Le paradoxe du développement personnel.

« Self-Improvement Is Masturbation ». 

Fight Club – David Fincher (1999)

Le paradoxe de l’amélioration de soi-même.

Aujourd’hui, de nombreux hommes sont coupés de la possibilité d’avoir une vie sexuelle en raison des revendications féminines excessives. Cependant, si un homme se plaint qu’il n’est pas attrayant pour les femmes, il est peu probable qu’on le comprenne, et il est encore moins probable que l’on se sente solidaire. Dans de nombreux cas, on va même aller jusqu’à le blâmer. « Si tu ne trous pas de filles c’est parce que tu ne sais pas t’y prendre, tu devrais t’améliorer ». Une phrase que vous avez entendue à plusieurs reprises et qui est un slogan qui contient en soi d’innombrables contradictions.

Pour commencer, le fait même qu’un homme soit forcé de faire un effort supplémentaire considérable pour réaliser moins que ce qu’une femme réalise sans bouger un doigt est déjà une démonstration en soi qu’il a été victime de discrimination sexuelle et je ne comprends pas pourquoi personne ne peut jamais saisir ce simple passage logique.

Imaginez si j’avais la même réponse face à une femme qui se plaint d’être victime de discrimination professionnelle : « bah ! Travaille plus ! Et améliore-toi ! ». Je finirais par être lynché, parce qu’en pratique ce serait comme admettre que la femme est discriminée et que c’est très bien comme ça, et que c’est son problème à elle. Personne ne le ferait parce que la tendance actuelle consiste à déresponsabiliser les femmes pour tout. Quand une femme n’atteint pas ses objectifs, c’est la faute des hommes, de la société, du patriarcat, mais quand un homme échoue, c’est toujours de sa faute.

Pour autant, je ne souhaite pas parler d’empathie et de discriminations aujourd’hui. Le thème de cet article et au contraire le concept de développement personne, d’engagement, et de travail acharné pour s’améliorer soi-même et atteindre les objectifs que l’on s’est donné. Plus spécifiquement, nous parlerons du succès auprès des femmes, mais les concepts que je présenterai peuvent s’appliquer un peu à tous les autres domaines de la vie. 

Après avoir passé des années à me remettre en question et à essayer de m’améliorer, moi et mon comportement, d’une manière à me rendre plus attrayant et attirant, j’en suis venu à la conclusion qui, je le pense, est le cœur du problème : 

Tout aspect de soi-même qui peut être amélioré n’aura de toute façon que peu d’importance aux yeux des femmes. 

Suivez-moi dans le raisonnement et je suis sûr qu’à la fin vous aussi devrez reconnaître le sens de cette idée.

Nous supposons que tout le monde veut être attrayant, la volonté de trouver une femme est peut-être l’impulsion la plus forte. Si ce n’est pas une forte motivation, je ne sais pas ce qu’est la motivation.

Si le fait d’être attrayant ou attirant était simplement une question de choix, de travail et d’engagement, alors tout le monde s’efforcerait de devenir plus attirant. Cela conduirait à un paradoxe évident, puisque : 

Si tout le monde est attirant, personne n’est attirant.

L’attractivité est une caractéristique relative, une personne peut sembler attirante alors que cette même personne peut sembler peu attirante pour une autre. Pensez à la beauté. Les beaux existent parce qu’il y a des gens qui sont laids, et vice versa. Si tout le monde est beau, personne ne l’est. Un peu comme si tout le monde était riche. 

Actuellement, posséder 1 million d’euros fait de vous quelqu’un de riche, mais que faire si tout le monde possédait au moins un million d’euros ? Non seulement le fait d’avoir un tel héritage ne vous rendrait pas riche, mais vous seriez simplement au seuil de ce qui serait considéré comme de la pauvreté.

On peut faire d’innombrables exemples. Par exemple, les femmes sur Tinder considèrent que 180 cm est la hauteur minimale pour un homme désirable, et elles considèrent les hommes de 170 cm comme petits. Mais il y a un siècle, un homme de 170 cm était considéré comme un homme assez grand.

Il y a un siècle, avoir une voiture était considéré comme un signe de richesse, mais si de nos jours vous avez une vieille Punto, qui par rapport aux voitures qui ont été produites il y a un siècle est un véritable bolide, vous êtes considéré comme pauvre.

L’auto-amélioration n’est donc pas viable comme solution collective parce que si tout le monde devenait meilleur, personne ne le serait.

Les caractéristiques qui nous rendent attrayants doivent être exclusives, difficiles à obtenir. C’est mieux si c’est inné. Quelle valeur peut avoir quelque chose que tout le monde peut obtenir ?

Beauté, statut et richesse, les trois facteurs les plus importants de l’attraction, répondent parfaitement à ces exigences.

Les beaux, les riches, les gens célèbres que nous voyons tous les jours et qui attirent les femmes sont rares et sont rares justement parce qu’ils ne ressemblent pas à la personne moyenne : un talent particulier, une bonne génétique, un héritage, ou du moins beaucoup de chance. L’espoir de leur ressembler simplement avec de l’engagement et de la volonté est une idée plutôt utopique.

C’est pourquoi l’idée selon laquelle vous n’avez qu’à vous inscrire à une salle de gym, être en forme, bien habillé, pour être beau, est une idée ridicule. La beauté est principalement une question de génétique, certainement pas d’engagement.

Une étude menée par Jonason (2012) montre, par exemple, que pour le sexe et en fonction de la durée de la relation (à long terme et à court terme), le visage est plus important que le physique.

L’explication que les scientifiques donnent à cette découverte, qui donne une autorité scientifique à des concepts qui sont maintenant devenus des mèmes sur le web tels que « seul le beau visage compte », suit un peu ce que je viens de dire : le visage est plus évalué parce qu’il est un indicateur plus fiable de la bonté génétique, qu’il n’est pas modifiable, sauf par des interventions chirurgicales invasives.

Une apparence facilement améliorée (ou simulée), pour cette raison même, devient donc automatiquement secondaire.

En bref, une réelle auto-amélioration capable d’apporter des résultats exige inévitablement non seulement des sacrifices considérables, mais aussi toute une série de facteurs qui sont hors de notre contrôle.

En outre, pour les raisons ci-dessus expliquées, tout cela ne peut pas être une solution collective au problème incel, parce que si, hypothétiquement, demain, tous les hommes moins attrayants, et donc rejetés, s’améliorent au point d’obtenir un niveau d’attractivité moyenne, les femmes ne commenceraient pas à se donner à eux, mais elles vont beaucoup plus simplement élever le niveau de leurs revendications, élever les normes et le seuil d’attractivité, être par nature hypergamique et donc cela les conduit à toujours sélectionner les meilleurs hommes dans un contexte donné.

Avec cet article, je ne veux évidemment pas dissuader les utilisateurs de commencer un chemin d’auto-amélioration, mais simplement essayer de faire comprendre qu’il est temps d’arrêter de blâmer les hommes d’une manière exagérée et de commencer à reconnaître que nous sommes confrontés à un problème social et que tant qu’il y a la liberté sexuelle, il y aura toujours une tranche d’hommes incapables d’avoir une vie sexuelle, et que ce n’est pas la faute des hommes. Et même s’ils s’amélioraient, nous ne résoudrions pas le problème, mais nous aurions simplement une société de meilleurs hommes pour les femmes de plus en plus médiocres et prétentieuses.


Source : « Il Paradosso dell’Automiglioramento » publié par Il Redpillatore le 3 février 2020.