La découverte de la pilule rouge peut prendre de nombreuses formes. Lorsque j’étais à l’université, j’ai écrit un article pour le journal étudiant sur une prétendue agression sexuelle. Il s’agissait d’une de ces situations où une femme s’est saoulée, a eu des rapports sexuels avec un homme et s’est réveillée le lendemain matin avec des souvenirs flous et des remords.
Au début, elle a dit qu’elle avait été violée. Lorsque la police a essayé de revoir les détails avec elle, elle a changé d’avis : après tout, l’acte était consensuel, a-t-elle dit. Tout cela a été décrit dans les rapports de police.
Les policiers m’ont dit que c’était une situation courante sur le campus. La fille se réveille après une nuit de sexe dans une fête, avec peu de souvenirs de ce qui s’est passé la nuit précédente. Elle réalise qu’elle a eu des rapports sexuels et se sent violée. Lorsque les flics lui demandent des détails, sa mémoire lui revient parfois. Si ce n’est pas le cas, il y a souvent plusieurs témoins, hommes et femmes, qui se souviennent de ce qui s’est passé.
Comme vous pouvez l’imaginer, les trous de mémoire dus à l’alcool – la perte de mémoire associée à l’état d’ébriété – rendent extrêmement difficile de distinguer ces cas des viols forcés. Un officier m’a dit (officieusement, bien sûr) qu’il hésitait à aller de l’avant avec des accusations qui sont difficiles à prouver, qui ont probablement peu de base factuelle et qui entraîneront une tonne de publicité négative pour l’accusé.
Mais cette fille était persistante. Elle a porté l’affaire devant le comité disciplinaire, pour voir si elle pouvait briser le gars de cette façon, mais le comité – dirigé par une femme – a déclaré qu’il n’y avait pas eu d’autres violations du règlement que la consommation d’alcool par des mineurs.
Elle a ensuite intenté des poursuites contre l’université et la fraternité du défendeur.
Quand j’ai écrit à ce sujet, j’ai mentionné qu’elle avait été intoxiquée. Selon les rapports de police, son taux d’alcoolémie était de 0,107 lorsqu’elle a été testée, le matin après la fête. Elle a également déclaré au comité disciplinaire qu’elle avait beaucoup bu.
J’ai fait remarquer que, selon la loi de l’État, les femmes qui sont à ce point ivres ne peuvent pas vraiment « consentir » à des relations sexuelles avec un homme. Tout rapport sexuel dans ce cas est légalement considéré comme un viol. La police essayait de faire croire qu’elle n’avait aucune base pour des accusations criminelles, mais techniquement, elle en avait.
La simple mention de l’alcool a mis en colère un groupe féministe du campus qui m’a accusé de blâmer la victime et de faire partie de la « culture du viol ». Même si c’était un fait, ils ont estimé que je n’aurais pas dû le mentionner.
Un courriel en particulier, provenant d’une étudiante qui prétendait être victime d’une agression, m’a vraiment touché. Elle m’a dit que je faisais partie d’une société patriarcale qui faisait honte aux victimes de viol, et qu’elle ne voulait pas avoir honte. Elle s’est même félicitée d’avoir été forte et courageuse en s’élevant contre cela. Elle a ensuite écrit une lettre au rédacteur en chef sur le même ton.
J’ai répondu avec une certaine colère (j’étais à l’époque un « libéral » universitaire assez typique), et peu de choses me semblaient pires que d’être accusé de sexisme et de soutenir la « culture du viol ». Je lui ai dit qu’elle n’avait absolument rien compris. J’ai dit que l’inclusion de son taux d’alcoolémie renforçait le cas de la victime, et non l’affaiblissait. Avait-elle seulement lu l’article ?
Elle a transmis ma réponse à d’autres membres du groupe, qui se sont montrés choqués que j’ai été aussi cruel envers une victime d’agression sexuelle, même si elle était la première à lancer des attaques personnelles. Elle ne s’est pas contentée de dire qu’elle n’aimait pas la formulation de l’article – elle m’a accusée d’être un partisan du viol.
Ils ont écrit des lettres au journal et sont allés sur notre page Facebook pour se plaindre. La discussion sur Facebook était pathétique, de nombreuses femmes se ralliant à l’idée que l’article visait à « blâmer la victime ». Je me suis demandé comment des étudiantes avaient pu lire l’article sans en comprendre l’essentiel : la police aurait pu porter plainte, mais a choisi de ne pas le faire.
Ce fut un choc, car à l’époque, j’étais désespérément naïf sur les agressions sexuelles, le féminisme et la « culture du viol ». Cette expérience m’a montré à quel point les féministes sont illogiques. Leurs sentiments et leurs sensibilités semblaient être plus importants que les faits de l’affaire. Ce groupe m’en voulait d’avoir écrit la vérité simplement parce que cela donnait une mauvaise image de la victime.
Cette affaire m’a montré beaucoup de défauts que je vois tous les jours dans la blogosphère féministe – le manque de compréhension, le manque de lecture, l’utilisation de la victimisation de l’agression sexuelle comme bouclier contre la critique, le manque de responsabilité et un radar visant à débusquer tout ce qui pourrait être légèrement interprété comme offensant.
Au fil du temps, cette sphère continue de s’étendre. Il semble que Slate et The Atlantic ont été complètement pris en charge par des femmes « émancipées » et perpétuellement offensées. À en juger par les bêtises misandres vomies sur les campus universitaires, ça ne peut qu’empirer.
Plus le temps passe, plus je regrette mon rôle dans l’article. Avoir des relations sexuelles avec une femme ivre qui est consentante n’est pas un viol. Les accusés dans cette affaire n’étaient probablement pas coupables de quoi que ce soit, sauf de mauvais jugement, au pire. Le mec a de la chance d’avoir échappé à la prison, même si son nom a été traîné dans la boue.
Cette expérience m’a permis de tirer des leçons importantes sur la façon d’écrire sur les accusations d’agression sexuelle. Mais j’en ai retiré une leçon de vie encore plus importante : les féministes sont des tas de merde.
Source : « How feminist censorship introduced me to the red pill » publié par Yuumuraj le 22 février 2013.