Avant de hurler de dégoût, regardez cet épisode TED jusqu’à la fin. C’est important que vous le fassiez parce que le véritable intérêt, dans ce dont parle Cameron Russel ici, se trouve à la fin. Il est très facile de rejeter tout ce qu’elle dit parce qu’elle n’est qu’une jolie fille de plus souffrant du syndrome de culpabilité du privilège blanc, mais là où elle veut en venir ici, c’est à une inversion du mouvement « Body (fat) acceptance ».
Le sujet d’aujourd’hui provient du fil de discussion du forum SS de Burrough, et après avoir regardé cette vidéo, j’ai senti qu’il y avait ici beaucoup de questions sociales et sexuelles interconnectées. Je ne doute pas que Cameron soit l’un des « super modèles » les plus intellectuellement développées de la dernière décennie, mais ses observations apologétiques ici ne sont efficaces que parce qu’elle les aligne avec ce qui va être bien reçu par un public féminin, et elle le sait.
« PlayHerMan » a eu le meilleur commentaire de ce fil de discussion, qui permet de placer son message en contexte, avant que je n’aille plus loin :
La plupart des femmes séduisantes ne commencent à comprendre le fonctionnement du monde que lorsqu’elles commencent à perdre leur beauté. La plupart d’entre elles ne sont vraiment pas conscients du fait que leur apparence a probablement ouvert 95 % des portes dans leur vie. Je suppose que la fille dans la vidéo n’était pas consciente de ça non plus quand elle avait 22 ans. C’est pourquoi elle parle de cela MAINTENANT, et pas AVANT. Si vous lui aviez raconté ces conneries à l’époque, elle aurait probablement dit que c’étaient là des conneries.
Maintenant qu’elle a passé la « fleur de l’âge », elle a réalisé que son apparence signifiait tout dans sa vie. Une fois que son apparence se sera détériorée, elle sera jetée hors de l’industrie comme un vulgaire « donuts » de la veille et sera invisible pour la plupart des hommes dignes.
Une fois que l’épanouissement de la jeunesse commence à s’estomper et que les choses commencent à s’affaisser… c’est un véritable réveil pour la plupart des femmes. Pour la première fois de leurs vies, tout le monde n’est pas à leurs pieds. Pour la première fois de leurs vies, elles doivent payer plein tarif. Pour la première fois de leurs vies, elles doivent être qualifiées ou connectées à quelqu’un d’autre pour obtenir un emploi. Pour la première fois de leurs vies, les hommes ne se jettent pas sur elles. Pour la première fois de leurs vies, elles doivent faire face à la dure réalité que chaque homme connait depuis qu’il est jeune : soit utile ou disparait.
Les femmes qui pensent avoir droit à tout qui s’aperçoivent de cela rapidement tombent enceinte afin de se procurer une assurance et une assistance de l’État, si elles ne trouvent pas avant un homme disposé à les servir financièrement.
Si vous passez votre vie dans l’illusion qui consiste à croire que vous pouvez exploiter les hommes et si vous pensez que vous pouvez vivre ainsi pour toujours, c’est un réveil brutal lorsque vous vous retrouvez dans la quarantaine sans compétences, sans argent, sans enfants et sans hommes pour prendre soin de vous. C’est effrayant.
« PlayHerMan » nous donne ici un bon point de départ. Cameron vit son « moment de révélation » en ce sens que, bien qu’elle soit encore séduisante maintenant, elle voit le mur qui arrive, et elle a besoin d’une catharsis, d’une sorte d’absolution, pour avoir vécu (volontairement ?) dans l’oubli pendant si longtemps. Elle sait très bien que la majorité des femmes d’un public de TED auront probablement passé par diverses étapes de haine des femmes, exactement comme elle, dans leurs éducations. Elle sait également qu’à un moment donné, elle devra progressivement rejoindre leurs rangs dans une existence post-Mur et doit faire la paix avec elles afin de coexister, dans leur phase de vie qui leur est propre.
En ce qui concerne ces femmes qui vivent en dehors des canons de beauté, mêmes les plus intellectuelles d’entre elles veulent ressentir ce que Cameron a ressenti. Ce sont des femmes qui sont dégoûtées par les publicités dont le message est : « ne me détestez pas parce que je suis belle », mais lorsque Cameron délivre le même message d’une manière plus acceptable intellectuellement, elles acceptent de se soumettre à la grande sororité. Elles la détestent, mais elles l’aiment en même temps.
La célébrité génétique.
