La Métaphysique et la Tradition.

Le terme « métaphysique » (dérivant du grec « meta » = « au-delà » + « physis » = « nature ») est utilisé pour décrire ce qui se situe au-delà de ce qui est visible et simplement humain : ce qui transcende tout ce qui tombe sous l’influence des sens et qui est conditionné par les limites du temps, de l’espace et de la nature transitoire. 

Le temps et l’espace identifient la matérialité, qui est limitée par ces conditions qui constituent sa nature. Car au-delà du monde des sensations, il serait incorrect de parler de temps, d’espace ou de toute autre limitation. Selon la doctrine traditionnelle, la matière et le devenir correspondent à ce qui change et s’identifie au désordre, à la multiplicité et à la division, c’est-à-dire au monde qui est soumis au cycle de la naissance, de la croissance et de la mort. En revanche, ce qui est sacré est associé à l’être, à l’ordre et à l’harmonie. Le sacré, dans l’esprit de ceux qui sont capables de le sentir et de le reconnaître, constitue l’expression la plus authentique de la réalité : un modèle transmis par la divinité, les ancêtres ou les héros mythiques, qui doit être accepté et suivi scrupuleusement. Lorsque le sacré fait défaut, il ne reste que quelque chose de transitoire, d’illusoire et de vide de sens. 

La tradition est éternelle, universelle et ouverte à tous ceux qui sont capables de la comprendre et de la vivre. Les différences de langue, de coutumes, de lois ou de religions ne contredisent pas l’unité sous-jacente de la Tradition. Ce qui change, c’est uniquement la manière dont la Vérité est exprimée : comme son essence reste invariable, chaque forme traditionnelle peut être considérée comme une adaptation spécifique de la Tradition primordiale dont découlent toutes les traditions. Cette adaptation a eu lieu afin de rendre la Vérité accessible à des peuples qui habitent des lieux différents et possèdent des caractères différents. 

La Tradition n’a ni commencement ni fin : elle a toujours été et sera toujours, et conservera sa validité et sa légitimité à toutes les époques et dans tous les pays. Ce qui est éternel ne doit pas être confondu avec ce qui est pérenne et dure longtemps : ce qui est éternel se situe au-dessus du temps et ne peut subir aucun changement possible.