Réponse à Adriano Scianca sur « pourquoi l’antiféminisme conventionnel ne suffit plus ».

On m’a signalé un article d’Adriano Scianca publié aujourd’hui sur le site « Il Primato Nazionale », où à l’occasion de la journée consacrée à la « Journée de la femme », l’auteur invite la soi-disant « sphère identitaire » à abandonner définitivement « l’antiféminisme bigot et réactionnaire » qui, en théorie, la caractériserait (on se demande exactement où et de quelle manière, étant donné que du centre-droit libéral aux franges théoriquement plus « radicales », c’est maintenant une course continue pour voir qui peut soutenir le mieux la promiscuité féminine, voir à cet égard l’article que j’ai écrit précédemment sur CasaPound et sa position entièrement en faveur de la stérile « liberté sexuelle » enracinée dans notre société après la malheureuse année 1968). Selon la perspective de Scianca, en effet, la critique du féminisme serait improductive en soi, et les prétendues régurgitations « néo-réactionnaires » qui traverseraient aujourd’hui l’espace de la « droite » risqueraient de faire échouer cette dernière sur des positions anachroniques et limitées qui regarderaient avec nostalgie l’ère Reagan, si ce n’est même la charia islamique (et encore je me demande : où et de quelle manière, étant donné que pratiquement tout le spectre de la « droite » rejette l’Islam, justifiant souvent ce rejet précisément par la condition des femmes en son sein ? ). En bref, il est devenu très difficile de remarquer une quelconque différence entre l’idéologie para-libérale de CasaPound et de Potere al Popolo, hormis leurs positions divergentes sur la question de l’immigration.

Mais ce n’est pas tout, car dans son article, Scianca ne manque pas de s’en prendre (pour changer) également aux incel, n’ajoutant rien ou presque aux arguments recyclés recueillis par Cristina Gauri dans son article sur le sujet publié dans Il Primato Nazionale de septembre 2020 et dont j’ai déjà largement parlé. Scianca accuse donc les incels d’être un « produit posthume et typiquement américain » (ce qui est démenti par le fait que le « phénomène incel » n’est devenu mainstream aux États-Unis qu’après le massacre d’Isla Vista en 2014, alors qu’en Italie, il existe des blogs et des forums en ligne traitant des questions liées aux incels depuis 2007), et de vouloir revenir à une Tradition patriarcale indo-européenne, selon lui inexistante, mais dont on trouve de nombreuses traces dans les écrits de figures traditionnelles influentes comme Aristote (« Le mâle par rapport à la femelle est tel par nature, l’un est meilleure, l’autre pire, et l’un commande, l’autre est commandée »), Hésiode (« Qui fait confiance aux femmes, fait confiance aux voleurs »), Juvénal (« Forcées par le pouvoir du sexe, elles font des choses plus graves et la luxure est le moindre de leurs péchés »), Caton le Censeur (« Nos ancêtres voulaient que les femmes ne s’occupent d’aucune affaire, pas même privée, sans un tuteur garant, mais voulaient au contraire qu’elles soient entre les mains des parents, des frères, des maris », selon Tite-Live), et bien d’autres. Après tout, dans l’Athènes classique, les femmes vivaient en recluses dans des gynécées, et dans la Rome monarchique, elles pouvaient être assassinées par leurs maris en toute impunité, même si elles étaient seulement surprises en train de boire du vin (puisque « toute femme qui recherche immodérément l’usage du vin ferme la porte à toutes les vertus et l’ouvre aux vices », selon Valerius Maximus). Et ce n’est pas un hasard si les spartiates, qui accordaient aux femmes beaucoup plus de liberté, ont fini par disparaître au bout de quelques siècles à cause de leur fréquentation (de la même manière que le début du déclin de Rome a coïncidé avec l’autorisation de la licence féminine au sein de sa société). En bref, il semble commode pour nos soi-disant « identitaires » de se référer à « nos traditions » uniquement lorsqu’il s’agit de limiter l’immigration, mais lorsqu’il s’agit de « liberté sexuelle » et d’« émancipation des femmes », Scianca et compagnie sont heureux d’embrasser les dogmes du libéral-progressisme post-soixante-huitard dominant aujourd’hui.

En conclusion de son article, Scianca affirme que les identités masculines et féminines « doivent être construites à travers des catégories culturelles et des modèles sociaux » sans nécessairement se référer aux modèles traditionnels d’avant les années 60, prenant ainsi des positions proches du relativisme déconstructionniste aujourd’hui affiché principalement par la gauche libérale et les féministes, et apparemment maintenant accepté par CasaPound. Il ne manque d’ailleurs pas de s’en prendre aux mèmes antiféministes qui, selon lui, empêcheraient un débat constructif « de droite » sur la « violence contre les femmes » (on voit encore une fois comment Scianca se réfère désormais à des thèmes plus chers à la gauche libérale, plutôt qu’à la soi-disant « sphère identitaire »). Maintenant, je ne sais pas si CasaPound a adopté ces positions par une mauvaise interprétation de la « chevauchée du tigre », ou plus simplement pour rechercher un plus grand consensus en s’adaptant au déplacement continu de la fenêtre d’Overton du débat public de plus en plus dans le champ libéral-progressiste. Peut-être les deux. Ce ne serait d’ailleurs pas la première fois que le mouvement dont Scianca est l’idéologue se met à rechercher la visibilité à tout prix au détriment de la pureté idéologique, comme en témoignent les relations passées tissées avec Nina Moric. Mais je voudrais conclure cet article par deux citations. La première est une phrase du Duce tirée de « Conversations avec Mussolini » d’Emil Ludwig :

« La femme doit obéir. Mon opinion sur son rôle dans l’État est opposée à tout féminisme. Bien sûr, elle ne doit pas être une esclave, mais si je lui accordais le droit de vote, on se moquerait de moi. Dans notre État, elle ne doit pas compter ».

Le second est un passage tiré de « Révolte contre le monde moderne » »de Julius Evola, un auteur qui, en théorie, aurait dû contribuer à la formation culturelle de Scianca, mais il semble que dernièrement il ait commencé à préférer Foucault et Derrida :

« L’émancipation de la femme devait fatalement suivre celle du domestique et la glorification du sans classe et du sans tradition, c’est-à-dire du paria ».


Source : « Risposta ad Adriano Scianca » publié par Millennial Doomer le 8 mars 2021.