Une synthèse sur l’hypergamie.

Après l’essai de la semaine dernière sur la nature idéaliste de la femme de qualité, j’ai eu une question intéressante qui a été posée : 

Rollo,

Je sais que vous aimez distinguer, d’une part, les variables humaines, et d’autre part, les variables morales, autant que possible, dans votre blog, et je comprends pourquoi. J’aimerais que vous nous expliquiez ce point :

Il existerait un contingent d’absolutistes moraux qui déclarent que ce sont les hommes, en vertu de leur grande conscience morale et de la responsabilité que cela implique, qui doivent imposer des contre-mesures strictes sur la nature socialement destructrice de l’hypergamie. Ironiquement, cet sorte d’élan moral est en lui-même une forme de contrôle qui permet de s’assurer que l’hypergamie fonctionne au profit de ceux qui souscrivent à cet absolutisme moral. 

Je vous comprends lorsque vous dites que l’hypergamie ne se soucie pas des impératifs moraux, mais ce que je me demande, c’est : comment une tentative initiée par les hommes pour contrôler l’hypergamie (je ne suis pas sûr que cela soit possible) puisse se retourner contre eux ? 

J’ai une règle constante : je m’efforce de bien séparer la morale et la rationalité sur ce blog, mais lorsqu’il est possible de transcender le rationalisme et d’aborder un sujet sous un nouvel angle à l’aide d’un élément moral, je fais une exception. Aujourd’hui, j’en ai l’occasion. 

Ce que j’affirme, c’est que dans le contexte de l’hypergamie, les hommes qui invoquent l’absolutisme moral, la religiosité, l’appel laïque à un « soi supérieur », même les « chevaliers blancs », ne cherchent qu’à contrôler l’hypergamie que pour mieux l’adapter à leurs propres forces et faiblesses face à l’hypergamie. 

J’ai écrits plusieurs articles sur la façon dont l’impératif féminin s’efforce de créer un ensemble de conditions environnementales contrôlées qui favorisent la capacité des femmes à satisfaire de façon optimale leur nature hypergamique (c’est-à-dire le féminisme). Quels que soient les conséquences à long terme, le féminisme déconstruira jusqu’à épuisement toutes les dynamiques sociales possibles afin de favoriser l’hypergamie – abaissant le panier de basket pour mieux jouer au jeu, etc. 

Les hommes vendus aux idéaux moraux absolus, comme par exemple les hommes « pilule bleue » qui ne sont toujours pas sortis de la matrice, font quelque chose de semblable, et agissent de la même manière que le féminisme, et se trouvent tout aussi surpris et déçus de constater que les règles ne changent pas en fonction de leurs capacités à jouer le jeu. Ces hommes excluront les femmes qui ne correspondent pas à leur définition de la « femme idéale » de la même manière que les femmes disqualifient les hommes en les traitant de « misogynes » lorsque ces derniers refusent, délibérément ou non, de se conformer à leurs croyances morales. 

L’hypergamie ne vas pas changer, donc si un moraliste ou une féministe veulent minimiser ou maximiser l’hypergamie à leur avantage, les schémas sociaux et psychologiques doivent changer autour de ce qu’ils auront décrété comme étant la vérité. C’est le même principe qui fait que les hommes « beta » – les chevaliers blancs – cherchent à définir ce qu’est un homme Alpha uniquement en des termes qui permettent de s’inclure dans cette définition. Ces hommes cherchent à contrôler l’hypergamie en redéfinissant l’idéal hypergamique afin que ce dernier s’adapte à leurs propres conditions et critères – de même, le féminisme cherchera à redéfinir la masculinité afin que celle-ci puisse mieux s’adapter à l’idéal hypergame (L’homme Alpha est reproducteur / l’homme beta est débiteur, que cela s’applique à un ou plusieurs hommes). 

Les femmes chercheront à redéfinir, pour les hommes, ce que les hommes « devraient » désirer dans une partenaire idéale en définissant cet idéal à partir de ce qu’elles sont elles-mêmes. C’est ainsi que nous obtenons des mouvements qui poussent à accepter les « grosses » et des mouvements qui invitent les hommes à se focaliser sur les qualités intérieures d’une femme, alors que les hommes ne désirent naturellement qu’une chose : des femmes attirantes physiquement. 

Contrôle et synthèse.

Maintenant, soyons clairs, il n’est pas question dans cet article d’accuser plusieurs milliers d’années de progrès social humain, mais simplement de révéler la motivation qui est à la base de ce progrès. 

L’un des principaux problèmes que rencontrent les deux sexes lorsqu’ils découvrent la réalité de l’hypergamie, c’est de vouloir à tout prix appliquer des variables morales / humanistes à celle-ci. 

En d’autres termes, l’hypergamie ne se soucie pas de vos impératifs moraux – elle existe avec une efficacité égale, à la fois dans et sans un contexte moral.

L’hypergamie a été une vérité très inconfortable de l’existence humaine depuis bien longtemps, avant même que nous puissions la nommer. Chaque convention sociale entre les genres, dans toute l’histoire de l’humanité, a été une tentative pour marginaliser son influence ; ou dans le cas des femmes, chaque convention sociale servait à détourner les hommes de la compréhension de la façon dont l’hypergamie dicte les décisions les plus intimes des femmes. L’hypergamie est si omniprésente qu’elle a dû être sublimée de façon évolutive dans nos esprits subconscients/préconscients. La conscience de l’hypergamie est une chose si inquiétante pour la condition humaine, que, dans notre passé, l’humanité et l’évolution ont littéralement sélectionnés les humains qui avaient la capacité de réprimer psychologiquement la conscience même de l’hypergamie. Ainsi, vous obtenez des dynamiques sociales comme les « épouses de guerre », et tandis que moralement c’est un phénomène odieux, les hommes et les femmes qui en ont bénéficié se sont contentés d’hausser les épaules et de dire des choses comme « c’est comme ça » ou « tout a fonctionné pour la plus grande gloire de Dieu ». 

Nos concepts sur la romance, sur la religion, même notre compréhension innée des différences entre les sexes, ne sont que des manifestations qui reflètent la volonté humaine d’anthropomorphiser et d’exercer un contrôle sur l’hypergamie. Nous voulons croire que notre moi « supérieur » peut s’élever au-dessus des exigences physiques de l’hypergamie, mais nous constatons que ces idéalisations morales reflètent l’hypergamie dans ce contexte idéalisé.


Source : « Hypergamy synthesis » publié par Rollo Tomassi le 25 mars 2013.