Les femmes évaluent 80% des hommes comme étant « en dessous de la moyenne », tandis que les hommes évaluent toujours les femmes selon une fonction gaussienne.

Attention ! Cet article fait partie du projet « The Black Pill ». Vous consultez la section 13.1.

En 2009, le site de rencontres OkCupid a publié un article intitulé « Your Looks and Your Inbox » (« Votre apparence et votre boîte de réception ») qui analysait les modèles de messagerie de leur base d’utilisateurs, ventilés par sexe et par apparence. Ils ont découvert que si les hommes évaluaient les femmes selon une distribution en forme de cloche centrée sur la moyenne (5/10), les femmes évaluaient 80 % des hommes comme étant en dessous de la moyenne. Ces données ont été analysées plus en détail dans le livre « Dataclysm » (2014) par Christian Rudder, fondateur d’OkCupid, qui a fourni un graphique plus détaillé des données originales, illustré ci-après, converti en une échelle d’évaluation de 0 à 10. Christian Rudder a exposé ses conclusions dans une interview en 2014, disponible ici.

Discussion :

De nombreuses personnes, dans l’androsphère, ont pris cet article du blog comme une sorte de preuve de la validité de l’hypergamie et de la règle des « 80/20 ». Cependant, ce n’est pas aussi simple : l’article mentionne également que « deux tiers des messages masculins sont adressés au top-tiers des femmes les plus belles ». Donc, en gros, les hommes se battent à 2 contre 1 pour les femmes les mieux cotées, alors que de nombreuses filles potentiellement charmantes, voire mignonnes, passent inaperçues. De plus, « les femmes ne déplacent leurs attentes que légèrement en avant […], ce qui est un schéma plus sain que celui des hommes ». Cependant, ils n’ont pas quantifié cette différence. 

Une autre étude basée sur un site de rencontres en ligne non spécifié par Bruch & Newman (2018) a quantifié cela et n’a trouvé aucune différence entre les sexes, les hommes et les femmes visant en moyenne 25% de plus que leur propre VMS. Burch & Newman ont également constaté que peu d’entre eux visent excessivement haut, ce qui est en accord avec les observations faites par K. Grammer : « Si une femme est trop séduisante, un homme peut considérer que ses chances sont faibles et s’abstenir en conséquence de la courtiser afin de sauver la face ». (A ce sujet, consultez Eibl-Eibesfeldt 2017, ch. 4.5, p. 239).

Des différences entre les sexes dans les évaluations de l’attractivité d’une ampleur similaire à celle de l’article du blog d’OkCupid ont également été constatées dans d’autres contextes que celui des rencontres en ligne, par exemple des étudiants évaluant des photos de célébrités (Marshall & Wasserman, 1997), des étudiants s’évaluant mutuellement en personne (Birnbaum, 2014 ; Benedixen, 2019) et des étudiants évaluant des photos provenant d’un site de rencontres en ligne (Wood, 2009). 

Cette différence peut s’expliquer en partie par le fait que les femmes font plus d’efforts pour leur apparence ou qu’elles sont naturellement plus attirantes en raison de leur néoténie (réelle ou simulée par maquillage). D’autre part, les femmes sont évaluées plus favorablement concernant toutes sortes de traits autres que l’apparence physique, tant par les hommes que par les femmes, un effet connu sous le nom de « women-are-wonderful effect » (l’effet selon lequel « les femmes sont formidables ») (Eagly, 1991). De plus, Rudder a mené une expérience dans laquelle il a laissé les utilisateurs masculins s’évaluer les uns les autres et la distribution des évaluations n’a pas montré l’asymétrie vers le bas que l’on peut observer dans les évaluations des femmes (voir l’interview liée ci-dessus, dans la rubrique « source »). Cela suggère que les hommes qui utilisent les rencontres en ligne ne sont pas objectivement plus beaux.

La tendance des femmes à évaluer les hommes comme étant moins attrayants pourrait plutôt découler du fait que les femmes sont plus chouchoutées par leurs parents, ce qui les rend plus réticentes à prendre des risques et à rechercher davantage les défauts chez un partenaire potentiel, ainsi que d’une libido globalement plus faible. La réticence peut également naître d’une crainte subconsciente sur le fait que chercher à attirer un homme puisse être perçu comme un intérêt sexuel, se rendant ainsi responsable de l’initiation, ce qui rend plus difficile le rejet. Les femmes dédaignent généralement initier des relations, peut-être pour cette raison. Ayant plus d’options de rencontres parmi lesquelles choisir, les femmes peuvent également se permettre d’être plus exigeantes et critiques.

Un fait important qui a été omis dans l’article du blog d’OkCupid est que les hommes reçoivent beaucoup moins de messages, ce qui a également été reproduit par Bruch & Newman (2018). Rudder a constaté que les femmes reçoivent 7 à 8 fois plus de messages par semaine que les hommes, même si le rapport entre les sexes des utilisateurs actifs est à peu près égal. Dans le deuxième graphique ci-dessous, on peut voir que cela est à peu près vrai pour tous les percentiles. Une analyse suggère que les hommes et les femmes se soucient à peu près dans la même mesure de l’apparence (Bruch & Newman, 2018), mais que les femmes sont globalement beaucoup plus passives dans leur comportement de rencontre. Les femmes les moins attirantes reçoivent autant de messages que les hommes bien au-dessus de la moyenne et le nombre de messages que les hommes les moins attirants reçoivent est très faible (à peine 0,3 à 0,4 message par semaine). Les femmes les moins attirantes reçoivent 1 à 2 messages par semaine. S’il existe un seuil minimal d’attractivité en dessous duquel il est pratiquement inutile d’attendre une opportunité dans les rencontres en ligne, cela affectera certainement beaucoup plus les hommes peu attirants que les femmes peu attirantes. La différence dans la quantité d’attention sexuelle que les sexes reçoivent donne lieu à l’hypergamie féminine. Les hommes ont moins d’options parmi lesquelles choisir, ils sont donc plus susceptibles de faire des compromis et finissent donc par sortir avec moins de femmes, ce qui est connu sous le nom de « principe du moindre intérêt ».

Données : 

Sources :

Rudder C. 2009. Your Looks and Your Inbox. OK Trends. (Source)

Rudder C. 2014. Dataclysm: Love, Sex, Race, and Identity—What Our Online Lives Tell Us about Our Offline Selves. Broadway Books. (Source)

Bendixen, M., Kennair, L.E.O., Biegler, R. and Haselton, M.G., 2019. Adjusting signals of sexual interest in the most recent naturally occurring opposite-sex encounter in two different contexts. (Source)

Marshall J, Wasserman T T. 1997. The Perception of Sexual Attractiveness: Sex Differences in Variability. (Source)

Eagly A H, Mladinic A, Otto S. 1991. Are Women Evaluated More Favorably Than Men?: An Analysis of Attitudes, Beliefs, and Emotions. (Source)

Birnbaum G E, et al. 2014. Why Do Men Prefer Nice Women? Gender Typicality Mediates the Effect of Responsiveness on Perceived Attractiveness in Initial Acquaintanceships. (Source)

Wood D, Brumbaugh C C. 2009. Using Revealed Mate Preferences to Evaluate Market Force and Differential Preference Explanations for Mate Selection. (Source)

Bruch EE, Newman ME. 2018. Aspirational pursuit of mates in online dating markets. Science Advances. 4(8):eaap9815. (Source)

Eibl-Eibesfeldt. 2017. Pair Formation, Courtship, Sexual Love. In: Human ethology. Routledge. (Source)