« Coy » a exprimé un besoin d’éclaircissement sur le mythe de la « femme de qualité » :
Rollo,
J’apprécierais beaucoup que vous me disiez ce que vous pensez de « la femme de qualité ». Vous avez évoqué ce phénomène dans plusieurs de vos précédents articles, mais je me sens vraiment glisser inconsciemment dans ce cercle binaire d’abrutis qui consiste à ne voir que la madonne / la salope. Un article dédié serait bien.
J’ai évoqué cela dans l’article « les conventions sociales des idiots » :
Le mythe de la « femme de qualité ».
Il me semble que tout ce que j’ai lu jusqu’à présent sur le forum SS est une espèce de quête sans fin vers une « femme de qualité ». Il y a toujours eu beaucoup de discussions et de sujets demandant des définitions claires de ce qui constitue une « femme de qualité », et ces sujets placent commodément les femmes en deux catégories – les « femmes de qualités » et les salopes, comme s’il n’existait pas de justes milieux ou de « zone grise ». On voit comment il est aisé de classer une femme en fonction de ses aventures passées (aussi odieux que cela puisse être) dans l’une ou l’autre de ces catégories. Il s’agit de « pensée binaire » dans ce qu’elle a de plus pure : dedans ou dehors, noir ou blanc, femme de qualité ou salope.
Je pense que le terme de « femme de qualité » est un terme erroné. Les hommes ont tendance à appliquer ce terme à leur guise non pas pour définir ce qu’ils aimeraient chez une femme (ce qui n’est d’ailleurs qu’une idéalisation), mais plutôt pour exclure les femmes avec qui ils n’avaient vraiment aucune chance en premier lieu, ou pour exclure les femmes sur lesquels ils se sont investis pour se faire finalement rejeter. Cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas de femmes qui se comportent avec malice ou sans discernement, et je n’insinue pas non plus qu’elles devraient être excusées lorsque des femmes agissent mal. Ce que je veux dire, c’est qu’une pensée d’idiot de voir les femmes comme des idéalisations préconçues, et de les écarter commodément de la définition de « femme de qualité » lorsque ces idiots sont incapables de prédire, et encore moins de contrôler, leurs comportements.
Le danger inhérent à cette convention sociale est que l’idiot (et même « l’homme éclairé » qui souscrit quand même à la convention) se limite alors à ce qu’il perçoit comme étant une femme de qualité, basé sur un conditionnement. Et ainsi, les idiots vont se retrouver avec une « femme de qualité » par défaut, uniquement parce qu’elle est la seule candidate qui accepterait un tel idiot dans son intimité. Cela devient une prophétie auto-réalisatrice par processus d’élimination. L’image est la suivante : les idiots tirent une flèche, peignent une cible autour du point d’impact et appellent ça un coup de maître, après quoi ils se sentent bien parce qu’ils ont cru à une convention sociale (malavisée).
Alors pourquoi est-ce une convention sociale ? Parce que c’est socialement inattaquable. Étant donné que cette convention est enracinée dans une prémisse binaire, personne ne serait susceptible de la contester. Il serait insensé pour moi de dire : « Oui, Monsieur l’idiot, je pense que vous devriez éviter ce que vous pensez être une femme de qualité ». Il y a non seulement cela, mais nous obtenons aussi une certaine satisfaction de l’affirmation qui vient d’autres hommes qui confirment notre évaluation de la catégorie dans laquelle une femme devrait rentrer. Ainsi, cette convention sociale devient socialement renforcée.
Prenez soin de ne pas faire de votre état de nécessité une vertu, en faisant d’une « femme de qualité » votre substitut à une cristallisation.
À l’époque il avait une émission de radio, Tom Leykis a fait un reportage sur ce sujet : il demandait à des « femmes du quotidien » d’appeler et de raconter leurs histoires sur la façon dont elles se comportaient sexuellement dans leur jeunesse (c’est-à-dire comme des salopes) et comment elles sont maintenant. Il a eu cette idée après être passé devant une école primaire en allant au studio et avoir vu toutes les femmes qui y attendaient que leurs enfants sortent et qui se demandaient comment était leur vie quand elles avaient 20 ans et qu’elles n’avaient pas d’enfants. C’était un sujet extrêmement populaire et les confessions affluaient comme si toutes ces femmes attendaient depuis des années d’avouer anonymement le passé sexuel que leurs maris auraient eu peine à imaginer : toutes les choses dont elles capables ! Chacune de ces femmes semblait fière d’elle-même, presque nostalgique, comme s’il s’agissait d’une sorte d’accomplissement.
