Guide féministe de l’utilisation d’Onlyfans, de Tinder et d’Instagram.

A l’usage des jeunes filles et des jeunes demoiselles qui se décident à utiliser ces applications.

Qu’est-ce qu’une féministe aujourd’hui ? C’est une fille qui, ayant perdu toute pudeur, ne rougit plus de se livrer avec les hommes aux plaisirs sensuels et charnels, et de le revendiquer haut et fier.

Quelles qualités doit avoir une féministe ? Trois qualités essentielles. L’effronterie, la complaisance et la métamorphose. 

Une féministe se doit d’être effrontée. Elle doit se dévouer à tout commerce libidineux et ne doit avoir honte de rien : toutes les parties de son corps doivent être pour les hommes ce qu’elles seraient pour elle-même en particulier ; c’est-à-dire que ses tétons, sa chatte, son cul doivent lui être aussi indifférents auprès de l’homme inconnu qu’elle amuse, que l’est à l’égard d’une femme honnête la paume de sa main qu’elle ne rougit pas de montrer. 

Une féministe doit également être complaisante. C’est une amorce par laquelle elle sait adroitement conserver l’homme passager, l’orbiteur fréquent, le cuck réel ou virtuel, faisant usage de sa douceur naturelle, se prêtant librement aux différents désirs de l’homme ; par ce moyen elle le retient comme dans des filets, et l’oblige, malgré lui, à retourner une autre fois vers l’objet qui a si bien secondé sa passion momentanée. 

Et la métamorphose alors ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Une véritable féministe, renfermée dans les ressources de son art, doit être comme un Protée, savoir prendre toutes les formes, varier les attitudes du plaisir, suivant le temps, les circonstances et la nature des tempéraments. Une féministe aguerrie doit se faire une étude particulière de ces différentes variations qui procurent ordinairement le plaisir aux hommes; car il y a de la différence entre amuser un homme froid, un gauchiste, ou un homme poilu et viril, entre exciter un jeune cuck ou un vieillard sensuel ; la nature, plus impérieuse chez les uns et plus modérée chez les autres, exige par conséquent des titillations différentes, des situations plus voluptueuses, des attouchements plus piquants et plus libertins ; et telle féministe qui, sur Instagram, découvrant seulement son cul à un jeune gauchiste le ferait décharger jusqu’au sang, n’opérerait qu’une sensation ordinaire à l’égard d’un autre ; tandis qu’un tortillement de fesses voluptueusement fait, plongerait l’homme à tempérament dans un torrent de délices, qui causerait la mort au Narcisse fouteur et au paillard décrépit. 

Comment distinguer une femme féministe d’une femme simplement féminine ? Son habillement trop coloré, son maintien désastreux, ses gestes libres, sa conversation trop enjouée et trop lascive, son regard décidé et sa marche effrontée sont les signes visibles qui la font reconnaître. Il est cependant nécessaire pour son propre intérêt qu’elle en agisse ainsi ; car il est des hommes si timides auprès des femmes, que si une féministe parlait avec eux de consentement, ces hommes, qu’on peut comparer à des puceaux, n’oseraient leur faire aucune proposition, et par conséquent elles perdraient l’occasion de faire quelquefois une bonne pratique, pour avoir affecté une modestie malentendue.

Mais, n’est-il pas possible qu’une féministe imite en tout la décence et le maintien réservé d’une honnête femme ? Oui : et les féministes de ce genre sont les plus fines, car elles se définissent comme « tradwifes » ; elles amorcent par là le nigaud qu’elles veulent duper ; elles paraissent s’effaroucher de ses propositions ; mais c’est pour mieux l’enchainer : et combien d’hommes sont pris au piège, et s’imaginent aller cueillir la rose sans danger, tandis que l’épine y tient fortement. Ces sortes de féministes tirent beaucoup de profit de ce commerce ; mais aussi il n’appartient qu’à celles qui peuvent tenir d’abord un certain ton de jouer ce personnage hypocrite. 

Toutes les femmes ont-elles un penchant décidé à devenir féministes ? Toutes le sont ou désirent l’être ; il n’y a guère que les convenances, les bien-séances qui retiennent la plupart ; et toute fille qui succombe même la première fois est déjà, dès le premier pas, féministe décidée ; le compte Tinder une fois créé, la voilà familiarisée avec son cul, autant que celle qui a joué du sien pendant dix ans. 

