Dans cette série d’articles, je vous propose ma traduction en français du livre « The Coiled Serpent: A Philosophy of Conservation and Transmutation of Reproductive Energy », de C. J. Van Vliet.
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IX
L’ESPRIT INCARNÉ.
« L’homme n’est un être humain que s’il conquiert la nature par l’esprit ».
– Keyserlino.
Dans l’humanologie, les éléments cosmiques de l’esprit et de la matière qui s’affrontent sont représentés par l’homme : « l’esprit, qui est l’émanation… du divin, et le corps avec ses divers désirs et passions, qui est de la nature de la matière ». Et comme la matière cosmique est inférieure à l’esprit en raison de son taux de vibration plus faible, le corps physique humain est inférieur à l’esprit qui l’habite.
Tout ce qui augmente le pouvoir de la matière sur l’homme rend le corps plus dense, plus bas en vibration et moins apte à servir d’instrument à l’esprit. Même les organes les plus fins du corps, situés en haut du crâne, deviennent ainsi moins accessibles à l’esprit.
L’attraction de la matière est la plus puissante dans les organes de la partie inférieure du tronc. Il y a donc de bonnes raisons de désigner la tendance sexuelle comme appartenant à la nature inférieure de l’homme. C’est cette nature inférieure avec ses qualités animales qui doit être conquise par l’esprit en l’homme pour qu’il puisse devenir un être véritablement humain. « La liaison de l’inférieur est nécessaire pour que le supérieur puisse agir ».
Donner une définition claire de l’esprit en l’homme semble, hélas, impossible. De simples mots ne peuvent le définir correctement car « puisqu’il est esprit… il ne peut être compris que spirituellement ». Tant que l’homme est « contrôlé par la charnalité… il n’y a rien en lui qui puisse toucher ou sentir l’esprit, et il ne peut donc pas en être conscient ». Très peu possèdent la faculté nécessaire de compréhension spirituelle. Et rares sont ceux qui sont prêts à suivre l’entraînement rigide nécessaire à l’acquisition de cette faculté – probablement parce que, pour ce faire, « les facultés inférieures… doivent être strictement gouvernées par les supérieures ».
Les sages qui avaient acquis la faculté de compréhension spirituelle ont affirmé de différentes manières mais toujours « avec une certitude absolue qu’essentiellement nous sommes esprit », que nous ne sommes pas un corps qui peut ou non avoir une âme, mais que nous sommes une âme (ou un « esprit individualisé ») utilisant accessoirement un corps ; que « le corps n’est qu’un instrument existant pour l’usage et le bien de l’âme, et non pour lui-même ». Mais pour nous le prouver, « nous devons découvrir l’esprit en nous en le dépouillant de tout ce qui lui est étranger… ». On insiste sur une discipline strictement éthique… une pureté intérieure absolue exigeant la maîtrise de soi et le renoncement à soi, en premier lieu le renoncement à tout ce qui augmente le pouvoir de la matière sur l’esprit. « Si nous voulons nous développer spirituellement, nous devons… nous débarrasser de notre sensualité et de nos passions ».
Comme exprimé dans le langage d’une philosophie morale quelque peu orthodoxe, qui n’en est pas moins fondamentalement vrai : « si l’esprit… doit augmenter en puissance, la chair doit être soumise ». « Tant que la satisfaction des appétits et des convoitises de la chair est incluse dans les idéaux et les buts de l’homme, celui-ci ne pourra jamais s’élever au-dessus du niveau de l’animalité ». La « chair » désigne ici la « nature matérielle de l’homme qui viole […] l’esprit, s’oppose à lui et l’exclut ». Et puisque « la prédominance de la chair sur l’esprit s’exprime le plus fortement… dans l’union charnelle », le premier pas pour donner la suprématie à l’esprit est de maîtriser la pulsion sexuelle.
C’est « la grossièreté de toute la matière dans laquelle l’homme matériel est constitué… qui maintient l’âme dans une imperfection continuelle ». « Notre corps… nous remplit de désirs, de passions, de vaines imaginations… et d’une foule de frivolités ». Mais une fois « débarrassés des folies du corps, nous serons purs… et connaîtrons la claire lumière de la vérité ». « Qui donc ne s’efforcerait… de se sevrer par degrés de la domination et de l’insolence de cette chair ? ».
Cependant, soumettre la chair ne signifie pas que le corps doit être méprisé ou rabougri ou négligé. « La véritable attitude à l’égard du corps ne sera ni le mépris ni une faible soumission à ses impulsions ». Toute la tendance de l’évolution montre une tendre attention de la part de la nature dans la construction de corps meilleurs, plus fins, mieux organisés, à travers lesquels l’esprit peut s’exprimer toujours plus pleinement. Nous pouvons aider l’évolution, non pas en négligeant le corps, mais en le disciplinant et en le purifiant, en portant ses vibrations à un niveau supérieur, « en le raffinant et en le sublimant, et en augmentant ses pouvoirs de manière à le rendre sensible et réceptif à toutes les manifestations de l’esprit ». « Le corps ne doit pas être éliminé, il doit être… rendu spirituel ». Et « la chair vivante elle-même se spiritualise en proportion de la croissance intérieure de celui qui la porte ». Ce n’est qu’en l’améliorant et en le perfectionnant résolument comme instrument de l’esprit que nous pouvons, tout en vivant dans un corps physique, espérer connaître et exprimer consciemment les inestimables facultés de l’esprit.
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