les efforts entrepris pour cela à l’avenir.

En fait, je ne vais pas tenter de définir ce qu’est le patriarcat, cela a déjà été admirablement réalisé par d’autres et il est inutile de s’étendre plus longtemps sur ce point. Tout le monde sait de quoi je parle. Non, ce qui est intéressant, c’est de tenter de comprendre comment le patriarcat a été dynamité jusqu’à ses plus solides fondations par son seul et unique adversaire historique, le féminisme et le suprémacisme idéologique féminin. Vous noterez que je n’emploie pas le mot suprémacisme à tort ou sans raison, j’ai parfaitement choisi mon mot et j’assume ce choix dès maintenant.

Car, en effet, pour fabriquer la matière explosive qui a servi à faire voler en éclats un système organisationnel aussi rigoureux et stable que l’ancien patriarcat, désormais annihilé, l’impératif féministe a dû remonter aux sources du pouvoir des hommes pour en détruire la substantifique moelle : le contrôle de la stratégie sexuelle du sexe opposé.

Nous y sommes enfin. C’est bien de ce contrôle que découle le pouvoir. Celui qui détient ce contrôle dirige la reproduction humaine au sein de ladite civilisation et décide de la forme qu’elle prendra dans l’avenir.

Les féministes ont analysé la façon dont les hommes ont pris ce pouvoir et l’ont retourné contre eux, de telle sorte que ce soient les femmes qui dictent maintenant comment l’espèce humaine doit se reproduire et penser sa capacité de régénération. C’est l’avènement du matriarcat, qui correspond bel et bien avec une forme de suprémacisme qu’elles refuseront toujours d’avouer, sous couvert d’une lutte pour l’égalité fictive et qui n’a d’égalitaire que le nom.

Comment sont-elles parvenues à ce renversement en deux générations seulement ?

Elles ont appliqué à la reproduction humaine une forme élaborée de Darwinisme social inscrit dans un contexte culturel et technologique qui leur a permis, sans qu’on ne puisse les empêcher, de prendre le contrôle de la totalité du processus de reproduction humaine, en détruisant toutes les contraintes que les hommes faisait fort sagement peser sur l’hypergamie féminine jusque-là, tout en autorisant les femmes à redéfinir avec leur propres normes ce qui doit être considéré comme la seule stratégie sexuelle à avoir un droit d’expression et d’opération dans le réel : la leur.

Celle des hommes a été purement et simplement diabolisée, puis méthodiquement annihilée.

C’est un tour de force qui n’a été rendu possible que par la modélisation précise de leur propre stratégie sexuelle assortie d’un même travail sur celle des hommes. Cette modélisation, certainement basée sur des travaux d’origine sémantique, biologique, et cognitive, leur a permis de comprendre avec une grande précision quelles étaient les forces et les faiblesses du mode sociétal patriarcal et de la stratégie sexuelle masculine, et créer un programme d’ingénierie sociale à la fois sémantiquement radical et concrètement impliqué au jour le jour dans une transformation progressive de la société dont le but final a toujours été le transfert de pouvoir reproductif des hommes vers les femmes. Il n’y absolument aucun désir d’égalité là-dedans.

Soyons plus précis. Les féministes ont parfaitement intégré, et ont acquis le gain d’une avance cognitive cruciale lorsqu’elles ont compris que les stratégies sexuelles des deux sexes sont non seulement différentes, mais que par nature, elles sont opposées, elles s’excluent l’une l’autre.

C’est-à-dire, que le succès d’une stratégie sexuelle se produit en contrepartie de l’échec de l’autre.

Les féministes ont décodé la ligne de structure principale de chacune des deux stratégies ; à savoir, l’hypergamie pour les femmes, et la certitude de paternité pour les hommes.

L’hypergamie est cet instinct qui pousse les femmes à repousser à tout prix les hommes trop faibles, à leur interdire l’accès à la reproduction.

C’est donc un instinct non pas basé sur l’amour mais sur la révulsion. Les femmes haïssent les hommes faibles, et savent parfaitement que le désir de certitude de paternité des hommes menace la réussite de leur propre stratégie.

La certitude de paternité est en effet, au contraire, le prisme par lequel les hommes définissent depuis toujours leur stratégie sexuelle, en priorité : ils veulent tous, avant tout, être absolument certain que l’enfant à naitre sera bien de leur sang, et de leurs gènes.

Il ne faut pas sortir de Saint-Cyr pour comprendre que ces deux stratégies sont résolument opposables, qu’elles entrent en conflit, naturellement, l’une avec l’autre. Celui qui parvient à forcer l’autre à abandonner sa propre stratégie devient donc maitre de ce conflit dans un premier temps, et de la reproduction totale de l’espèce ensuite.

Je tiens à le préciser dès maintenant, je ne cherche pas à trouver un moyen artificiel d’opposer les impératifs des deux sexes. Il se trouve qu’en modélisant un tant soit peu leurs stratégies respectives, il est facile de comprendre les implications que ce constat fait naitre : bien que les deux sexes soient complémentaires d’un point de vue biologique pour la reproduction de l’espèce (et encore que ce point-là puisse aussi être battu en brèche avec la GPA et autres sorcelleries), il apparait clairement que d’un point de vue stratégique, les deux sexes sont purement et simplement des adversaires, qui mènent un combat simili-masqué pour le gain du contrôle de la reproduction de l’espèce.

