Bronze Age Mindset. Traduction Française (30).

Chez les Grecs, l’homme de pouvoir était appelé « aner », qui était différent de l’autre mot utilisé, anthropos, qui faisait juste référence à un être de l’ombre, indistinct, une sorte de forme humanoïde. Le véritable homme était rare, et la plupart des mâles n’étaient pas et ne sont pas de véritables hommes ! Le mot au début n’était utilisé que pour les demi-dieux et les surhommes comme Achille, Diomède ou Ulysse. Dans l’Iliade, Diomède, dans son moment de gloire, est comparé à un lion dont l’esprit a été excité par la colère d’une blessure, et qui disperse devant lui les bergers et les chiens. Athéna a allumé un feu sur sa tête et ses épaules et l’a marqué comme étant celui qui est possédé par la véritable force intérieure de toutes choses. Celle-ci jaillit de lui maintenant et s’illumine au-dessus de toutes les autres. L’homme véritable était un homme rempli de courage et d’audace qui provenaient tous d’un excès d’être. Cette idée était également partagée par d’autres cultures aryennes ; le romain vir, le sanskrit et l’avestan nar, le gallois ner, le proto-indo-européen Hner font tous référence, en définitive, à une sorte de force vitale capable d’une force surhumaine. Il existe un autre mot, apparenté, en rapport avec la jeunesse virile : ayu ; ayu fait référence à la force vitale juvénile qui se renouvelle à chaque génération, qui passe de vie en vie sans fin, persistant à jamais. Il est à l’origine de tous les mots indo-européens désignant la jeunesse, ainsi que la force et la puissance juvéniles. Il apparaît dans le latin iuuenis, dans le sanskrit, et dans toutes les formes germaniques et anglaises. Mais surtout, c’est ce même mot, cette même idée qui se cache derrière le latin aetas et aeternus, derrière la vision d’un âge, d’un âge cyclique, de l’éternité. Comme il est lourd de sens que jeunesse et éternité soient le même mot et la même idée dans ces langues ! Les mots gothiques et germaniques sont les mêmes. Cette idée est très vivante en grec ! En cela, les mots aiei, qui signifie éternité, et le mot aion, contiennent tous deux à leur racine cette signification : de durée de vie, de force vitale, de force juvénile. Ces peuples considéraient la vigueur de la jeunesse comme le véritable moteur de la vie et de toutes choses, se renouvelant éternellement, se réincarnant à nouveau dans chaque génération dans toute sa force, même si les souvenirs des hommes et des sociétés disparaissent. Si vous voulez la plus belle expression poétique de cette vision, il faut voir dans l’Iliade quand Homère décrit la mort d’Euphorbe. Sa mort est comparée à un jeune arbre dans la fleur de l’âge abattu par un vent violent. Pythagore, regardant le bouclier d’Euphorbus en Sicile, fondit en larmes, se rappelant qu’il avait été cet homme. Il savait ce qui était caché de l’autre côté du bouclier. Cette vision persiste : et c’est pourquoi quelqu’un comme D.H. Lawrence pouvait regarder les sarcophages des anciens Toscans et voir dans ce peuple épris de plaisir et de beauté une célébration de quelque chose de très similaire. Ils mettent sur leurs objets funéraires des images de réjouissance, de festin, de vie florissante et abondante et de grande joie, de fêtes du vin, de dauphins bondissants, pour se rappeler que cette force irrépressible, la nature, la jeunesse se renouvelle à chaque génération et n’est jamais vaincue par la mort. De la même manière, lorsque je regarde les physiques de jeunes gens beaux et séduisants, je le fais parce qu’en les contemplant je suis rempli d’un calme et d’une joie profonds – je vois en eux le rajeunissement persistant de cette même force éternelle, qui est à l’intérieur de toutes choses. Je vois dans cette force le dessein et l’intention cachés de la nature, sa volonté de se dépasser. Ses desseins sont indicibles et ce qu’elle atteint et veut est mystérieux pour nous, ne peut être compris qu’imparfaitement et par métaphore. Son « plan » et sa conception dépassent l’entendement humain, mais il ne fait aucun doute qu’elle s’efforce, contre de nombreuses autres « factions » et forces centrifuges, de produire et de créer une créature supérieure quelconque, un spécimen d’une beauté et d’une puissance terribles. Je n’ai aucun doute sur le fait que les dieux, s’ils existent, ne ressembleraient qu’à des versions perfectionnées et améliorées de beaux physiques de jeunes hommes, tout comme ils se montraient aux oracles grecs en rêve. Ils ont été les premiers à découvrir la véritable forme biologique et physique de l’homme, la forme correcte, les véritables proportions. Je ne doute pas non plus que cette force, en étant en nous avec d’autres, a fait de l’histoire humaine, de la vie et de notre propre esprit le champ de bataille et le théâtre de son action, et que la passivité face à sa puissance est donc absurde : elle nous appelle à nous laisser posséder par elle, et à faire la guerre en son nom contre ses ennemis. Si vous voulez comprendre la véritable puissance de l’aion, de l’énergie éternelle et juvénile qu’est l’univers, vous devez étudier ce qui reste d’Héraclite lorsqu’il utilise ce mot, et comment il le relie à l’idée de feu qui est l’essence de toute chose et de toute action. Et il a tout à fait raison lorsqu’il dit : « Les meilleurs désirent une chose par-dessus tout, la renommée éternelle parmi les mortels ; mais les nombreux se gavent comme du bétail ». C’est en cela que je crois !