La femme moderne qui procure de la jouissance à l’homme, peut-elle s’y livrer avec tous, sans s’exposer à altérer son propre tempérament ? Il est un milieu à tout ; il serait très imprudent à une femme de se livrer avec excès au plaisir de la fouterie : une chair flasque et molle serait bientôt le fruit de ce désordre ; mais il est un raffinement de volupté qui tient à la volupté même, et dont une adroite féministe doit faire usage. Une parole, un geste, un attouchement fait à propos, une photo, un message ou un tweet offre à l’homme l’illusion du plaisir ; il prend alors l’ombre de la volupté pour la volupté même ; et comme le cœur est un abîme impénétrable, la féministe consommée dans son art remplit souvent, par une jouissance factice, les vues luxurieuses de l’homme, qui se contente de l’apparence. Les femmes étant plus susceptibles et plus propres que tout autre à ce genre d’escrime, il dépend d’elles de donner le change à l’homme.

Une féministe doit-elle procurer autant de plaisir à un fouteur de vingt-quatre euros, qu’à celui qui la paie généreusement ? Il est certain que la femme moderne devant vivre de son onlyfans, et le foutre n’étant pas une substance qui puisse servir d’aliment, elle doit agir avec ce fouteur comme avec n’importe autre homme Beta, et lui faire comprendre qu’elle peut vivre de lui comme d’un autre.

Cependant, le grand art d’une jeune féministe qui veut se faire un nom, n’est pas toujours de mettre à contribution les hommes qu’elle raccroche. Il en est qui sont susceptibles de cette délicatesse ; et touchés du désintéressement qu’une femme leur témoigne, ils s’imaginent alors que cette militante est tout à coup éprise et coiffée de leur physique, bien plus que du numéraire ; leur amour-propre est flatté de cette préférence. Le plaisir qui ne leur paraît pas acheté, se fait mieux sentir ; son aiguillon est plus mordant, et quelquefois la féministe gagne beaucoup à ce manège ; au surplus, c’est à elle à discerner et à connaître ses pratiques. Une femme bête ne fera jamais fortune ; la rusée peut essayer d’être dupe une ou deux fois, pour reprendre vingt fois sa revanche avec d’autres. Il est constant aussi qu’un vieillard cacochyme n’a pas le droit d’exiger qu’une jeune et fraîche femme se harcelle après son chétif engin pour un modique salaire. 

Il n’y a point de charmes qui puisse faire en sorte que l’homme puisse recevoir une féministe gratis ; il faut qu’il paie au poids de l’or le plaisir qu’il désire : c’est le prix de sa turpitude. Qu’une femme donc le plume, qu’elle en tire pied ou aile, c’est le secret de son art. Il lui doit sans doute ce tribut pour les outrages qu’il fait chaque jour à la volupté. 

Comment doit se comporter une jeune fille lorsqu’elle a donné dans l’œil à quelque bon fouteur ? Il faut d’abord qu’elle mette celui-ci à son aise, et qu’elle le soit aussi avec lui. On sait que le premier compliment d’un luron qui communique avec une fille, que ce soit sur Tinder ou sur Instagram, c’est de lui faire la conversation en croyant que les femmes sont intéressées par autre chose qu’elles-mêmes. Ces petites agaceries d’usage sont les avant-coureurs et les prémices du plaisir. La fille alors doit, par de vagues sous-entendus, faire croire à l’homme que celui-ci est intéressant. C’est alors qu’elle doit saisir ce moment favorable pour demander son salaire, et le fouteur s’empressera de lui donner, pour ne point mettre de retard entre les apprêts du plaisir et l’instant de la jouissance (= du paiement). 

Quel langage doit tenir une féministe en échangeant avec un cuck ? Sa conversation doit être conforme au caractère et à l’humeur du paillard qu’elle fustige : il est de ces bougres-là qui veulent qu’on jure après leur masculinité comme après un cheval de brancard, qu’on les traite de « prédateur », de maquereaux, de « patriarche » et qu’on assaisonne ces épithètes d’une dégelée de phrases toutes faites : « masculinité toxique ! », « culture du viol ! ». On peut dire que ceux-ci bandent comme des bêtes et déchargent de même. D’autres, au contraire, qui ont les passions et les humeurs plus douces, veulent qu’on renouvelle avec eux ces jeux innocents de l’enfance, en feignant d’employer à leur égard ces corrections enfantines, et rien ne les excite plus à décharger que ces mots qui ont tant d’énergie dans la bouche des femmes. « Tu es un homme cis-genre blanc ! Repends-toi ! Excuse-toi ! ». Et milles autres propos de cette nature, qu’une adroite et fine féministe sait et peut toujours employer avec succès. 

