Bronze Age Mindset. Traduction Française (22).

Imaginez-vous que les hommes de génie ou, disons, les hommes de science de l’histoire se promenaient l’esprit clair, « désenchanté », raisonnable, avec l’attitude étriquée du culte de la science et du matérialisme ? Aucune grande découverte n’a jamais été faite par le pouvoir de la raison. La raison est un moyen de communiquer, imparfaitement, certaines découvertes à d’autres, et dans le cas des sciences, une méthode pour essayer de rendre cette communication certaine et précise. Mais personne n’a jamais fait de découverte par le biais de syllogismes, par la raison, par cette forme improvisée de transmission. Les grands mathématiciens voyaient les relations spatiales, comme les grands physiciens voyaient et, dans une certaine mesure, ressentaient, les relations physiques. Dans la contemplation des formes mathématiques, il y a presque une sensation physique de relations géométriques, et toutes les mathématiques, au fond, concernent des relations géométriques, même si cela ne semble pas être le cas. Comparez la preuve euclidienne du théorème de Pythagore, basée sur le syllogisme, qui ne vous aide à comprendre rien de ce qui se passe réellement, avec la preuve imagiste des trois carrés, qui vous fait percevoir, percevoir physiquement même dans votre corps, pourquoi ce théorème est vrai. Gauss, si aimé même par les ennuyeux gobelins scientistes que même Google lui a donné un dessin animé, est célèbre pour avoir dit quelque chose comme « J’ai compris…  mais maintenant, je dois comprendre ». Ce qui signifie qu’il avait vu et ressenti la relation spatiale fondamentale qu’il recherchait, mais qu’il devait maintenant la traduire dans le langage imparfait des mathématiques pour les autres. Ainsi, toutes les mathématiques et toutes les sciences en général – les mathématiques ne sont que le prototype et la plus précise des sciences – portent sur les définitions, pas sur la preuve, pas sur le processus ou – absurde ! –  « l’algorithme ». Toutes les grandes découvertes scientifiques, censées être les grandes œuvres de la « raison », sont en fait le résultat d’intuitions et de saisies soudaines d’idées. Et ces saisies soudaines sont basées sur ce que, dans d’autres circonstances, on appellerait une sorte d’ivresse religieuse : elles dépendent d’un état d’esprit où la partie percevante de l’intellect est absolument concentrée, limpide, mais animée de la plus implacable énergie, une énergie de pénétration. La perception directe est déjà « intellectualisée » et en fait beaucoup plus proche de « l’intelligence » innée des choses que les syllogismes cérébraux. Aucun scientifique digne de ce nom n’a jamais ressenti de la fierté à utiliser des algorithmes ou des essais et erreurs pour résoudre un problème. Oui, les féministes ont raison de dire que la « science » est patriarcale dans ce sens, qu’elle est un « viol » de la nature. Les vrais scientifiques comme Galois sont des monstres de volonté, et la prépondérance des hommes dans les sciences dures s’explique par cette orientation du caractère, ainsi que par le fait que l’esprit des hommes plus que celui des femmes est capable de se concentrer durablement sur une seule chose (les femmes sont meilleures pour le multitâche). Il y a des femmes qui ont été de grandes scientifiques, mais, comme les femmes qui ont été de grandes joueuses d’échecs, ou des poètes, elles sont probablement des lesbiennes spirituelles.