Cycles solaires, lumière, hormones sexuelles et cycles de vie des civilisations : chronobiologie intégrée (III).

Première partie : introduction.

Deuxième partie : énergie et évolution humaine.


Chronobiologie intégrée. 

Les deux principales hormones qui, avec l’activité solaire, sont impliquées dans la co-régulation de la croissance humaine, de l’humeur sociale, du statut social, du comportement sexuel et de la dominance, sont la sérotonine et la testostérone. Dans le rythme circadien quotidien, la sérotonine et la testostérone augmentent toutes les deux le matin et diminuent le soir, lorsque la sérotonine est convertie en une hormone du sommeil, la mélatonine. Les niveaux de ces hormones sont régulés par le « grand maître régulateur hormonal », l’hypothalamus, et sont synchronisés avec les cycles solaires.

La sérotonine est la plus ancienne des hormones, elle est impliquée dans la photosynthèse des plantes, dans l’utilisation de l’oxygène et dans les cycles de croissance. La psychiatre évolutionniste Emily Deans décrit une partie de ce processus (2011) :

La tryptophane hydroxylase est peut-être l’enzyme la plus ancienne à fixer l’oxygène à d’autres molécules. Comme l’oxygène est généralement assez réactif et toxique sur le plan biochimique, c’était un moyen précoce de se débarrasser en toute sécurité de l’excès d’oxygène créé par la photosynthèse chez les organismes primitifs. Les récepteurs de lumière dans la rétine humaine (et chez d’autres animaux) sont très similaires aux récepteurs de la sérotonine et ces récepteurs ont été les premiers à évoluer, il y a un milliard d’années. La sérotonine est le plus ancien neurotransmetteur, c’est l’antioxydant originel. Il existe 20 récepteurs de sérotonine différents dans le cerveau humain, et les récepteurs de sérotonine sont présents chez tous les animaux, même les oursins.

Chez les autres animaux, la sérotonine intervient dans la capacité de nager, la capacité de piquer, la modulation de l’alimentation, la maturation et l’interaction sociale. En général, elle est considérée comme un facteur de croissance pour les cerveaux d’animaux. Chez l’homme, la carence en sérotonine est impliquée dans l’autisme, la trisomie 21, l’anorexie, l’anxiété, la dépression, l’agressivité, l’alcoolisme et les troubles affectifs saisonniers. 

Dans les premières lignes de la Torah, Moïse a été témoin de la création du monde, attribuant au Créateur le premier commandement de la création : « Que la lumière soit ! ». Et le passage continue : « …et la lumière fût. Dieu vit la lumière, et cela était bon : et Dieu divisa la lumière des ténèbres » (Genèse 1:3, 4). La lumière est primordiale pour la vie et pour sa création même. Il n’est donc pas surprenant que la lumière, et plus particulièrement la lumière vive (plus de 2 500 lux), ait un effet direct sur notre capacité à créer la vie. Depuis les années 1980, des études ont confirmé que l’exposition à la lumière vive affecte directement les hormones sexuelles. Une étude de 2003 a montré que lorsque de jeunes hommes étaient exposés à une heure de lumière vive dans le spectre bleu (BL), tôt le matin pendant 5 jours, l’hormone lutéinisante, un précurseur de la testostérone, augmentait de près de 70% (Yoon, Kripke, Elliott, & Youngstedt, 2003). L’amélioration de la production de testostérone a de nombreux effets positifs, cela permet notamment une diminution de la dépression et un regain de désir, ainsi qu’une augmentation de la fonction sexuelle (Bossini et al., 2009). Il est également possible qu’une exposition à la lumière vive dans le spectre bleu puisse stimuler l’ovulation chez les femmes (Konstantin, Danilenko, & Samoilova, 2007). Notamment, la couleur de la lumière permet une différence significative de résultat dans ces études, et dans d’autres. La lumière dans la partie bleue du spectre est la plus efficace pour améliorer la production de testostérone. Faryadyan et d’autres (2014) ont constaté qu’il a été démontré que la lumière bleue augmentait significativement les niveaux de testostérone chez les bébés rats lorsque la mère était hébergée là où les rayons bleus prédominants l’affectaient. Les rats mâles de l’étude sont nés avec des taux de testostérone statistiquement et significativement plus élevés, que ceux qui avaient vécu dans des boîtes blanches ou noires. La lumière dans le spectre vert a également créé des niveaux de testostérone plus élevés chez les rats nouveau-nés, mais les niveaux de testostérone n’étaient pas aussi élevés que lorsque les sujets étaient soumis à une lumière dans la partie bleue du spectre. 

