Bronze Age Mindset. Traduction Française (26).

La réincarnation est la croyance originelle de toute société ou tribu qui a tiré ses conclusions de l’observation de la vie et de la nature. Les nouvelles religions, la foi d’Israël et celles qui en sont issues, et beaucoup d’autres qui sont apparues à cette époque, ou qui ont surgi depuis – je crois que le zoroastrisme est probablement la racine aussi de la foi dans la Bible – ont une certaine inspiration divine à leurs débuts, mais je crois que la façon dont elles sont interprétées maintenant est une conception purement humaine et calculée. Elles sont abstraites, utilitaires et grossièrement politiques. Avant cela, presque toutes les sociétés avaient une croyance en la réincarnation. Celle-ci subsiste encore dans certains endroits, bien que le sens moral imposé à la réincarnation par le bouddhisme et l’hindouisme soit, comme celui de Platon, effectué pour des raisons d’utilité sociale et soit politique. Mais il y a beaucoup de signification dans la croyance primitive en la réincarnation, qui est davantage une croyance primitive et pérenne. Elle est universelle et naïve, et je crois donc qu’elle doit avoir une certaine vérité. Il n’est pas possible de la rejeter comme la satisfaction d’un souhait et un faux désir d’immortalité : d’abord parce que, comme nous le voyons, les religions ultérieures y parviennent beaucoup mieux avec l’enseignement de la vie après la mort, mais surtout parce que pour beaucoup de gens, la réincarnation est une sorte d’enfer. Vous avez tous eu des vies très confortables et cela ne vous dérangerait peut-être pas de revivre quelque chose comme ça, mais essayez de visiter un service des grands brûlés. La vie est si douloureuse pour beaucoup que le suicide, une échappatoire à cette prison infernale, est très fréquent à chaque instant. Mais, malheureusement pour les suicidés, cette mort n’est pas la fin de l’histoire. Je crois que la réincarnation est fondamentalement vraie, même si la plupart de ces religions l’ont enseignée sous une forme métaphorique et populaire appelée métempsycose. Il s’agit de la croyance que l’âme, l’unité supposée (mais fausse) de la volonté et de l’intellect, renaît entièrement. Ceci est faux. L’intellect est une qualité purement physique, comme la force musculaire, et ne peut pas renaître, pas plus que vos muscles ne renaissent littéralement. Vous n’êtes pas au fond votre intellect, c’est impossible, bien que ce soit l’hypothèse de presque tous les modernes, même lorsqu’ils prétendent le contraire. Ils reconnaissent du bout des lèvres la « suprématie des désirs » ou le déterminisme biologique, mais ils continuent de croire qu’ils sont leur intellect, simplement emprisonné par la chair, la matière, les gènes et une « programmation » biologique. C’est faux ! Et ce n’est pas l’intellect qui renaît, je vais vous dire ce que c’est. Prenez une mouche, ou une fourmi ouvrière. Ce type d’être est très proche de la vie végétale à certains égards. Il a un intellect très primitif, un système nerveux très primitif. Il existe des façons innées de se comporter, de réagir à certains stimuli, des désirs et des orientations innés « dans le sang », et lorsque vous tuez une fourmi, la suivante sera identique à cet égard. Sa renaissance est « instantanée » parce que la fourmi a une volonté qui est partagée uniformément à travers son type dans la colonie, et est donc persistante et durable. Une fois que la reine est morte, la reine suivante ne se distingue pas d’elle par cette chose que Schopenhauer appelle la volonté, ce qu’il dit être une manière innée de vouloir, et qui est dans un sens très littéral une « réincarnation » de cette même chose. Si vous ne voyez pas cela, c’est parce que vous continuez à vous confondre avec votre intellect. Mais cette partie de vous qui est vraiment vous persiste même lorsque votre intellect est endormi, et persisterait même si vous étiez totalement amnésique. Si vous en doutez, posez-vous la question suivante : si vous deviez choisir une personne que vous aimez, préféreriez-vous qu’elle oublie tout mais continue à se comporter comme vous l’avez toujours su, ou préféreriez-vous qu’elle conserve tous ses souvenirs et toutes ses connaissances mais change radicalement de personnalité ? Il est facile de répondre à cette question… si vous aimez quelqu’un uniquement pour ce qu’il sait ou se souvient… tout le monde sait qu’il s’agit d’une trahison car ce n’est pas ce que vous êtes. Et en fait, il n’existe pas de changement radical de personnalité. Les formes de vie inférieures sont presque uniformes dans leurs volontés ou leurs façons innées d’agir, et aussi très simples : dans le cas des amibes et autres, elles ne sont pas très éloignées du comportement des forces naturelles, comme la gravité, qui est complètement uniforme et persistante. Une fois morts, ils renaissent immédiatement, et vivent même simultanément dans de nombreux corps. Pour les animaux supérieurs et plus différenciés, la Volonté apparaît plus particulièrement définie pour chaque type, espèce, et finalement chaque spécimen quand il s’agit de l’homme. Mais cette réalité biologique, indépendamment de ce que l’on sait, de ce dont on se souvient ou de ce que l’on décide consciemment, est une question de sang et de corps, et ce même être, cette même chose ou cette même Volonté, appelez-la comme vous voulez, renaîtra de la même manière. Dans un temps différent, mais cette même façon particulière de désirer et de se comporter qui est en vous reviendra : c’est la vraie signification de la réincarnation. Et avec la surabondance d’humains à notre époque, nous devons nous demander si le même être ne vit pas aussi maintenant dans plusieurs corps parfois. D’où viennent ces êtres ? Certains ont dit que ces nouveaux milliards d’humains, que dans une vie antérieure, ils devaient être des amibes, des sauterelles et autres insectes qui naissent en multitudes à chaque saison. J’aimerais que ce soit vrai, mais je pense plutôt que dans les âges précédents, l’humanité a également gonflé à plusieurs milliards ou même plus … et aussi je n’ai aucun doute que l’univers entier regorge de vie de toutes sortes.