Le Serpent Enroulé (2).

Dans cette série d’articles, je vous propose ma traduction en français du livre « The Coiled Serpent: A Philosophy of Conservation and Transmutation of Reproductive Energy », de C. J. Van Vliet.

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Chapitre précédent :

Avant-propos.


PREMIÈRE PARTIE

FORMULATION DE L’IDÉAL

« Pour la re-moralisation du sexe… qui se fait attendre depuis si longtemps… nous devons nous tourner plus nettement vers des idéaux plus élevés ». 

– Thomson and Geddes, Life. 

« Le ciel et la terre étaient autrefois unis, mais ils ont été séparés par un serpent ». 

-Bayley, Le langage perdu du symbolisme.

I

LE SERPENT

« Un serpent tordu en volumes spiralés, voilà le hiéroglyphe du mal ». 

– Faber, Origine de l’idolâtrie païenne.

Prise dans les puissantes spires du Sexe, le serpent géant, l’humanité est sur le point d’être écrasée et étranglée. Ce serpent, qui au départ devait servir l’évolution humaine, a été sottement adopté comme animal de compagnie et indûment cajolé et caressé. Suralimenté, choyé et obtenant tout selon ses moindres caprices, l’animal s’est transformé en un monstre qui a pris le dessus sur son maître et menace maintenant de le détruire. 

De la gorge étouffante de l’humanité en péril, l’oreille interne peut entendre un appel au secours qui monte : un cri effrayant qui s’enfle, retombe et s’élève à nouveau, implorant la libération de l’emprise rigide de la créature maligne. 

Mais il n’y a aucune réponse, aucune aide extérieure. La situation précaire de l’homme est entièrement auto-produite. C’est lui-même qui a donné à la créature tout le pouvoir qu’elle possède maintenant, en cédant habituellement à ses exigences croissantes ; et c’est lui-même qui doit remédier à ce malheur qu’il a lui-même créé par un effort personnel incessant.

« Le serpent… est le monstre qu’il faut vaincre ». Si l’homme le veut, il peut réduire sa puissance. Il peut s’arc-bouter contre la pression de ses sinueux enroulements. Il peut en fait soumettre le reptile difficile à manier et indiscipliné, même en s’opposant à ses désirs dépravés. 

Par la volonté, il peut le réduire à le servir à nouveau. Et alors, son précieux pouvoir caché l’aidera dans son ascension sur le chemin de l’évolution. En effet, « une fois conquis, le serpent devient un moyen de vie ». Au lieu de s’approprier la force vitale de l’homme, il lui fournira alors le plus grand facteur qui puisse conduire à une existence humaine supérieure. Le serpent turbulent du Sexe sera alors transformé en serpent docile de la Sagesse, qui montrera le chemin de l’humain vers l’état surhumain. 

Mais l’homme ne doit pas tarder. Il doit dénouer le serpent avant que le monstre ne l’écrase. 

Le symbole d’un serpent enserrant le corps de l’humanité apparaît dans la mythologie de divers peuples. Et la littérature orientale mentionne un serpent lové dans un mystérieux centre de force à l’intérieur du corps humain. Bien que les deux ne soient pas tout à fait équivalents, le déroulement de ce serpent à l’intérieur du corps, comme du monstre enroulé, est considéré comme la tâche évolutive de l’homme.

On trouve des traces du symbolisme du serpent sous une forme ou une autre dans toutes les parties du monde. Les légendes qui racontent l’histoire de héros ayant vaincu un serpent maléfique sont particulièrement répandues. Et il ne fait aucun doute que ces légendes symbolisent la nécessité de la victoire de l’homme sur l’influence dominatrice du sexe, car depuis les temps les plus reculés, le folklore semble avoir lié le serpent à la fonction sexuelle. 

Des chercheurs érudits sont arrivés à la conclusion que « le serpent a toujours une signification phallique ». Mais ce qui mystifie généralement l’étudiant en symbolisme, c’est que « si le serpent est présenté comme le représentant du principe maléfique… il peut aussi être considéré sous un jour opposé ». Cependant, là où le symbolisme n’a pas souffert de défauts d’interprétations, il existe une différence notable entre les deux représentations. Alors que le serpent du mal est enroulé, « le serpent du bien est toujours représenté… debout ». C’est le serpent transformé, non plus enroulé mais debout sur sa queue, le corps légèrement courbé, rappelant la colonne vertébrale humaine qui joue un rôle si important dans le déroulement du serpent. Il s’agit toujours du serpent phallique, mais il a été conquis, apprivoisé et transformé en l’auxiliaire le plus précieux de l’homme. 

Une étude réfléchie des diverses formes du symbolisme du serpent montre qu’elles contiennent un principe de la plus haute importance, à savoir que tout effort pour résister aux exigences de la pulsion sexuelle conduira graduellement au déroulement du serpent et, par conséquent, à la liberté spirituelle et à une croissance évolutive sans entrave. Mais ce résultat ultime ne peut être atteint sans une réalisation consciente de la purification idéale. « La pureté absolue est le seul secret de la spiritualité » – de ce facteur d’évolution qui doit suivre l’acquisition de l’intellect, mais qui a été presque entièrement négligé par l’humanité.


Chapitre suivant :

2. L’ignorance.