Attention ! Cet article fait partie du projet « The Black Pill ». Vous consultez la section 1.6.
Les femmes ont une plus grande préférence que les hommes pour les histoires de crimes. Pour évaluer le degré de cette préférence, des chercheurs ont analysé la répartition des sexes dans les critiques sur Amazon pour différents genres, dont le récit de vrais crimes et de guerre. Ils ont constaté que 70 % des critiques de romans policiers étaient des femmes, tandis que 82 % des critiques de guerre étaient des hommes, malgré une répartition relativement égale des hommes et des femmes sur le site en général.
Les chercheurs ont suggéré que les principales raisons pour lesquelles les femmes pourraient être intéressées par ces livres sont les « conseils de survie » pour éviter de devenir elles-mêmes des victimes. Des associations ont été trouvées qui pourraient suggérer que c’est en partie une motivation, mais elles étaient très faibles. Les évaluations des femmes quant à l’importance de la « sécurité » dans leurs lectures n’étaient pas très différentes de celles des hommes et ne permettaient pas du tout d’expliquer la différence spectaculaire entre les sexes dans la préférence pour ces ouvrages.
Les romans d’amour, qui représentent 40 % des ventes de livres de poche aux États-Unis, mettent souvent en scène des rapports sexuels forcés, voire des viols purs et simples (Salmon et Symons 2003). Les trois livres les plus vendus entre 2010 et 2019 appartenaient à ce genre. Ces romans érotiques sont presque exclusivement écrits par des femmes pour des femmes, et 54% incluent le viol du personnage principal (Thurston 1987). « Dans un roman d’amour qui inclut un viol, les femmes s’identifient au personnage féminin principal et vivent son viol par procuration ». (Critelli & Bivona 2008) Dans beaucoup de ces romans, il y a un aspect de la femme qui « apprivoise » l’homme impitoyable et coercitif, l’appâtant pour qu’il soit plus gentil par sa soumission.
Sur Reddit, on constate que les femmes sont fortement surreprésentées sur /r/truecrime, par exemple, mais fortement sous-représentées sur /r/police, ce qui signifie qu’un intérêt accru pour l’application de la loi ne peut expliquer à lui seul l’intérêt des femmes pour les histoires d’hommes criminels et dangereux.
Discussion :
Les chercheurs n’ont pas tenté d’évaluer dans quelle mesure la préférence des femmes pour ce type d’histoires est liée à d’autres preuves telles que le fait que les femmes sont plus attirées par les hommes sociopathes, que les hommes ayant des antécédents criminels ont plus de partenaires féminines consentantes, que les tueurs en série masculins sont souvent inondés de lettres d’amour féminines (hybristophilie), que les femmes ont une préférence disproportionnée pour la pornographie mettant en scène la violence contre les femmes et que la plupart des femmes admettent nourrir des « fantasmes de viol ». Les femmes semblent avoir une préférence simultanée pour la menace et la romance chez les hommes, la première pour la protection (aspect « Alpha » de l’hypergamie) et la seconde pour l’approvisionnement (aspect « Beta » de l’hypergamie).


Citations :
« Les hommes ont été plus nombreux que les femmes à lire des livres sur la guerre (82 % contre 18 %) ».
« Si l’on considère les histoires à contenu violent, les femmes sont plus attirées que les hommes par les romans policiers ».
Sources :
Vicary AM, Fraley, RC. 2010. Captured by True Crime: Why Are Women Drawn to Tales of Rape, Murder, and Serial Killers? Social Psychological and Personality Science, 1(1): 81-86. (Source 1), (Source 2)
NPD. 2019. Nonfiction and screen adaptations led U.S. book sales from 2010 to 2019, according to NPD Bookscan. (Source)
Salmon C, Symons D. 2003. Warrior lovers: Erotic fiction, evolution, and female sexuality. Yale University Press. (Source)
Thurston C. 1987. The romance revolution: Erotic novels for women and the quest for a new sexual identity. University of Illinois Press. (Source)
Critelli J, Bivona J. Women’s Erotic Rape Fantasies: An Evaluation of Theory and Research. The Journal of Sex Research, 2008. (Source)
Thelwall M. 2019. Reader and author gender and genre in Goodreads. Journal of Librarianship and Information Science, 51(2), 403-430. (Source)