Les Cucks et les hommes-soja de cette espèce peuvent être les plus chauds et les plus vifs ; les féministes prennent ordinaire plaisir à les dominer, parce que leurs cris plaintivement modulés, leurs propos enfantins, les pardons, les promesses qu’ils n’en feront plus, sont comme autant d’aiguillons qui provoquent la fille à la luxure, et la font décharger malgré elle. Tel est l’empire de la femme sur l’homme quand la passion le maîtrise. Ces robustes gauchistes ont plus d’une fois déposé leur fierté et leur faste aux genoux de leurs garces, et reçu d’elles, sans se plaindre, de très bonnes et amples fessées dans cette posture humiliante ; ce qui prouve que la fouterie est la seule passion qui rend les hommes féministes égaux en faiblesse. 

Une féministe qui a une MST doit-elle et peut-elle sans remords baiser avec un homme sain ? En principe, non : et telle luxurieuse que soit la féministe, telle passionnée qu’elle puisse être, elle doit toujours se faire un crime de communiquer sa corruption à un homme ; elle doit préférer plutôt perdre sa pratique que de l’empoisonner, et souvent un aveu naïf de sa part sur Tinder lui gagne l’estime du fouteur, qui se contente alors du plaisir idéal et du service de la main qui supplée à celui de la chatte malade. La fille n’en reçoit pas moins son tribut ordinaire, évidemment, via son compte Onlyfans.

Une fille peut-elle se servir de toute la finesse de son sexe et de l’art enchanteur qu’elle possède, pour soutirer de son fouteur, de son cuck ou de son gauchiste le plus d’argent qu’elle peut ? Oui ; trois fois oui, cent fois oui ! Quand la supercherie n’est point de la partie, et que la bonne foi guide toutes ses tentatives, elle peut employer l’art des sirènes ; mais il faut qu’elle y joigne aussi l’honnêteté des procédés et point d’escroquerie ; elle ne fait alors que son métier, et l’homme n’a point à se plaindre de la faiblesse qui l’a fait céder à ses instances. 

Une féministe doit-elle se livrer à tous les caprices des réseaux sociaux ? Quoique tous les moyens soient bons pour attirer l’attention, lorsqu’on se dit féministe, il en est néanmoins qui répugnent à attirer l’attention à tout prix : c’est que celles-ci ne sont pas encore complètement féministes, et doivent alors travailler davantage sur elles-mêmes.

Jusqu’à quel âge une féministe peut-elle utiliser Onlyfans avec honneur et profit ? Cela peut dépendre du tempérament ; les blondes doivent quitter le commerce avant les brunes, leur chair étant plus sujette à l’afaissement, on doit néanmoins regarder comme hors de service une militante féministe qui a vécu dans trop de sérails, et qui y a atteint l’âge de 30 ans ; il est temps qu’elle pense à la retraite ; une décrépitude livide, des rides bourgeonnants semblent lui en faire un commandement exprès. 

Que fera donc une féministe qui aura vieilli dans les combats de Vénus, blanchi dans les sérails sans avoir eu la sage précaution d’économiser une pomme pour la soif ? Ce défaut, qui est presque celui de toutes les filles modernes, n’est plus réparable alors. Plutus fuit ordinairement les boudoirs que déserte l’amour ; il ne reste donc plus à la vieille garce d’autre alternative que d’être militante féministe à temps plein, ou de commencer des études de genre ; car ne devant plus espérer de faire de dupes, son unique emploi doit se borner à tenir souvent la chandelle et à être quelquefois spectatrice endurante de certains plaisirs, dont la réminiscence doit lui causer les plus vifs picotements et les regrets les plus cuisants. Son seul espoir est de pouvoir enjôler quelquefois un vieillard goutteux ou quelque jeune fouteur, à qui Bacchus aura ce jour-là blasé le goût ou falsifié la visière ; mais le lendemain, quel regret et quel affront, lorsque le Narcisse ivrogne, revenu de sa léthargie, découvrira dans sa surprise cette tête sur l’oreiller !

La féministe qui, au contraire, aura su profiter de sa fraîche jeunesse et des circonstances pour se réserver un honnête revenu, jouira encore même sous les rides de la vieillesse ; son argent lui fournira des fouteurs, avec lesquels elle aura le plaisir de lancer de temps en temps quelque ancien coup de cul, qui, lui faisant pour un moment oublier sa décrépitude, lui retracera le tableau toujours riant et attrayant des voluptueux instants de sa jeunesse. Alors elle pourra espérer ne mourir qu’en foutant ; et quelle mort plus douce peut être comparée à celle d’une garce qui meurt en déchargeant ! 


Illustration : Viktoria Slowikowska