Cameron Russel a raison d’affirmer qu’elle a bien gagné à la loterie génétique, d’un point de vue contextuel. Elle était trop isolée dans son « monde de mannequin » pour avoir le temps de réfléchir en profondeur à ce qu’est la beauté et à ce que cela implique biologiquement, puisque cela ne servait pas son solipsisme féminin. Elle reconnaît l’aspect génétique de la beauté, mais seulement dans la mesure où elle en a expérimenté l’utilité dans le monde très particulier des mannequins. Pour elle, la beauté n’est que de la chance au tirage au sort. Peut-être qu’une femme peut s’améliorer grâce à la chirurgie esthétique et en maintenant un bon régime alimentaire, et avec de l’exercice physique, etc. mais pour une fille qui bénéficie déjà d’une belle apparence naturelle et d’un métabolisme élevé à un âge précoce, on ne peut guère s’attendre à ce qu’elle développe la perspicacité nécessaire pour voir la beauté comme autre chose que de la chance.
Comme la plupart des femmes qui cherchent une rationalisation face à la brutalité impitoyable du tirage au sort génétique, elle a recours, comme on pouvait s’y attendre, au trope féministe en vertu duquel la « beauté est une construction sociale ». Il est intéressant de noter que même les anciens top-modèles adoptent ce modèle féministe lorsque cela sert mieux leurs intérêts que leur apparence habituelle. Vous voyez, ce n’est pas que vous ne soyez pas belle, c’est que la société patriarcale a perverti la beauté en imposant un standard commercial de beauté.
Bien que ce raisonnement serve surtout à apaiser la femme 4/10 qui est en manque de sexe Alpha, il y a bien une part de vérité dans tout cela. Ce n’est pas que les hommes répondent à une norme sociale préfabriquée pour la beauté, c’est que nous avons tendance à idéaliser certains modèles biologiques de beauté. Dans « Why Men Are The Way They Are », le docteur Warren Farrell décrit cette femme idéalisée comme une « célébrité génétique ». C’est la fille qui ressemble le plus à ce qu’un adolescent considère comme la fille de ses rêves. C’est elle qui, dans la vie réelle, correspond le mieux au « Playboy Centerfold », au modèle pour maillot de bain, etc… qui l’excite. Il ne s’agit là que d’une idéalisation superficielle, mais le degré d’idéalisation s’accroît avec les couches de personnalité idéalisée, la sincérité d’une femme, une connexion émotionnelle, la disponibilité sexuelle, et une foule d’autres attributs s’ajoutent à mesure que l’homme mûrit.
Cela dit, au début, la célébrité génétique est ce par quoi la plupart des garçons commencent. Montrez-moi un type avec une très mauvaise « cristallisation » et je vous montrerai un type qui est psychologiquement convaincu que la fille qui l’obsède correspond en réalité au modèle de célébrité génétique sur lequel il fait une « fixette ». Pour moi, c’est facile, j’aime les jolies blondes au ventre plat, aux longues jambes, aux petits culs parfaits et aux seins moyens. Dans les années 80, Heather Locklear était mon modèle de célébrité génétique quand j’étais un ado. Depuis, j’ai connu toute une série de femmes différentes, mais mes « récidives » les plus fréquentes étaient avec ce type de femmes, y compris celle avec laquelle les choses se sont très mal passées, et oui, Madame Tomassi correspond à cet idéaltype.
Je pense qu’il est très important que les hommes reconnaissent ce modèle préférentiel en eux-mêmes. Je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose en soi, mais cela peut prédisposer un homme à prendre de mauvaises décisions, à renoncer à son cadre ou à développer une cristallisation pour que la fille de ses rêves devienne réalité pour lui-même malgré les dangers qu’elle peut représenter.
Bien que je ne puisse pas le prouver, je pense qu’il y a peut-être un but psychologique résiduel à ce qu’un homme développe un modèle génétique pour sa compagne idéale. Le sexe se vend pour des raisons évidentes, et la commercialisation de la sexualité a pris le dessus il y a longtemps, mais le bonus supplémentaire pour les intérêts commerciaux est la tendance compulsive des hommes à imprimer ce modèle dans leur psychisme.
Ne faites pas l’erreur de penser que ce modèle est le résultat d’une fabrication pour les hommes – c’est un baume pour l’Ego rationalisé du féminisme – les raisons pour lesquelles les hommes décident que telle ou telle femme est ou non une célébrité génétique trouvent leurs causes dans l’histoire de l’humanité, non dans un passé très récent. En d’autres termes, si Heather Locklear a été mon modèle, au lieu de Rosy O’ Donnell, c’est parce que son physique s’alignait avec ce que ma psychologie trouvait excitant. S’il était vrai que la beauté est une construction sociale, alors il serait logique d’affirmer qu’avec suffisamment de réingénierie sociale, les Rosy O’ Donnell du monde entier finissent par devenir des célébrités génétiques. Le mensonge dans tout cela, et dans l’analyse de la beauté par Cameron, est la partie génétique de la description ; c’est la biomécanique qui fait la beauté en premier lieu.
Source : « Genetic Celebrity » publié par Rollo Tomassi le 21 février 2013.