La Tradition est synonyme de vérité et de justice, car elle représente l’affirmation de l’ordre contre la fausseté et la rébellion qui forment la vision moderne de la vie.
Une autre caractéristique de la Tradition est son lien direct avec l’autorité, un terme emprunté au latin « auctoritas », dérivé de « auctor » : « celui qui accroît ». La Tradition évoque toujours la notion autorité en ce qu’elle est directement liée à l’Imperium : force souveraine, ordonnatrice. L’imperium est le pouvoir conféré par la divinité, qui est lié à la vertu et à la royauté – la figure du roi incarnant le pouvoir politique, militaire, législatif et religieux. Un exemple d’Imperium est la société aristocratique, dans laquelle l’autorité crée une distinction naturelle entre les hommes selon la valeur, le rôle, la vocation et la qualité de chacun.
L’autorité engendre la « hiérarchie », du grec « hieros » = « saint » + « arche » = « principe », « ordre » : l’ordre qui place les meilleurs hommes au-dessus de tous les autres. Chaque homme est un petit univers en soi ; en tant que tel, il n’est identique à personne d’autre que lui-même. La hiérarchie et la sélection mesurent et régulent cette diversité : « Car on trouve effectivement chez certains hommes supérieurs ce qui, chez d’autres, n’existe que comme une aspiration, un pressentiment ou une tendance confuse, de telle sorte que ces derniers sont inévitablement attirés par les premiers et assument un rôle subalterne » (Evola). C’est l’inférieur qui a besoin du supérieur, et non l’inverse.
La hiérarchie n’est pas une échelle bureaucratique s’élevant selon l’ancienneté ; elle suit plutôt les principes traditionnels. Au sommet se tient celui qui, mieux que tout autre, incarne ces principes, sachant les assimiler et les appliquer : c’est le « primus inter pares », le « premier entre égaux », celui qui possède les plus grandes qualités. D’un côté, nous trouvons donc une minorité formée par une élite de qualité ; de l’autre, la quantité. Plus la qualité est grande, moins il y a de personnes qui possèdent ces valeurs. Le principe de base de l’autorité est son caractère sacré, qui découle directement de Dieu. L’autorité, qui incarne l’ordre, la paix et l’harmonie, s’exprime par une hiérarchie dans laquelle chaque personne, consciente de sa propre position, peut participer activement à la vie organique de l’État.
Cette vision organique permet aux entités distinctes (individus, familles) de contribuer harmonieusement au tout (la communauté ou l’État), de telle sorte que chaque homme puisse conserver le degré d’autonomie nécessaire au développement de sa spécificité et de sa nature propre. En rejetant tout abus d’une partie contre les autres, on évite toutes les fractures et les formes d’atomisation. Chaque homme est ainsi libre de se développer selon sa nature et conformément à sa vocation, cette vision ordonnée renforçant plutôt que limitant le potentiel de chacun.
Les trois étendards. 