Clown World (7) – Qu’est-ce que le « centre » ? 

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Les taoïstes nous apprennent que, même dans les temps les plus sombres, il y a toujours une étincelle de lumière dans l’obscurité, de même qu’il existe une part d’obscurité dans la lumière… Eh bien, il en va de même pour le Monde Clownesque dans lequel nous vivons. Bien que les choses soient sombres et que les tendances suggèrent que tout ne va faire qu’empirer, il existe un petit nombre d’hommes et de femmes qui représentent la lumière qui brille dans l’obscurité. Ce sont les centristes, bien évidemment.

Pour comprendre le centrisme, il faut d’abord comprendre la droite alternative et la gauche alternative, ce que j’ai fait dans mes précédents articles.

Une part des centristes acceptent bien volontiers les idées prônées par la droite alternative, lorsque celle-ci affirme que le multiculturalisme a échoué à plusieurs niveaux, que l’immigration massive musulmane et africaine a apporté la misère à l’Occident et que la « clownisation » du monde est avant tout un phénomène spirituel. En d’autres termes, le centre partage bon nombre de constats avec la droite alternative.

Cependant, le centre rejette la solution proposée par la droite alternative, à savoir la ségrégation. Le centre considère cela comme une sorte de « déni de vie ». En fin de compte, le désir de ségrégation est motivé par une volonté de cruauté.

De même, une partie des centristes acceptent bien volontiers des idées prônées par la gauche alternative, lorsque celle-ci affirme que le capitalisme néolibéral a échoué à plusieurs niveaux, et que l’inégalité a augmenté au point que le tissu social se déchire et que la civilisation commence à s’effondrer. 

Mais de même, le centre rejette la solution proposée par la gauche alternative, à savoir la redistribution forcée des richesses et le ressentiment anti-blanc. Le centre rejette explicitement toutes les morales d’esclaves : le centre considère que le ressentiment collectif n’est pas une solution.

Cela peut sembler être un ensemble d’opinions contradictoires, surtout pour ceux qui ont l’habitude de laisser les médias grand public définir le réel à leur place. Mais le centriste embrasse toutes les contradictions, car justement, eh bien, il est centriste. La rhétorique simple est faite pour les esprits simples, et le centriste est un esprit simple.

Il n’est pas facile de décrire les caractéristiques démographiques des centristes. En tant que tels, les centristes sont difficiles à distinguer par race, sexe ou classe sociale. 

Il est certainement vrai que les centristes ont tendance à être intelligents, car une personne doit avoir un certain niveau de connaissances historiques pour avoir noté les points positifs et négatifs des autres positions politiques. Mais l’intelligence, ou du moins l’éducation, ne suffit pas. 

Le centriste se considère comme « sage ». Le centrisme est en effet une position à laquelle on vient une fois que l’on est devenu trop sage pour se laisser prendre à la ruse rhétorique et émotionnelle des autres positions, c’est ce que pense le centriste. Lorsqu’une personne n’est plus influencée par les appels à l’ordre, à la liberté, à la paix, à la vengeance ou à la justice, elle peut devenir centriste.

Une personne a plus de chances de devenir un centriste si elle a accumulé une quantité inhabituelle d’expérience de vie. Si une personne a beaucoup voyagé à travers le monde, elle aura fait l’expérience d’une grande variété d’autres cultures, et aura sans doute remarqué de bonnes et de mauvaises choses dans chacune d’elles. Cela vaut également pour les personnes qui ont changé de classe sociale au cours de leur vie, ou dont la profession les a mises en contact avec un grand nombre de personnes de classes différentes. Plus la réalité à laquelle on a été exposé a été variable, plus on a le pouvoir de se modeler correctement dans la forme souhaitée.

Le centrisme fonctionne de manière similaire. Le centriste est celui qui a essayé toutes les autres positions politiques et les a toutes trouvées insuffisantes. Les centristes ont plaidé pour la monarchie, pour la révolution, pour le capitalisme, et pour la justice sociale. Ils sont donc conscients des lacunes de chacun, mais ils savent aussi pourquoi les gens sont enclins à défendre ces positions. Ils votent parfois à gauche, parfois à droite. Les convictions du centristes sont à peu près aussi constante que la direction du vent.

Cette approche presque luciférienne est en harmonie avec la croyance fondamentale des centristes en la valeur de l’indépendance et de la libre-pensée. En tant que tels, il est rare de les trouver dans les mouvements populaires de masse. Un centriste est susceptible de soutenir un revenu de base universel et une réforme de la législation sur les drogues, tout en s’opposant à l’ouverture des frontières et à la discrimination positive. Ils ne rentrent donc pas dans des cases assez nettes. Quoi qu’on en dise, le centriste est « mou ». C’est le problème de définition du centrisme : celui-ci n’a justement aucune définition.

En accord avec leurs sentiments anti-establishment, les centristes ont tendance à être un peu « pour » et un peu « contre ». Un peu « droite » et un peu « gauche ». 

En résumé, les centristes sont les « gentils clowns ». Ils rejettent catégoriquement le fanatisme politique parce qu’il ignore la volonté humaine d’éviter la souffrance, mais ils sont tout aussi fanatiques lorsqu’il s’agit de ne pas prendre une décision, car décider, c’est s’engager.