Éric a, encore une fois, fait une observation révélatrice, en commentant l’article « Soldats » :
Je comprends que l’impératif féminin est ce qu’il est. J’en suis encore au point où je dois appréhender cette idée à un niveau instinctif, mais je comprends le concept. Ce que je voulais dire par « parasiter les valeurs masculines », c’est moins juger la nature de l’impératif féminin que l’étendue de sa portée dans notre domaine.
Robert a souligné la différence flagrante. Là où je vois l’armée comme un dépositaire des valeurs et de la culture masculine, qui devraient être associées à la pilule rouge, il y voit un exemple parfait de contrôle des hommes par l’impératif féminin.
Le sujet du jour sur le blog de Dalrock cette semaine est (encore une fois) la validité de l’impératif féminin en tant que concept. Ce que je trouve exceptionnellement ironique dans la manosphère commodément christianisée, c’est ce bourdonnement incessant de chevaliers plus saints que blancs qui déplorent que l’impératif féminin corrompe ce que l’église devrait traditionnellement être, alors qu’ils sont incapables de voir au-delà de la façon dont l’impératif féminin affecte leur domaine.
Malgré tous leurs efforts, ils refusent d’accepter l’impératif féminin en tant que concept. Je me rends compte de l’importance qu’ils accordent à la nécessité de concilier la réalité de la pilule rouge avec leur foi, mais ils refusent de voir au-delà de l’effet de l’impératif féminin sur leur institution religieuse. Le fil de commentaires en dessous de l’article « soldats » est un excellent exemple d’une autre institution sociale, beaucoup plus large, l’armée, sur laquelle l’impératif féminin a à la fois projeté la primauté féminine, tout en s’assurant que les hommes Betas dont il dépend restent ignorants et utiles à l’impératif féminin.
Réinvention.
Dans l’article de Dal « Rebuilding the Mound », il prend à partie une commentatrice de son blog et il déconstruit la façon dont elle a tenté elle-même de déconstruire ses arguments à lui afin que ses arguments s’alignent davantage avec son interprétation à elle de l’impératif féminin. L’une des principales réussites de l’impératif féminin est sa capacité à se réinventer pour s’adapter à l’environnement actuel dans lequel il se trouve. L’impératif féminin a une capacité d’évolution qui lui permet non seulement d’évoluer pour s’adapter aux changements de culture et de société, mais qui lui permet aussi de s’adapter en fonction des échecs qui en résulte et dont il est responsable.
Il existe de nombreux exemples de la capacité d’adaptation, de révisionnisme, de l’impératif féminin. Les vieilles filles qui ont passés le mur ré imaginent le désespoir dans lequel elles se trouvent souvent en faisant des hommes les coupables de leur condition ; jamais l’impératif féminin n’est considéré comme la cause de tout cela. La « fluidité sexuelle » est une autre forme de révisionnisme qui absout l’impératif féminin de toute responsabilité :
L’avènement de l’adoption de la fluidité sexuelle chez les femmes est une tentative de la culture féminisée de mettre un pansement sur une jambe de bois. Alors que la culture féminine occidentale progresse à partir de la fin des années 60, de plus en plus de femmes s’éveillent à cette désillusion que le choix qu’elles ont fait de participer en tant qu’égal dans un monde masculin exigeait des sacrifices de leur féminité. Des sacrifices que la plupart des femmes viennent à regretter plus tard dans la vie. Entre 35 et 45 ans, les femmes ressentent de plus en plus les conséquences de leurs actes, leurs tentatives de tout avoir, et se demandent pourquoi elles ne se sentent pas satisfaites – elles trahissent leur « biomécanique » féminin si unique – de jouer le rôle de la « Nouvelle Femme ».
