« Sugar Daddy » : comment ça marche, et pourquoi c’est l’avenir des relations homme-femme.

Sugar Daddy : comment ça marche ?

La première fois que j’entendis parler de « Sugar Daddy » ce fut déjà il y a de nombreuses années : l’utilisateur d’un forum que je fréquentais nous raconta l’existence d’un site qui avait pour but de mettre en contact des filles jeunes et attractives avec des hommes riches, généralement beaucoup plus âgés. Elles étaient prêtes à céder leur propre temps (et leur propre corps) en échange de cadeaux, de voyages, d’argent liquide ou de n’importe quelle autre chose qui soit en mesure d’ « adoucir » leur vie ( la traduction de Sugar Daddy sonne plus ou moins comme « papa gâteau »).

L’utilisateur en question était un homme qui avait autour de la quarantaine, qui avait souffert plus jeune la solitude sexuelle et sentimentale à cause d’une apparence en dessous de la moyenne, mais qui, en s’acharnant au travail, avait réussi à obtenir une position professionnelle prestigieuse et à gagner très bien sa vie. Il avait un bon train de vie : Porsche, dîners dans des restaurants réputés, voyages, et entre-temps, il avait aussi amélioré son apparence physique à travers des prothèses capillaires et de la chirurgie. Le temps des refus multiples était désormais derrière, maintenant il avait une valeur sexuelle pouvant lui garantir une vie sexuelle décente. Cependant il avait trouvé sa dimension dans ce genre de rapports, desquels périodiquement il faisait le compte-rendu détaillé avec tant de dépenses, de prestations, types de soirée et anecdotes croustillantes (« Par chance c’était une abstinente, car quand elles commandent du vin beaucoup font pleurer le portefeuille ») qui nous rendaient vraiment curieux, mais elles nous faisaient aussi réfléchir et elles amenaient beaucoup de monde à supposer qu’avec une prétention féminine qui grandissait de plus en plus, dans le futur c’est ce qui sera l’inéluctable destin des hommes non attirants mais suffisamment riches : devenir des fournisseurs.

Les femmes ont toujours voulu de l’argent même avant que n’existât le concept d’argent. Au centre du rapport homme-femme il y a eu un échange de ressources à partir de la Préhistoire. L’homme que nous définissons aujourd’hui comme riche parce qu’il a la capacité de gagner beaucoup d’argent est le même homme que celui d’il y a 40 000 années qui avait la possibilité d’obtenir davantage de nourriture et de biens utiles. A l’époque comme aujourd’hui, il exerçait sur les femmes une forte attraction en vertu de sa valeur de survie. Chaque femme veut sécurité, stabilité, une vie aisée pour elle-même et pour sa progéniture et l’homme riche n’est rien d’autre que celui qui peut lui garantir la satisfaction de tous ces besoins essentiels.

Avec l’argent il est possible de se procurer le sexe de trois manières :

  • Le sexe grâce à l’argent, avec un échange clair d’argent/de prestation. Dans la pratique, c’est la prostitution classique. A la fin de l’acte sexuel le rapport entre acquéreur et vendeur s’interrompt, lequel peut à son tour offrir sa prestation à d’autres acquéreurs en sortant de la vie de l’acquéreur original. Marchandisation pure sans sentiments.
  • Le sexe grâce à l’argent, mais avec un accord tacite. La femme accepte le sexe pas pour l’argent, mais parce qu’elle est plus ou moins attirée par l’homme (en cela elle se distingue de la prostituée, qui se donne à des hommes qui ne l’attirent pas), seulement, l’attirance qu’elle a pour l’argent est un des facteurs principaux, si ce n’est celui déterminant. La composante validation (sexe pour le plaisir) s’intrique sans distinction claire avec la composante transaction (sexe par intérêt). L’homme ne paie pas concrètement l’acte sexuel, mais l’obtient en faisant participer la femme à son style de vie. La monnaie ici n’est pas seulement l’argent, mais les émotions : l’émotion de faire un tour en bâteau, l’émotion d’être jalousée par les amies, l’émotion de sentir le dos s’appuyer sur le siège de la Maserati quand il accélère. Il n’y a pas dans ce cas séparation entre l’argent et la personne mais c’est au contraire l’argent, à travers un phénomène dit de « halo », qui définit et ennoblit la personne. (1)
  • Le sexe grâce à l’argent, avec accord explicite. Un hybride entre les deux situations précédentes, qui prend le nom de « sugar dating ». Les deux partis mettent en place une relation à court ou long terme, dont les conditions sont négociées à l’avance. L’homme obtient un minimum d’exclusivité et une sorte de pseudo-validation, la femme obtient un bon prestataire qui lui permet de se faire entretenir.

« Sugar daddy » et « sugar baby » ont toujours existé depuis le commencement du temps. Récemment le sugar daddy par excellence a été probablement Hugh Hefner, le fondateur de Playboy, qui accueillait dans sa villa de nombreuses jeunes et belles filles, leur faisant bénéficier de son style de vie et les faisant s’enrichir. Elles devaient en contrepartie s’appliquer à respecter toutes les règles qu’Hef établissait pour elles.

Si ce phénomène concernait seulement une fraction réduite de la population il y a quelques décennies, composé d’hommes réellement très riches et de femmes vraiment très belles, aujourd’hui, avec internet, trouver des filles pragmatiques qui acceptent de négocier les conditions d’une relation, c’est beaucoup plus facile. Ainsi nous pouvons trouver des femmes normales sur un plan esthétique, ou même des femmes laides, qui réussissent à se payer les études, des vices ou des caprices grâce à la contribution de quelque petit industriel ou travailleur indépendant local.

