Pourquoi les 10/10 n’existent pas.

Les dangers de la « piédestalisation » sont bien documentés dans la manosphère, mais une source de ce péril est souvent négligée : le mythe de la 10/10, et les dangers d’y croire.

Vous l’avez tous déjà entendu.

« Je lui donne un excellent 10 ». 

« Elle est parfaite ! C’est une 10/10 ! ». 

« C’est une solide 10 ». 

Un 10 implique la perfection. Lorsque vous distribuez cette note, vous dites en fait qu’il n’y a absolument rien qui cloche chez cette fille, rien du tout qui ne soit absolument pas parfait chez elle. Même les plus belles femmes ont une sorte de défaut physique minime et probablement au moins deux autres imperfections intangibles. Elles-mêmes sont souvent très ouvertes à propos de ces défauts, et c’est normal. L’imperfection est notre réalité. Elles sont toutes humaines, et les humains sont naturellement imparfaits.

Lorsque vous attribuez un « 10 », vous sous-entendez le contraire, à savoir qu’elle a transcendé les normes humaines d’imperfection et qu’elle est devenue sans défaut ou semblable à une déesse. C’est une mentalité qui se prête naturellement à la supplication et à la mise en place d’un piédestal généralisé qui est devenu endémique dans notre société. Les hommes sont trop enclins à élever les belles femmes dans le domaine du divin où aucun humain n’a sa place.

Pensez à une fille que vous avez déjà vue considéré comme une 10/10. Est-elle vraiment irréprochable ? N’y a-t-il rien en elle que, si vous étiez un dieu, vous rendriez meilleur ? Ses seins pourraient-ils avoir une forme un peu plus agréable ? Son visage est-il le plus beau que vous ayez jamais vu ? Si son visage est le plus beau, a-t-elle un bon rapport taille/hanche pour aller avec ? Comment sont ses dents ? Pourraient-elles être plus blanches ? Son ventre pourrait-il être plus plat ? Pourrait-elle avoir de meilleures jambes ou une plus grande taille ? Et j’en passe.

L’essentiel est qu’une femme objectivement irréprochable (une vrai « 10 ») ne peut pas être sujet à discussion. Si vous pouvez trouver quelque chose que vous aimeriez améliorer chez elle, elle n’est pas à 10. Si un grand nombre d’autres hommes peuvent trouver quelque chose qu’ils n’aiment pas (même si vous ne pouvez pas encore le faire), alors elle n’est pas à 10. Après tout, si une fille était vraiment parfaite, il n’y aurait pas un nombre significatif d’hommes qui pourraient lui trouver des défauts évidents. La subjectivité humaine empêche cela (la beauté, bien que basée sur des traits objectifs, est subjective au-delà d’un certain point).

En d’autres termes, si une autre fille fait une seule chose (visage, hanches, etc.) mieux qu’elle, elle n’est pas à 10. Elle n’est pas sans défaut.

L’utilisation de cette étiquette a plusieurs conséquences. Premièrement, nous disons que beaucoup de filles ont un ego surdimensionné, et je crois honnêtement que c’est en partie pour cela. Nous avons trop de garçons qui leur disent qu’elles sont parfaites, sans défaut, entièrement irréprochables et incapables de faire le mal. Si vous étiez cette fille qui reçoit tout le temps l’étiquette « 10 » (en plus de tous les autres types de traitement qui consistent à dérouler le tapis rouge que les hommes vous donnent), vous auriez probablement la même attitude excentrique. Les gens ont dit que vous étiez la perfection – vous ne pouvez pas avoir tort. Pourquoi se contenter de n’importe quel homme alors que vous avez été jugée parfaite et absolument irréprochable ?

D’autre part, même les femmes les plus vaniteuses et les plus belles sont conscientes du fait qu’elles sont a) humaines et b) imparfaites d’une manière ou d’une autre. Cela soulève des questions sur les signaux précis que les hommes qui utilisent ces étiquettes « 10 » envoient aux filles qu’ils notent. Comme ces réalités sont douloureusement évidentes pour elle, elle doit tirer l’une des trois conclusions suivantes lorsqu’elle rencontre un homme qui ne semble pas en tenir compte :

1. L’homme est tout simplement trop stupide pour voir ces réalités.

2. L’homme est trop désespéré ou assoiffé pour les reconnaître.

3. Une combinaison de ces deux éléments.

Quelle que soit la conclusion à laquelle elle aboutit, le résultat final est le même : un homme qui n’est pas capable de reconnaître ces réalités ne peut pas valoir grand-chose.

Lorsque les hommes ignorent ces réalités et continuent à exiger des femmes un standard que les filles elles-mêmes savent qu’elles ne peuvent pas atteindre objectivement, ils s’engagent dans une dangereuse mise en scène et risquent d’afficher une valeur très faible. Les hommes conscients d’eux-mêmes devraient reconnaître ce risque et l’éviter. Reconnaissez que toutes les femmes (même les plus belles) sont des personnes comme vous, pas des déesses immunisées contre les réalités de l’imperfection humaine. Une fois que vous avez fait cela, traitez-les en conséquence.

Faites-le, et vous aurez fait un petit pas en avant, mais significatif, dans la lutte contre l’épidémie de « piédestalisation », tout en adoptant un état d’esprit dont l’honnêteté a plus d’attrait pour les femmes que n’importe quelle louange suppliante. En dépit de certaines affirmations contraires, les femmes (en particulier celles qui sont plus séduisantes et ont de nombreuses options) cherchent constamment à séparer l’ivraie masculine (désespérée, nécessiteuse, peu sûre d’elle, suppliante, Beta) du blé plus digne. L’utilisation excessive par certains hommes de l’étiquette « 10 » et de sa perfection implicite (perfection que presque toutes les femmes savent ne pas pouvoir atteindre) ne fait que faciliter le repérage de l’ivraie.


Source : « Why there are no 10’s » publié par Athlone McGinnis le 6 mai 2013.  

Traduction Raffaello Bellino.