Avant de me lancer ici, oui, oui, je sais déjà que CH s’est exprimé sur le sujet la semaine dernière, mais il a choisi un angle différent de ce que j’avais à l’esprit. Heartiste a choisi le point de vue que j’attendais : relier ce phénomène psychologique à des principes établis depuis longtemps dans la communauté de la séduction – les femmes qui s’investissent dans une relation avec un homme sont plus susceptibles de rester investies.
Les coaches en séduction ont un terme appelé « conformité », qui est une tactique de séduction conçue pour élever la valeur d’un homme par rapport à la valeur d’une femme, et pour évaluer le niveau d’intérêt d’une femme. Le concept est simple : vous faites une demande à une fille, et si elle se conforme à cette demande, vous savez qu’elle est attirée par vous. En outre, l’acte même de se conformer à votre demande impliquera qu’elle se sentira encore plus attiré vers vous.
L’investissement comme moyen d’attachement n’est pas une idée nouvelle en psychologie, mais l’application qu’en ont fait les coaches en séduction ouvre de nouvelles perspectives. Cependant, le problème avec l’effet Ikea, c’est que c’est un couteau à double tranchant.
Ecoutons Daniel Mochon, un professeur de Marketing de l’Université de Tulane, qui a étudié le phénomène : « Imaginez, par exemple, que vous venez de construire une table. Peut-être que votre table n’est pas très droite. Très probablement, votre femme ou votre voisin verrait cette table comme étant une table quelconque, voire comme le résultat d’un mauvais travail. Mais pour vous, cette table semblera vraiment grande, vraiment belle, parce que c’est vous qui l’avez créée. C’est le fruit de votre travail. C’est cela, l’idée derrière l’effet Ikea ».
D’un point de vue masculin, il est facile de voir l’utilité de ce phénomène lorsqu’il est employé avec une femme, cependant, lorsque vous combinez cette dynamique avec la mentalité d’un homme beta (ou pire, oméga), vous commencez à comprendre comme cela moule l’égo d’une personne qui a investi son estime de soi dans la réciprocité ou l’équité relationnelle.
La plupart d’entre nous croient intuitivement que les choses sur lesquelles nous travaillons sont les choses que nous aimons. Daniel Mochon et ses collègues, Michael Norton à la Harvard Business School et Dan Ariely à l’Université Duke, ont changé de perspectives sur ce sujet. Et si, demandaient-ils, ce n’est pas l’amour qui mène au travail, mais le travail qui mène à l’amour ?
J’ai conseillé d’innombrables gars qui sont lamentablement amoureux d’une femme à problème, elles ont trompé leurs conjoints, par leurs actions, elles ont démontré qu’elles n’avaient aucune capacité à apprécier les efforts que leurs hommes avaient fait pour elles, se dirigeant toujours plus vers davantage d’équité relationnelle, mais ces hommes se contentent de dire : « je ne sais pas, je suis juste amoureux d’elle ».
Dans une série d’expériences, les professeurs ont démontré que les gens attachent une plus grande valeur aux choses qu’ils ont construites, plutôt qu’à la même chose, si elle est construite par quelqu’un d’autre. Et dans de nouvelles expériences publiées récemment, ils ont découvert pourquoi cela se produit : construire vos propres trucs stimule vos sentiments de fierté et de compétence, et signale également aux autres que vous êtes compétent.
Il y a un élément insidieux ici : les gens qui se sentent incompétents peuvent être plus vulnérables à l’effet Ikea. D’autre part, Mochon a constaté que lorsqu’on donne à des personnes un coup de pouce sur leur estime d’eux-mêmes, ils semblent être moins intéressés à démontrer à eux-mêmes et aux autres qu’ils sont compétents.
Considérez le degré de compétence que la plupart des hommes beta pensent avoir vis-à-vis de leur manque de succès, ou de leur succès limité, avec les femmes. Ils ont tendance à chercher des excuses faciles pour justifier et expliquer leurs expériences limitées avec les femmes. Ils font appel au destin – « je n’ai pas de chance avec les filles » – ou ils vont des comparaisons insuffisantes – « les femmes cherchent les c*nnards et je n’en suis pas un » – ou alors ils vont disqualifier les femmes – « je ne suis pas à la recherche d’une fille facile ». Avec tout cela en tête, imaginez le degré de compétence qu’un homme beta doit ressentir quand il rencontre un succès limité avec une femme. Il se sentira validé, et plus encore, il va s’investir dans ce sentiment d’adéquation. Il sera « amoureux » à cause du travail qu’il a fourni, et à cause du travail qu’il estime nécessaire pour maintenir la relation dans un état constant.
Pour aller plus loin, imaginez que cet homme beta, devenu compétent, considère la perspective de perdre son « aimée » dans laquelle il s’est investi, et qu’il revienne à son état d’incompétence. Combinez cela avec les fausses attentes vis-à-vis de l’équité relationnelle, avec un conditionnement social imposé par l’impératif féminin, et probablement une intelligence sociale limitée ou marginale, et vous commencez à trouver la formule pour créer un « incel » potentiellement violent.
Source : « the IKEA effect » publié par Rollo Tomassi le 15 février 2013.