Apprivoiser la bête.

Mary Sunshine a proposé une question intéressante dans un fil de discussion la semaine dernière :

Sachant ce que nous savons de l’hypergamie – qu’elle est innée et qu’elle n’en a rien à foutre – et sachant aussi ce que nous savons des signaux d’attraction des femmes qui se dirigent de manière plus prononcé vers les hommes alpha pendant l’ovulation… les hommes peuvent-ils supporter l’idée de vivre avec une personne qui doit se battre contre (en supposant qu’elle se batte contre) un désir inné général de changer de partenaire et un désir spécifique de s’approprier un mâle alpha pendant l’ovulation ?

La réponse courte à cette question est : oui, en fait, les hommes ont évolués de manière à développer des contingences sociales et psychologiques qui leur permettent d’atténuer l’hypergamie, et ils ont cette capacité depuis le début de notre espèce, en tant que chasseurs-cueilleurs. On pourrait même dire qu’une grande partie de nos réalisations au niveau de la culture et de l’espèce sont le résultat de la volonté latente des hommes de faire face à l’hypergamie innée des femmes.

L’erreur commune que fait Marie ici est de présumer que l’état naturel de l’hypergamie est d’être « dans le vide ». L’hypergamie n’est pas statique. La capacité d’une femme à optimiser l’hypergamie est spécifique à cette femme. Il existe de nombreuses variables complexes qui influencent l’idée qu’une femme se fait d’elle-même en ce qui concerne l’évaluation de sa valeur sur le marché sexuel. 

En règle générale, une étudiante sexy de 22 ans sera plus prédisposée à ses pulsions hypergamiques car elle a la capacité d’en tirer profit, beaucoup mieux qu’une mère divorcée de deux enfants de 44 ans. Trop d’hommes pensent que l’hypergamie nécessite cette prise en charge sans fin, mais à l’exception des femmes isolées, les femmes devraient réguler leur hypergamie en fonction de leur propre capacité à l’optimiser.

Ce n’est pas parce que l’état naturel d’une femme est l’hypergamie qu’elle est capable de l’optimiser. Elle peut manquer d’opportunités (c’est-à-dire : pas d’hommes Alpha au bon endroit ou au bon moment), elle peut manquer d’attrait physique, elle peut avoir des croyances intériorisées qui la rendent plus « gênée », elle peut avoir des problèmes d’estime de soi (trop ou pas assez de confiance en elle), ou elle peut simplement être acculturée dans une société qui impose des limites à sa capacité à optimiser l’hypergamie. Toutes ces conditions limitatives sont liées à son impulsion hypergamique innée.

C’est le principal combat des femmes ; gérer ces facteurs limitants face à une hypergamie « câblée » (« neuronalement »), tout en faisant face à la progression constante, inévitable, vers le Mur. « Encaisser » trop tôt et affronter le doute tenace qu’elle aurait pu consolider une relation avec l’engagement d’un homme meilleur. « Encaisser » trop tard et vivre avec les conséquences d’avoir choisi un homme alors qu’elle aurait pu faire mieux (« veuve d’Alpha »). N’oubliez pas que tout cela se produit dans le cadre des diverses limitations personnelles (ou des avantages) dont elle est dotée.

Hypergamie non consolidée.

Un malentendu courant que je pense que la plupart des gars possèdent à propos de l’hypergamie est qu’elle requiert une attention constante. La plupart des MGTOW suivent cette logique dans une certaine mesure, pensant que l’effort nécessaire pour contenir l’hypergamie féminine signifie qu’il faut procéder à des jeux d’esprits sans fins et à des exercices quotidiens afin de maintenir un certain équilibre et une certaine harmonie dans toute relation avec une femme. Ils pensent que le jeu n’en vaut pas la chandelle et, dans leur cas, ils ont peut-être raison, mais ce dont ils ne tiennent pas compte, c’est de l’équilibre naturel entre les sexes qui existe déjà. L’hypergamie est d’autant plus facile à contenir que la femme est moins capable d’en tirer profit.

Imposer des limites à l’hypergamie féminine est vraiment une question d’application. Pourquoi notre réaction réflexive consiste-t-elle à qualifier les hommes possessifs d’« incertains », ou de dire qu’ils manquent de confiance en eux ? Parce que sous ce contrôle manifeste, nous croyons qu’un homme n’a pas la capacité d’inspirer un véritable désir à sa femme, l’incitant ainsi à autoréguler sa propre hypergamie. Pourtant, nous considérons toujours que surveiller son partenaire est sage, dans une certaine mesure. C’est donc là que se situe la limite du contrôle de l’hypergamie – comme pratiquement tout dans le Game, appliquez-le ouvertement et vous semblez « peu sûr de vous », appliquez-le secrètement et vous semblez confiant et en contrôle.

