Le Serpent Enroulé (14).

Dans cette série d’articles, je vous propose ma traduction en français du livre « The Coiled Serpent: A Philosophy of Conservation and Transmutation of Reproductive Energy », de C. J. Van Vliet.

Pour revenir au plan général de l’ouvrage, cliquez ici.


Chapitre précédent : 

12. L’instinct.


XIII

LE DÉSIR

« L’esclave du désir est rapidement la victime de la luxure ».

– Riley, la Bible des Bibles. 

Dans son sens le plus large, le mot « désir » peut être utilisé pour exprimer l’aspiration à l’obtention de toute forme de satisfaction, qu’elle soit physique, émotionnelle, intellectuelle ou spirituelle – l’aspiration à tout ce qui est susceptible de procurer un plaisir passager ou une joie durable. Mais dans la pratique, l’utilisation du mot se limite le plus souvent à une émotion passionnelle pour la satisfaction des sens – et c’est ainsi qu’il sera utilisé ici.

Même dans ce sens restreint, le désir n’existe pas en dessous du stade humain. Les animaux sont dotés d’appétits. À l’état naturel, ils sont guidés par l’intelligence de la nature – c’est-à-dire par l’instinct – pour satisfaire ces appétits afin de se préserver et de préserver l’espèce. Ils répondent aux besoins de la nature par une attirance naturelle pour la nourriture ou le partenaire, sans être poussés par le désir. 

Ce n’est que chez l’homme, doté d’un esprit et d’une conscience de soi, que le désir prend naissance ; car le désir est l’appétit avec sa conscience. Au lieu d’être sagement guidé par l’instinct, l’homme est induit en erreur par un usage imprudent de l’esprit et conduit par le désir. Au stade évolutif de l’humanité moyenne actuelle, le mental est utilisé de manière séparative et égoïste et est largement confiné à la matière ; ainsi, le désir, produit par le mental lié à la matière et aveuglé par la matière, recherche une satisfaction séparative, égoïste et matérielle. Et l’homme ne se contente pas de… satisfaire les désirs du moment, il les affine et les stimule par une mauvaise application continuelle de la mémoire et de l’anticipation, ces deux grands pouvoirs de l’esprit. 

C’est pourquoi le désir est insatiable et toujours en manque, et que les impulsions purement naturelles… sont de plus en plus exigeantes à mesure qu’on leur fait des concessions. Avec tout cela, aucun objet de désir atteint ne peut donner une satisfaction durable ; il ne peut produire qu’une satisfaction passagère, ce qui ne fait que nourrir et entretenir le désir et le faire tâtonner vers des formes d’auto-indulgence toujours plus nocives. 

Dans la plupart des cas, le désir dure longtemps, les exigences sont infinies, la satisfaction est brève. De plus, la passion satisfaite conduit plus souvent au malheur qu’au bonheur, de sorte que tant que nous sommes livrés à la foule des désirs… nous ne pouvons jamais avoir de bonheur ni de paix durables. Par conséquent, faire ce que les ultra-modernistes semblent proposer, à savoir faire du désir une autorité finale… c’est inviter le chaos dans la vie intérieure ; alors que diminuer nos désirs revient à augmenter nos pouvoirs.

Il ne fait aucun doute que les formes inférieures du désir ont la place qui leur revient dans le schéma de l’évolution. Tant que l’humanité était à un stade évolutif jeune, ce désir était inutile. L’humanité n’a pas besoin de l’élément du désir après la percée d’une conscience supérieure, bien qu’elle puisse vouloir s’accrocher à tous ses désirs comme à un jouet qui procure du plaisir. 

À l’heure actuelle, le désir peut encore être la force motrice indispensable pour les retardataires qui ne veulent pas bouger ou travailler sans anticiper la satiété comme récompense. Mais cela ne veut pas dire qu’il soit encore un élément nécessaire pour tous, ni qu’il doive rester éternellement chez ceux qu’il aide actuellement. 

Tôt ou tard, on commence à voir que le désir de choses « transitoires » n’apporte et ne peut apporter aucune satisfaction permanente et aussi que tant que nos désirs sont en conflit avec la loi universelle, nous souffrons de la douleur ; que non seulement tout désir est accompagné de douleur, mais que le désir lui-même est douleur, et qu’il n’y a aucune douleur comme la passion, aucune tromperie comme le sens.

Puis, en se détournant de la tyrannie des désirs égoïstes des sens, on trouve un désir spirituel intérieur pour des choses plus durables, une aspiration désintéressée à une coopération consciente avec les plans et les lois de la nature qui fournit un moteur d’action encore plus efficace que le désir. 

La connaissance intuitive de la réalité d’une forme supérieure d’existence humaine et le désir ardent de l’atteindre se manifestent au fur et à mesure que les efforts désintéressés de chacun augmentent.

Ce désir se trouve au plus profond de chacun, non pas comme un désir alimenté par un esprit mal orienté, mais comme un mariage avec une sagesse infaillible. C’est une partie essentielle de nous-mêmes ; pourtant, elle n’est pas connue de beaucoup d’entre nous, car nos désirs animaux… nous ont caché notre vraie vie. C’est là la vraie misère de l’homme… il se voile la face, il se perd au milieu de ses propres désirs. Par conséquent, l’idée que l’homme doit se libérer de l’esclavage des désirs terrestres est la conclusion d’un esprit contemplatif qui réfléchit à la courte durée et à la vacuité de tous les plaisirs corporels. Expulser toute ardeur de désir temporaire… c’est l’émancipation, et c’est le culte de l’homme libre.

Ce n’est qu’une répétition de la conviction des plus grands penseurs, des mystiques et des chefs spirituels de tous les âges que pour toute personne qui souhaite progresser dans l’évolution et atteindre le vrai bonheur, il arrive un moment où les désirs doivent mourir de faim… les passions animales doivent mourir.

Rien ne nous entrave autant dans le développement et l’exercice de nos pouvoirs intérieurs que… nos désirs extérieurs. Ces pouvoirs… sont même perturbés et entravés par la moindre application du désir. Par conséquent, tout désir doit finalement périr. Mais il n’a pas besoin de périr par un douloureux processus. Par transmutation, les désirs inférieurs se réduisent, se dissolvent et disparaissent automatiquement. La souffrance cède alors la place à une exaltation constante, car l’absence de désir est comme le meilleur extrait du meilleur trésor. Les influences divines viendront à celui qui libère son âme de tous les désirs charnels.


Chapitre suivant :

14. Le principe du plaisir.