Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi la sexualité des femmes était autrefois maintenue « sous contrôle » et stigmatisée par la société dans son ensemble ? La pilule rouge explique bien ce phénomène, et après avoir lu ce qui suit, vous comprendrez certainement mieux pourquoi.
Comme nous le savons bien dans la nature, c’est la femme qui détient le pouvoir sexuel. Et comme dirait le bon vieux Spiderman, un grand pouvoir implique une grande responsabilité. Citation de nerd (ou de merde ?) mise à part, il suffit de penser au célèbre dicton : « tira più un pelo di figa che un carro di buoi » (« Un poil de chatte – vulgairement : le sexe féminin – est bien plus fort/bien plus puissant – a bien plus de pouvoir – qu’un attelage de bœufs »). Des guerres ont été menées pour des chattes, à la fois des guerres personnelles et des guerres à grandes échelles, des véritables guerres. Et comme pour toute autre source de pouvoir qui n’est pas également répartie dans la population, des problèmes surgissent lorsque cela crée un mécontentement généralisé. Car souvenez-vous : « la satisfaction de quelques-uns résulte de la frustration de beaucoup ».
Pour faire un parallèle, la chatte est à l’homme ce que le pétrole est à un État. Et en fait, regardez toutes les guerres, tous les morts, toutes les machinations politiques derrière cette putain de course au pétrole. Mais que se passerait-il si la distribution du pétrole était réglementée par une sorte d’organe suprême qui le redistribuerait de manière égale entre les différents États de la planète Terre ? C’est simple : chacun aurait sa part de gâteau et la course au pétrole, sous toutes ses facettes, n’aurait plus de raison d’être.
Et voici le nœud du problème : la répression sexuelle des femmes était un moyen d’éviter de trop nombreux déséquilibres dans la société ! Les incels, ou en tout cas les hommes ayant une vie sexuelle ridicule, ont toujours existé, mais les effets ont été peu perceptibles dans le climat général de répression.
Il n’y a pas si longtemps encore, une femme était socialement tenue de vivre le moins d’aventures romantiques possible, en restant éventuellement vierge jusqu’au mariage et même après le mariage, elle était tenue de rester fidèle à son mari, alors que les attentes en matière de fidélité du mari ont toujours été beaucoup plus souples. Tout au long de l’histoire, il y a certainement eu des hommes qui auraient aimé mais ne pouvaient pas « chopper », c’est seulement que, les femmes étant encore plus réprimées qu’elles ne l’étaient, le manque d’opportunités n’était pas un gros problème et que l’on pouvait vivre dans l’ombre des hommes qui réussissaient (qui ont toujours été ceux qui avaient des valeurs LMS élevées).
Mais dès le début de la libération sexuelle des femmes, ce type de mâle a réalisé qu’il ne pouvait plus continuer à briller avec une sorte de lumière réfléchie, c’est-à-dire que ce qui était jusqu’alors l’apanage des mâles les plus « actifs » devenait incontrôlable, et la libération sexuelle, réprimée jusqu’alors, qui était arrivée pour l’autre moitié de la population mondiale, ne venait toujours pas pour eux. Soudain, les relations de pouvoir entre hommes et femmes ont commencé à changer : les femmes ont commencé à revendiquer leur propre liberté sexuelle, elles se sont mises à en parler, à écrire à ce sujet, à en discuter, et cela a inévitablement bouleversé et perturbé les hommes qui, en silence, se sont fait à l’illusion qu’ils n’étaient pas les seuls à manquer de sexe et qu’ils avaient une arrière-pensée constante, un bruit de fond presque jamais exprimé mais que je sais être là : « Mais comment ? Nous sommes des hommes, nous devons chopper ! Tous les hommes de l’histoire ont toujours eu du succès, comment se fait-il que nous n’en ayons plus ? Mec ! Maintenant, même les femmes baisent, pourquoi pas nous ?! ». Le voile était maintenant tombé, et ceux qui se trouvaient exclus de la vague de libération sexuelle se sentaient spoliés de quelque chose qu’ils pensaient être leur droit légitime (male entitlement).
Nous vivons à une époque où de nombreux hommes, et non plus seulement quelques minorités, se sentent désorientés dans un monde qui échappe à leur contrôle – et les réactions souvent peu conventionnelles qui ont suivi le « phénomène #MeToo », je dirais, en témoignent abondamment. Notre sentiment est que beaucoup d’hommes qui ressentent le hiatus entre ce qu’ils ont appris et ce que la société semble exiger d’eux (de manière contradictoire, d’ailleurs), se sentent perdus et presque à la croisée des chemins, coincés entre des femmes maintenant émancipées et une société qui, à bien des égards, dit encore aux hommes qu’ils sont récompensés s’ils conquièrent les femmes et qui n’a que récemment, et de manière confuse, revu cette position.
En lisant ces mots, vous pouvez vous faire une fausse idée de la philosophie du blog. Nous ne voudrions jamais, au grand jamais, revenir au climat de répression sexuelle de l’époque d’avant les années 60, car nous la considérons comme un « forçage » (« forzatura ») hypocrite et contre nature. Mais en même temps, nous aimerions voir se répandre une prise de conscience grâce à laquelle des mesures pourront être prises pour rétablir un certain équilibre entre les possibilités sexuelles de chaque individu.
Dans l’ensemble, la révolution sexuelle n’a profité qu’aux femmes et à un petit pourcentage d’hommes. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une deuxième révolution sexuelle, VRAIMENT paritaire cette fois-ci.
Source : « Fenomenologia della sessualità femminile, dall’epoca della repressione ad oggi » publié par Diego Moro le 27 septembre 2018.
Illustration : Andrew McMurtrie.