Ce consensus s’accroît, même dans le monde d’Oprah, alors que faire ? Ce que le féminisme a toujours fait, déplacer les poteaux de but et redéfinir le jeu. Les hommes, via une variété de raisonnements honteux, sont considérés comme incapables de vivre à la hauteur de ce qu’on attend d’eux : être puissants, accomplis, attrayants, mais si vous êtes une femme qui regrette d’avoir épousé un homme, et qui regrette d’avoir mis des enfants au monde, vous pouvez toujours avoir une seconde chance et « tout avoir » grâce à la fluidité sexuelle. Ce n’était pas lui, c’était l’homosexuelle inconnue qui était réprimée en vous pendant tout ce temps. Peu importe que ces hommes infantiles soient trop intéressés par la sexualité des jeunes femmes pour apprécier votre physique qui a passé le mur, il y a tout un monde composé de lesbienne qui vous attends, prêt à tenir la promesse d’une masculinité puissante, accomplie et attrayante que votre homme est incapable de vous offrir. Ce n’est pas du tout que le néo-féminisme ait eu tort et n’ai pas tenu ces promesses, c’est juste que vous étiez vraiment une lesbienne tout ce temps, et vous ne le saviez pas, et vous avez en fait été victime du Patriarcat, votre « vrai moi » a été réprimé.
C’est un excellent exemple de la capacité unique de l’impératif féminin à se transformer pour s’adapter aux changements de culture, même lorsqu’il est responsable des résultats négatifs. Un autre exemple est celui de Diane Mapes, qui a adapté son message de « Choreplay » pour s’aligner avec les résultats négatifs que cela a engendré cinq ans plus tard :
Je ne peux pas terminer cet article sans attirer l’attention sur ce que, j’en suis sûr, la plupart de mes lecteurs perçoivent comme un changement d’attitude en cinq ans par rapport à ces articles. Il est facile de les faire passer pour une progression fugace vers l’auto-compréhension féminine, mais rappelez-vous que Diane Mapes touche un salaire pour avoir écrit ces articles dans des sources médiatiques bien lues. Elle est un bras médiatique de l’impératif féminin.
Ce que nous observons ici, c’est la fluidité avec laquelle l’impératif féminin peut se réaligner socialement pour mieux augmenter sa propre propagation. Vous voyez qu’en 2008, le message aux hommes (qui résonnait chez les femmes) était du type « Fem-Up » : c’est-à-dire arrêtez d’être si incertain dans votre masculinité, messieurs, et faites la vaisselle et la lessive – la récompense sera un meilleur accès sexuel à votre femme. En 2013, le message adressé aux hommes (qui trouve à nouveau un écho chez les femmes) est le suivant : messieurs, arrêtez d’être une sorte de femme au foyer et sortez dans la cour et tondez la pelouse – la récompense sera un meilleur accès sexuel à votre femme.
Par rapport aux tâches ménagères, l’impératif féminin a exercé une sorte d’autocorrection sur lui-même, eu égard au résultat délétère que sa propre création a engendré. Le féminisme, en tant qu’impulsion sociale de l’impératif féminin, est toujours un travail en cours ; c’est toujours une expérience sociale, mais l’impératif féminin étant par défaut le « socialement correct », les échecs de l’expérience féministe doivent être transformé progressivement en succès révisés et voulus.
Les personnes qui ne peuvent pas se faire à l’idée de la totalité de l’impératif féminin le confondent souvent avec le féminisme. C’est une erreur facile compte tenu du bouleversement social dont le féminisme est responsable depuis la révolution sexuelle. Il est facile de montrer la preuve flagrante qu’une féminisation acculturée a pénétré notre conscience collective, mais je dirais que le féminisme est simplement le dernier effort social, et le plus agressif, que l’impératif féminin a mis en avant au cours du dernier millénaire. Le féminisme est le dernier résultat d’un impératif féminin sans cesse réinventé et en constante évolution.
Si la féminité traditionnelle servait mieux l’impératif féminin (comme elle l’a fait dans les générations passées), nous assisterions à un retour à ce paradigme social. Dans nos conditions actuelles, une utilité sociale hybride de la féminité traditionnelle et du féminisme agressif sont désormais interchangeables pour servir l’impératif féminin. Si les charmes de la gentillesse et la soumission à la courtoisie masculine servent le mieux, ce sera l’attente ; si les doctrines sociales féministes conditionnées fonctionnent mieux, c’est ce qui sera employé.
Lectures complémentaires : La réalité féminine et fémino-centrisme.
Source : « The Mother of (Re)Invention » publié par Rollo Tomassi le 12 février 2013.
Illustration : Anastasiya Gepp.