Le web a rendu populaire un phénomène qui était auparavant élitiste. Des mannequins affirmées qui aspirent à une vie de princesse dans laquelle elles peuvent plonger dans la mer depuis les yachts, le phénomène des femmes « entretenues » est en train de se déplacer toujours plus sur de simples étudiantes qui veulent assouvir le caprice d’acheter ce délicieux pull rose aux écritures blanches de Balenciaga, qui est exposé dans la vitrine à 875 euros. Pour ensuite le porter quand elles vont à la remise des diplômes de leur amie dans la Peugeot 208 de leur petit ami, camarade de classe. Oui, parce que beaucoup sont convaincus que les femmes ont des relations avec les plus beaux et se font maintenir par les hommes Beta riches, mais il y a aussi toute une réalité de jeunes filles qui ont un fiancé beau, mais qui par contre ont des relations avec les riches pour ensuite recevoir des cadeaux que le fiancé pauvre ne peut pas se permettre d’offrir. Et lui est peut-être même convaincu d’être en sécurité parce qu’étant beau, il a peu de concurrence.

Les femmes sont en train de se rendre compte toujours plus de la façon dont, de nos jours il est facile pour elles de monnayer leur corps. L’unique frein pour exploiter au maximum son propre pouvoir sexuel afin de s’enrichir est celui de la pression sociale qui cependant avec le temps est en train de se relâcher de plus en plus.

Les différents articles et reportages télévisés sur ce genre d’opportunités féminines sont toujours neutres, ils ne condamnent jamais le choix de la femme de marchander son propre corps, et les mêmes, interviewées, sont fières de ce qu’elles font et précisent de ne pas se sentir du tout « prostituées ». A la place de prostituée aujourd’hui l’expression « sex worker » est à la mode. A première vue ce terme anglo-saxon peut sembler n’être rien qu’un synonyme créée dans le but d’ennoblir le concept d’un comportement mal-vu, mais les femmes qui aujourd’hui s’enrichissent grâce au sexe (onlyfans, sugardaddy, camgirl) sont bien différentes de la traditionnelle prostituée que nous connaissons. Comme le faisait remarquer un lecteur il y a quelques temps, la prostitution était la manière avec laquelle les hommes libéraient leurs propres pulsions en dehors du mariage qui au contraire était le nucléus social fondamental. La prostitution était donc vue seulement comme un contre-poids social immoral d’une société traditionnelle alors que le sex worker est un véritable acteur économique d’une société libérée sexuellement.

Il y a un temps il y avait la dichotomie Femme mère – Femme prostituée, mais avec la libération sociale la distinction s’est de plus en plus nuancée parce que désormais même les femmes normales adoptent, d’une manière ou d’une autre, des comportements de prostituée. Comment peut-on donner à une femme le qualificatif de prostituée si toutes les femmes sont plus ou moins comme elle ? On ne peut pas appeler « dealer » quelqu’un qui vend de l’herbe dans un pays où cela est légal, parce que le dealer est par définition celui qui vend des produits illicites. De la même manière, cela n’a pas de sens d’appeler une sugar baby « prostituée » parce qu’elle est une femme sexuellement libre et qu’elle est seulement en train d’exploiter au maximum le potentiel sexuel que cette société sexuellement libre lui a promise.

Soyez en sûrs : le sugar dating à l’avenir deviendra un phénomène de masse. De nombreuses filles ne se vendent pas encore sur les sites par honte mais dans les prochaines décennies s’inscrire à Seeking Arrangment ou sugardaddy.com deviendra presque comme aller de nos jours sur Tinder. L’objectif à long terme du mouvement féministe est toujours de faire tomber chaque obstacle de nature sociale que la femme rencontrera dans le fait de pouvoir exploiter comme elle le souhaite son propre pouvoir sexuel. Quand les femmes se rendront compte de pouvoir gagner sans effort 2000 ou 3000 euros au mois juste pour tenir compagnie à un homme, et sans répercussions sociales, soyons certains que ce genre d’accords commencera à devenir la règle, et non plus l’exception, comme aujourd’hui pour la femme c’est une règle de rencontrer un bel homme sur un tchat et coucher avec le même soir, en étant même fière pendant qu’elle le raconte comme exemple d’émancipation.

D’autre part, il y a également toute une bande d’hommes laids plus ou moins aisés qui désormais sont fatigués de passer à travers les canaux traditionnels de rencontre : faire des efforts pour organiser le rendez-vous avec la fille, aller au dîner, dépenser de l’énergie pour l’entretenir, payer puis retourner à la maison la bouche sèche. 

L’homme moyen exténué, la frustration est grande. Après avoir établi que, n’ayant pas les traits physiques appropriés, la seule manière par laquelle il peut avoir du succès chez une femme est de se transformer en prestataire, la chose la plus intelligente et pratique à la fin reste de négocier des conditions favorables avec la fille qu’il a ciblée et de payer le prix du malheur de ne pas être né femme, dans ce qui est probablement la société la plus gynocentrique de l’histoire de l’humanité.


(1) Dunn MJ, Hill A. 2014. Manipulated luxury-apartment ownership enhances opposite-sex attraction in females but not males.

Source : « Sugar Daddy: Come Funziona e Perché Sarà il Futuro delle Relazioni Uomo-Donna » publié par Il Redpillatore le 10 juin 2021. 

Traduction : Odysseus.