Les conséquences d’un tel paradigme sont véritablement immenses, et les féministes l’ont très bien compris.

« Le féminisme est l’expression idéologique de l’instinct féminin : supprimer toutes les contraintes naturelles pesant sur la sexualité féminine, et ajouter toutes les contraintes artificielles et sociétales possible sur la sexualité masculine. » (LTE)

C’est de cette manière que les femmes, qui suite à la libération des mœurs en 1968, et en accédant au pouvoir de contrôler et réguler les naissances via l’avortement, pratique également monstrueuse s’il en est, ont également commencé à exercer leur instinct sexuel propre avec plus de maitrise que jamais. L’avortement est l’expression ultime de l’hypergamie.

« En 2021, le contrôle que les hommes peuvent exercer sur leur propre sélectivité sexuelle est un sujet dont les femmes ne veulent même pas entendre parler. » (LTE).

Il s’agit de convaincre, ou de forcer, l’abandon total de toute stratégie sexuelle de type masculine, qui devra être perçue comme systématiquement inacceptable. Les hommes doivent réprimer leur instinct sexuel naturel, et accepter la sélectivité féminine comme la seule stratégie possible et envisageable.

Il est clair qu’étant parvenues à influencer l’opinion publique au point d’imposer la stratégie sexuelle féminine comme la seule possibilité « correcte », et qu’en même temps, celle des hommes ( la certitude de paternité) mérite d’être purement et simplement abandonnée au profit de la leur, nous en sommes arrivés à une forme de suprémacisme évident dont l’enjeu n’est rien de moins que la détermination par les femmes des normes permettant de choisir quels hommes auront le privilège de pouvoir se reproduire, et quels sont ceux dont elles pourront tout a fait légitimement terminer la lignée définitivement, sans être ni inquiétée ni même contestée.

C’est cela le pouvoir réel. Le pouvoir de vie et de mort sur les autres. Une forme de pouvoir qui fut nôtre, il ne faut pas se leurrer : le patriarcat n’est pas moins un suprémacisme reproductif assumé, qui se conquiert et s’arrache, comme tous les pouvoirs. Et c’est ce pouvoir que nous avons placé dans les mains des femmes, précisément parce que nous refusons de les considérer comme ce qu’elles sont devenues : des adversaires dangereux, puissants et résilients. Les hommes, eux, en sont encore à se lamenter de leur déclassement sans oser remettre en question l’un des tabous les plus solides que notre civilisation ait érigé sous l’ère patriarcale : les femmes ne peuvent être vues comme les adversaires de l’homme. Et pourtant.

Combien de temps tolèrerons-nous cela ?

La réponse donne le vertige. En laissant le féminisme et les femmes déplacer le centre de gravité de la reproduction humaine avec une telle violence, nous avons perdu les moyens de contester, nous avons abdiqués collectivement notre contrôle sur la reproduction de nos gènes.

Ce contrôle est désormais dans les mains des femmes, et les hommes en sont réduits à un rôle d’animal reproducteur, une commodité, qu’elles exploiteront à leur guise, c’est-à-dire, dans l’esprit d’une femme, sans limites. Contrairement à ce qu’il en est des hommes, aucune forme d’éthique ou de morale n’est à attendre de leur part sur ce sujet plus que brûlant, et je crains que des jours bien sombres ne doivent être à redouter pour les hommes non Alphas qui n’ont pas pris la mesure de ce qui s’est réellement passé.

Sans compter la fierté blessée de tous ceux, comme moi, qui refuseront toujours d’abdiquer ce pouvoir sans condition à des êtres qu’ils savent totalement irrationnels et irresponsables, incapables d’assumer avec intégrité un tel enjeu civilisationnel. Les femmes nous arracherons ce pouvoir, peut- être, mais jamais nous ne le déposerons de nous-mêmes dans leur main.

En tenant de tels propos, j’ai bien conscience de commettre un crime de lèse-majesté. Ce n’est pas pour rien que je me prétends dissident.

Reste la tentation de croire au réveil hypothétique de la masculinité globale, objectivement KO, et à l’éventuel retour d’un patriarcat à la forme renouvelée dans un futur si lointain, auquel, objectivement, je ne crois plus.

Si l’on prend en compte le fait que les femmes ont désormais conscience de la manière dont elles ont subtilisé le pouvoir reproductif aux hommes, il n’y a aucune chance pour qu’elles acceptent un jour de rendre ce pouvoir. Même une nouvelle génération d’hommes redpillés seront impuissants quand l’expression simple de leur stratégie sexuelle propre sera juste devenue illégale. Le patriarcat ne saurait être restauré que par la force, avec toutes les conséquences que cela implique.

Prouvez-moi que j’ai tort, si vous le pouvez.

Force et Honneur.