C’est pourquoi le concept de la femme de qualité me fait rire. N’interprétez pas cela comme une opinion binaire « femmes = salope ». Je le pense dans le sens où le concept de femme de qualité, chez la plupart des hommes, est une idéalisation irréaliste. Il n’y a pas un seul homme au monde qui s’est engagé dans la monogamie avec une femme, qui ne pensait pas qu’elle était de « qualité » quand il était avec elle. Même si elle était une névrosée clinique avant qu’il ne la fréquente, elle a toujours « d’autres qualités rédemptrices » qui font qu’elle en vaut la peine. Ce n’est qu’après que le monde qu’il a construit autour de son idéalisation se soit effondré en flammes qu’elle « n’était pas vraiment une femme de qualité ».
L’ajustement forcé.
La femme de qualité se définit par la façon dont elle correspond à l’idéal conditionné d’un homme. Le commentateur « Good Luck Chuck » a déploré dans l’article de la semaine dernière qu’après un certain âge, toutes les femmes sont des veuves Alpha, ou, perdent progressivement l’idéalisation de l’incarnation de la Femme de Qualité. Si je comprends la frustration, il y a un ton étrangement similaire que les hommes utilisent lorsqu’ils déplorent le manque de femmes de qualité dans le monde et qui fait écho à celui des femmes lorsqu’elles demandent « qu’est-il arrivé à tous les vrais hommes ? » ou « Où sont les vrais hommes ? ». La seule différence est que dans le « monde des filles », une femme a droit à un vrai homme, indépendamment de ses propres qualités, alors qu’un homme est moins qu’un homme parce qu’il se plaint si une femme n’a pas ces qualités.
Je n’envie pas la situation dans laquelle se trouvent les hommes monogames de cette époque. Au fur et à mesure que nous devenons une société de plus en plus connectée, les indiscrétions du passé d’une femme deviendront de plus en plus difficiles à cacher, et encore moins à atténuer. Alors qu’auparavant, à moins qu’une femme n’ait travaillé dans le domaine du porno, documenter son passé sexuel et/ou intime était peut-être un effort qu’il valait mieux réserver aux enquêteurs privés. Aujourd’hui, il suffit de lire son empreinte sur les médias sociaux pour que tout le monde puisse prendre connaissance de son passé sexuel.
C’est dur pour un type qui est convaincu que sa femme vierge l’attend quelque part dans le monde. C’est peut-être un peu binaire pour tous, sauf pour le plus blanc des chevaliers, mais par ordre de degré, et avec une prudence mesurée, je pense qu’il est important que les hommes se désabusent de l’idée selon laquelle ils finiront par trouver la salope vierge, qui ne sera que leur salope vierge.
Et bien que je ne préconise jamais qu’un homme se dépêche d’épouser ces salopes, le problème de cette idéalisation est que les hommes veulent forcer la femme qui ressemble le plus à sa conception de la « femme de qualité » à jouer ce rôle imaginaire. Cela devient une boucle de rétroaction psychologique – se connecter avec une « femme de qualité », découvrir ses défauts, ses conditions personnelles et les décisions qu’elle a prises et qui en ont résulté, puis (après avoir tenté de les rationaliser lui-même) la disqualifier de la désignation « femme de qualité ». La boucle est bouclée lorsque sa disqualification en tant que « Femme de qualité » crée un environnement propice à la recherche de son prochain « joyau ».
La mauvaise et la bonne nouvelle est que, plus la connectivité et la communication entre les hommes augmentent, plus ils se rendent compte que la « Femme de Qualité » est une impossibilité, même pour la plus gracieuse des femmes. Grâce à la montée de la manosphère, nous avons un consortium mondial d’hommes qui échangent leurs expériences individuelles avec les femmes pour les comparer et les contraster. Ce qui est bien, c’est qu’il est facile de générer une liste de « drapeaux rouges » à surveiller ou à lire sur les conséquences que les hommes ont subies du fait de leur existence avec la pilule bleue. La mauvaise partie est qu’avec cette meilleure compréhension vient la réalisation que même les meilleures des femmes sont toujours sujettes à l’hypergamie, à l’impératif féminin et à l’environnement centré sur la femme dans lequel elles se trouvent.
Un peu de connaissances est parfois dangereux – après avoir pris conscience de ce fait et fait preuve de discernement, les hommes sont susceptibles de se retrouver avec une très longue liste de conditions préalables et de signaux d’alerte. Je ne dis pas que les hommes doivent s’abandonner à l’inévitable mariage avec une ancienne salope enragée, mais je dis qu’une partie importante de la démarche pour se débrancher de la matrice est de se défaire de l’idéalisation de la « Femme de Qualité ». Il y a beaucoup d’anciennes salopes bienveillantes et attentionnées, et il y a des femmes vierges et chastes qui n’ont pas la motivation nécessaire pour les faire évoluer dans une direction que personne n’attendrait jamais d’elles.
Source : « Quality Women » publié par Rollo Tomassi le 19 mars 2013.
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