Clown World (2) – Le « Néolibéralisme ».

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Dans les sections financières des sites d’information du monde entier, on trouve souvent une référence au « néolibéralisme » ou même au « paradigme néolibéral dominant », ou une expression du même type. Il est très important de comprendre ce que « néolibéralisme » veut dire, car l’état d’esprit « néolibéral » est l’état d’esprit dominant de notre époque. Le « néolibéralisme » est le paradigme économique dominant du Monde Clownesque.

Le préfixe « néo » indique que ce n’est pas la première fois que nous vivons sous ce paradigme économique, et le terme « -libéral » signifie que ce paradigme économique se caractérise par une absence de réglementation des activités économiques, commerciales et industrielles. Il faut bien comprendre que les libéraux comprennent « l’absence de réglementation » comme un synonyme de « liberté ». Sauf que, en réalité, non. La « liberté » en question n’est pas « votre » liberté face à la coercition du capital ; c’est la liberté du capital de vous contraindre.

Comme toute personne ayant joué à un jeu de Monopoly le sait, le problème du libéralisme économique est qu’il aboutit à des inégalités, parfois massives. En l’absence d’un système de redistribution des richesses, la capacité des propriétaires fonciers à faire payer un loyer signifie qu’ils finissent par absorber tout l’argent. Leur propriété toujours plus grande du capital entraîne des loyers toujours plus élevés jusqu’à ce que les masses soient considérablement appauvries.

Dans le monde réel, le libéralisme économique a conduit au Grand Crash de 1929, et de là à la Grande Dépression. Cela arrive toujours sous ce système, parce qu’une fois que tout l’argent se retrouve dans quelques mains, alors c’est le pouvoir qui se concentre sur un petit nombre de personnes. Une fois que les travailleurs n’ont plus de pouvoir d’achat, l’économie ralentit, les travailleurs sont licenciés et la récession commence.

Le libéralisme « originel » a été abandonné par le président américain Franklin D. Roosevelt, qui a introduit le « New Deal ». Il s’agissait d’une réorganisation drastique du système économique, destinée à inverser tous les avantages accumulés par ce que Theodore Roosevelt avait appelé plus tôt « les représentants de la richesse prédatrice ». Décrié comme étant à la fois du fascisme et du communisme par les adversaires de Roosevelt, le New Deal a mis fin à la Grande Dépression en Amérique.

Après la Seconde Guerre mondiale, les politiciens occidentaux sont devenus extrêmement prudents quant à la possibilité de permettre un retour des conditions économiques qui, selon eux, étaient la cause ultime de la crise. En l’absence d’une pauvreté extrême et désespérée, raisonnaient-ils, le peuple n’aurait aucune raison de commencer des révolutions.

En conséquence, ces politiciens ont permis aux travailleurs d’obtenir des accords équitables. Le pouvoir économique serait alors largement réparti dans la population. Cet arrangement économique égalitaire s’est poursuivi pendant près de 40 ans. Cette période a englobé quelques grandes décennies – les années 50, 60 et 70 ont permis à la liberté et à l’expression créative de s’épanouir partout en Occident.

Mais c’était trop beau pour durer.

Le néolibéralisme est apparu au début des années 1980, après que la classe dirigeante a réalisé que la fin de la Seconde Guerre mondiale s’était écoulée depuis si longtemps que les leçons durement acquises sur la solidarité avaient été oubliées. Ronald Reagan et Margaret Thatcher sont arrivés au pouvoir en promettant un bouleversement du paradigme économique existant. Leur recette politique tournait autour de quelques grandes idées :  faibles impôts, faible protection sociale et marchés libres.

L’influence de l’Amérique et de la Grande-Bretagne est telle que pratiquement tout le monde occidental est désormais néolibéral. 

Cette obsession de l’argent, au détriment de la société elle-même, nous a conduits jusqu’ici. Le néolibéralisme, c’est consommer sans réfléchir pour l’éternité. Toute culture supérieure et toute tradition spirituelle sont à détruire car elles empêchent les gens de consommer. Les frontières doivent être ouvertes car chaque nouvel immigrant – quels que soient les crimes qu’il commet – est un nouveau consommateur, et tout nouveau consommateur est le bienvenu dans le paradis de la consommation.

En 2020, le néolibéralisme a, tout comme le libéralisme originel, conduit à la concentration des richesses chez des personnes extrêmement peu nombreuses. Bien que la société soit devenue plus merdique à bien des égards, cette « merdification » croissante a entraîné un vaste potentiel de profit, et ceux qui en profitent largement mettent une énergie énorme à perpétuer le système.

Cette combinaison entre l’obsession de l’argent (de tout ce qui est « matériel ») et la destruction de tout Tradition (de tout ce qui est « spirituel »), cette combinaison, donc, d’une diversité croissante et d’une inégalité croissante est l’une des causes majeures de la clownisation du monde.

Partout en Occident, le désespoir économique est désormais la norme pour les jeunes des générations Y et Z. Le taux de suicide des jeunes monte en flèche, et le désespoir individuel ressenti par ces malheureux petits-enfants de boomer (pire génération de l’histoire de l’humanité) commence à se transformer un malaise générationnel, pour ne pas dire, en malaise civilisationnel.

Tout comme le libéralisme originel, le néolibéralisme a préparé le terrain pour l’arrivée au pouvoir d’extrémistes totalitaires en Occident. Notre monde actuel ressemble de plus en plus à la République de Weimar – et pour ceux qui connaissent l’histoire, ce n’est pas un bon signe.