Pour bien comprendre cela, il faut également tenir compte de la dynamique de réponse Alpha/Beta. L’hypergamie féminine prédispose la femme la plus attachée à son compagnon à lui faire subir des tests quand même. Lorsque les hommes en prennent conscience, leur esprit rationnel y voit une insécurité et une nuisance auxquelles ils devront constamment faire face. Cependant, la nature nous a donné les moyens de faire face à ces tests d’une manière que nous ne connaissons pas vraiment. J’ai vu des hommes, mêmes les hommes les plus Beta, mettre les pieds dans le plat après un test particulièrement méchant, et dire à leur femme ou à leur copine d’aller se faire foutre. Une telle réponse provient de l’exaspération, mais cette provocation, ainsi que la réponse qui a été donnée, c’est exactement ce que leur femme voulait savoir, en leur faisant passer un test. Ils n’ont pas réalisé qu’ils le faisaient, ils étaient juste énervés, ont perdu leur sang-froid et se sont peut-être excusés plus tard d’avoir agi de manière aussi effrontée, mais c’était exactement ce dont l’hypergamie de leurs femmes avait besoin pour confirmer qu’ils ne sont pas des losers. 

Le contrôle de partenaire est un autre de ces mécanismes subliminaux qui permet de contenir l’hypergamie. La plupart des hommes (généralement Betas) ne se rendent pas compte qu’ils manifestent des comportements de surveillance de leur compagne au moment exact où leur femme ovule et est plus excitée par l’Alpha inconnu. Le comportement de la femme se manifeste par des signaux comportementaux qui sont détectés par l’homme, inconsciemment, lequel, en retour, se met à surveiller davantage sa compagne – tout cela dans un effort tout ce qu’il y a de plus naturel pour contenir l’hypergamie innée de sa conjointe. La nature est déjà consciente de l’hypergamie et a mis au point des contingences pour la limiter.

Un autre aspect de la limitation de l’hypergamie est la compétition intrasexuelle à laquelle les femmes se livrent sur le marché sexuel. Chez les femmes, l’hypergamie est essentiellement une course vers le sommet. Les ressources de plus grande valeur (les hommes avec une VMS élevée) font baisser le coût (l’effort) que l’on est prêt à mettre dans des ressources de moindre valeur. Les hommes de plus grande valeur diminuent en fréquence par rapport aux hommes de moindre valeur, mais l’hypergamie ne cherche pas son propre niveau, elle s’oriente toujours par défaut vers une meilleure optimisation. Pour une femme, le jackpot biologique consiste à obtenir un engagement génétique et de ressources de la part d’un partenaire qui s’inscrit plus haut qu’elle en termes de valeur sur le marché sexuel. 

La nature même de l’hypergamie a un « effet d’abattage » chez les femmes. Comme si les pressions pour optimiser l’hypergamie n’étaient pas assez urgentes au vu de ses conditions personnelles et du Mur imminent, ajoutez à cela une compétition intrasexuelle impitoyable qui atténue l’hypergamie.

Contrecarrer la nature.

Si un homme balance radicalement vers le côté Beta de la courbe, cela pourrait bien déclencher une nouvelle perception de soi pour sa femme et revigorer son impulsion hypergamique. De même, les médias et réseaux sociaux contribuent à l’apparition de nouvelles générations de femmes qui n’ont pas une image réaliste d’elles-mêmes en ce qui concerne leur valeur sur le marché sexuel et donc elles ont ainsi une fausse perception de leur capacité à optimiser leur hypergamie. L’hyperinflation de l’Ego féminin, ainsi que tous les facteurs qui y contribuent, sont désormais des mèmes bien connus de la manosphère. Tous ces facteurs et d’autres encore bouleversent l’équilibre de l’impératif féminin avec le masculin et exigent de nouvelles adaptations sociales et psychologiques.

De nombreux commentateurs de la manosphère vous diront à quel point la nature hypergamique des femmes s’est libérée depuis la montée du féminisme, du fémino-centrisme et de la poussée multigénérationnelle à féminiser chaque aspect de la culture occidentale. S’il est vrai que l’hypergamie s’en moque, et que beaucoup d’hommes souffrent des conséquences non préparées d’attentes dépassées en matière d’équité relationnelle, je ne crois pas que le changement culturel vers la primauté de l’impératif féminin soit le malheur de la société moderne. 

Certes, la révolution sexuelle et la contraception hormonale féminine ont radicalement déplacé la primauté de l’impératif féminin et sa directive première, l’hypergamie, mais cela signifie qu’un réajustement de l’impératif masculin est maintenant nécessaire. Avec la montée de l’internet et du méta-jeu qu’est la manosphère, je pense que nous assistons aux débuts de cet ajustement. Dans notre passé, la société et la nature ont développé des moyens de contenir l’hypergamie d’une manière dont nous ne sommes plus que marginalement conscients aujourd’hui, mais il s’agissait de contingences utilisables qui permettaient de maîtriser l’hypergamie. Cet équilibre finira par être rétabli, soit par l’abandon des mesures traditionnelles par les hommes, soit par une prise de conscience générationnelle par les femmes de la situation d’hypergamie débridée et des conséquences des mensonges que le fémino-centrisme a apportés à leurs mères et à leurs grands-mères.


Source : « Taming the Beast » publié par Rollo Tomassi le 18 février 2013. 

Illustration : shadestock.