La luminothérapie et les médicaments augmentant la sérotonine sont tous deux des traitements efficaces pour la dépression qui intervient lorsqu’on manque d’exposition au soleil. L’exposition à la lumière augmente la sérotonine chez l’homme. Les taux de sérotonine sont les plus faibles au milieu de l’hiver et plus élevés les jours de grande luminosité, quelle que soit la période de l’année. La luminothérapie à 10 000 lux diminue chez certaines personnes les idées suicidaires qui peuvent résulter d’un faible taux de sérotonine (Means, 2011). Dans une méta-analyse sur la recherche sur la sérotonine et la dépression, Young (2007) rapporte que ce traitement par lumière vive est efficace pour traiter la dépression tout au long de l’année et les dépressions prémenstruelles et de grossesse.

De plus, les rayons ultraviolets B du soleil déclenchent la production de vitamine D, qui est un catalyseur de la production de testostérone et de sérotonine. La vitamine D – une hormone stéroïde – est en corrélation avec les taux de conception, les deux atteignant un pic au cours des mêmes mois dans les hémisphères respectifs. L’exposition maximale au soleil dans l’hémisphère nord en juin et juillet conduit à des niveaux maximums de vitamine D en septembre et octobre, étant donné les six à huit semaines qu’il faut au corps pour convertir la lumière du soleil en hormone. Ce sont les mois où le taux de testostérone est le plus élevé et où le taux de conception est le plus élevé. Une exception intéressante à ce schéma se trouve en Scandinavie où la lumière du soleil est si omniprésente au début de l’été – vingt heures par jour en juin et juillet – qu’il y a davantage d’effet de lumière vive, ce qui fait que le pic des taux de conception est en corrélation avec l’exposition à la lumière (Brody, 1981).

Comme la testostérone et la sérotonine, il a également été démontré que la mélatonine joue un rôle dans la capacité de reproduction chez les humains et les animaux. Et comme pour la testostérone et la sérotonine, la production de mélatonine est dépendante de la lumière. Des études suggèrent que le traitement à la lumière en spectre bleue peut diminuer l’activité de la glande pinéale humaine, qui à son tour favorise une plus grande sécrétion de mélatonine tout en influençant positivement les fonctions sexuelles (Bossini, 2013). Dans une étude en aveugle au placebo, le groupe traité par lumière bleue a rapporté une satisfaction sexuelle jusqu’à 3 fois supérieure à celle des personnes traitées par placebo, par rapport à leur déclaration avant le traitement (Bossini, 2013).

En plus de la sensibilité spécifique à la lumière, il semble que la vie sur terre soit sensibilisée à d’autres facettes des activités de notre soleil. La force du champ magnétique terrestre, par exemple, ou la position réelle du soleil dans la galaxie, ou l’apparition de taches solaires, jouent toutes un rôle dans la création et le maintien de la vie. Le champ magnétique terrestre, qui est créé par le noyau, protège la terre des tempêtes de particules solaires en les déviant dans des « boucles » appelées ceintures de Van Allen. Lorsque le rayonnement solaire est particulièrement fort et que le champ magnétique est plus fortement activé, une partie de l’hippocampe du cerveau détecte ces changements et signale à la glande pinéale de produire de la mélatonine et à l’hypothalamus de produire des hormones de croissance. Le scientifique Maurice Cotterell (2017) défend la théorie des hormones solaires qui affirme que le soleil contrôle la fertilité chez les femmes, en coordonnant sa rotation de vingt-huit jours avec le cycle de fertilité de vingt-huit jours des femmes. 


Quatrième partie : L’impact de l’énergie solaire sur les cultures humaines.

Cinquième partie : impact de la testostérone sur les tendances démographiques.

Sixième partie : une faible activité solaire entraîne une baisse des hormones sexuelles et une crise mondiale de la santé mentale.

Septième partie : conclusion et sources.


Source : « Solar Cycles, Light, Sex Hormones and the Life Cycles of Civilization : Toward Integrated Chronobiology », par Roy Barzilai. Science & Philosophy. Volume 7(2), 2019, pp. 15-26. 

Illustration : Алексей Васильев.