Dans cette série d’articles, je vous propose ma traduction en français du livre « The Coiled Serpent: A Philosophy of Conservation and Transmutation of Reproductive Energy », de C. J. Van Vliet.
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Chapitre précédent :
XVIII
Le déploiement de l’esprit.
« Lorsque l’homme devient spirituel, il renonce à l’amour du sexe ».
– Swedenborg, L’amour conjugal.
Les archives les plus anciennes et les traditions légendaires de nombreuses nations prouvent que des enseignements spirituels ont été donnés à la race humaine depuis des temps immémoriaux. Ils indiquent que le véritable progrès de l’individu et de la société consiste en une spiritualisation croissante et en une maîtrise toujours plus complète de l’esprit sur la matière. Mais peu y ont prêté attention, et encore moins ont été disposés à appliquer les règles de développement spirituel contenues dans ces enseignements. La grande majorité a toujours refusé de tenir compte des exigences de l’épanouissement spirituel – avec pour résultat que la signification même de la spiritualité reste peu comprise. Certains matérialistes nient même qu’elle puisse avoir un sens quelconque, parce qu’ils n’ont jamais été capables de la voir, de la sentir ou de l’expérimenter de quelque manière que ce soit.
Il faut trouver un moyen… d’établir comme un fait qu’il existe dans l’homme une nature spirituelle qui l’exalte. Mais de même qu’un Bushman ne peut pas saisir l’intellectualité en tant que concept parce qu’il ne peut pas la connaître par les sens, de même la majeure partie de l’humanité moderne et civilisée semble frappée de cécité et de surdité spirituelles, parce que la spiritualité est non seulement au-delà du pouvoir de la perception sensuelle mais… au-delà de celui de la compréhension intellectuelle. Pourtant, selon certains des penseurs les plus avancés, y compris certains de notre époque, la vie spirituelle appartient à la réalité permanente du monde. Non seulement cela, mais elle est le point central de la réalité. La nature de toute réalité est spirituelle. Partout, la réalité ultime des choses est spirituelle.
Ainsi également, l’homme tel qu’il est réellement… est un être spirituel, aussi caché que puisse être le côté spirituel de sa nature. Et qu’il s’en rende compte ou non, l’homme est essentiellement gouverné par l’esprit. Par conséquent, il doit accorder une place importante à ses revendications – surtout s’il veut évoluer au-delà du sordide et du superficiel de la forme d’existence moyenne actuelle. L’effort pour progresser dans la spiritualité est l’âme de la vie de l’individu ; là où il n’y a pas d’effort de ce genre, il n’y a pas de vraie vie. Si le côté spirituel de la nature d’un homme n’est pas développé, il n’est pas vraiment adulte.
D’un point de vue évolutionniste, le but à atteindre… est l’esprit dans sa complétude. Pour chaque entité humaine, l’atteinte de l’individualité spirituelle constitue un but élevé, qui ne peut être atteint qu’au prix d’une réforme de soi-même et d’une autodiscipline. Mais la nature animale… l’empêche de progresser régulièrement sur le chemin de son évolution.
En fin de compte, la règle de l’esprit doit devenir suprême. Aux premiers stades de l’expression de la vie dans la forme, des corps physiques ont dû être construits. Dans le corps, la conscience des sens et les émotions se sont alors développées, et elles ont régi les actions du corps. À un stade ultérieur, l’intellect est devenu manifeste, et il influence maintenant les émotions – mais de manière imprudente, car l’intellect lui-même est encore imparfait et imprudent. Assez logiquement et naturellement, cette étape doit être suivie par le déploiement de la spiritualité, qui finira par régir sagement toutes les activités physiques, émotionnelles et mentales. Ce n’est que lorsque le spirituel règne et dirige qu’il peut y avoir une harmonie permanente. Et la plus grande efficacité ne peut être atteinte que lorsque la nature sexuelle est… maintenue sous le contrôle des facultés spirituelles.
En chacun de nous, les quatre facteurs – corps, émotion, mental et esprit – coexistent, bien qu’ils ne soient pas également actifs. Jusqu’à présent, nous nous sommes largement limités aux aspects inférieurs des trois premiers. Réunis en un seul, ces trois facteurs – le corps physique dense, les émotions sensuelles et l’esprit concret – constituent la personnalité avec toutes ses tendances avides et cupides, son intérêt personnel et ses besoins matériels et personnels. Nous sommes devenus sottement convaincus que la plus haute perfection de l’homme est le développement des besoins de la personnalité… et que le bonheur consiste à satisfaire ces besoins. Mais l’observation analytique la plus superficielle de la civilisation moderne devrait prouver à quiconque la totale fausseté de cette idée ; la quête épuisante de bonheur de la génération actuelle s’avère infructueuse parce qu’elle est orientée vers la gratification personnelle plutôt que vers l’accomplissement spirituel.
L’absence généralisée de bonheur réside principalement dans la négligence du principe spirituel. Non seulement il y a négligence mais aussi ressentiment et résistance. La personnalité s’oppose à l’avènement de l’impersonnalité de l’esprit, car elle sent que sous l’emprise de l’esprit, ses propres voies égoïstes seront mises en danger. Mais avant que la spiritualité puisse même commencer à se manifester, la résistance de la personnalité doit se transformer en une aspiration volontaire et ardente. Pour la spiritualisation de la vie humaine, un désir ardent enraciné dans tout l’être est avant tout nécessaire.
Les conditions propices à la vie spirituelle doivent être préparées. L’esprit ne peut s’exprimer tant que les passions inférieures enchaînent les aspirations supérieures au rocher de la matière. Ce n’est que lorsque l’âme est purifiée de toutes les affections sensuelles qu’elle atteint la liberté de l’esprit. Naturellement, l’homme spirituel doit être plus fort que ses impulsions, car la véritable spiritualité ne peut être atteinte que lorsqu’on mène une vie pure. Avant de pouvoir attirer les qualités spirituelles… il faut repousser les tendances sexuelles.
L’homme peut-il s’élever à ce niveau spirituel ? C’est sur la possibilité qu’il le fasse que repose tout notre espoir de donner un sens et une valeur à la vie. Ce n’est que lorsque l’élément spirituel trouvera son expression dans la nature humaine qu’il y aura une chance de réaliser une vie idéalement harmonieuse et pacifique sur terre.