La nouvelle minceur.

Ma « foire aux questions » sur Reddit, qui a eu lieu lundi dernier, a généré de très bonnes questions : 

Vous avez déjà remarqué sur Facebook, que chaque fois qu’une nana moyenne, laide ou grosse poste une photo d’elle, une dizaine de femmes (et seulement des femmes) interviennent avec leurs commentaires sous la photo en disant des choses comme « SEXY ! », « Tu es si jolie ! », « tu es vraiment belle », alors qu’en réalité elle n’est pas belle du tout ! Les femmes essaient de faire en sorte que leur amie moins attirante se sente mieux dans sa peau ? Ou bien y a-t-il un autre moyen qui consiste à placer la barre plus bas pour se vanter d’être plus séduisante ?

Je vois, j’entends et je lis cela constamment. Ce que nous observons cependant, c’est une convention sociale féminine soigneusement construite, et une convention féminine combative de surcroit. En renforçant tacitement la « bonne mine » d’une femme manifestement en surpoids par des compliments positifs, le message latent est qu’elle n’a pas besoin d’améliorer son apparence pour attirer les hommes. La vérité, bien sûr, c’est qu’elle pourrait être à moitié baisable après avoir encore perdu 15 kilos, mais en lui disant qu’elle est canon, l’idée, sous la forme d’un compliment encourageant, est de l’amener à se détendre et à rester grosse. Ainsi, ceux (et celles) qui complimentent se sentent eux même à l’aise dans leur propre surpoids. 

Il s’agit en fait d’une tentative de socialisation par des femmes moins attirantes physiquement pour réguler le marché sexuel en leur faveur.

Je me souviens d’avoir vécu cette expérience bien avant l’avènement des réseaux sociaux. À l’époque où je travaillais dans l’industrie des casinos, j’étais dans la salle à manger avec le service publicité, en grande partie (heh) féminin, et la conversation a porté sur le fait qu’une femme de la comptabilité était « trop mince » et qu’elle avait besoin de prendre un peu de poids. Je n’étais pas du tout d’accord ; je connaissais la femme dont ils parlaient et elle aurait pu perdre cinq kilos et être encore en surpoids. Les femmes ont perdu toute raison quand j’ai dit qu’elle pouvait supporter de perdre quelques kilos et qu’elle devait faire de la gym plus souvent. Les gonzesses cassaient pratiquement la table avec leurs poings dans un mouvement de rage, et les accusations de misogynie fusaient, ainsi que les vieux tropes sur les désirs « superficiels » des hommes pour le physique.

Sachez que toutes les femmes en question étaient aussi grosses, sinon plus, que la femme en question. J’avais insulté le troupeau par association.

Ce qui est amusant avec l’image corporelle, c’est que la plupart des gens ont tendance à juger l’obésité en fonction de leur propre physique. Si vous êtes en surpoids et que votre groupe de connaissances habituel est en moyenne plus gros que vous, vous avez tendance à penser que vous êtes « normal ». C’est comme manger un beignet depuis une boîte que quelqu’un a apportée au travail pour le plaisir de tous. Si une personne mange un beignet, elle donne tacitement aux autres la « permission » d’en déguster un aussi.

J’étais une fois dans une distillerie au Panama avec un groupe de Néerlandais avec lesquels je travaille et une secrétaire panaméenne étonnamment séduisante m’a demandé si j’étais Néerlandais. Je lui ai répondu que non, que j’étais américain et elle m’a dit : « Oh, vous n’avez pas l’air américain ». J’ai ri pendant une minute et je lui ai demandé à quoi ressemblait un Américain et elle m’a répondu : « Eh bien, ils sont tous gros ». Je l’ai pris comme un compliment, mais j’étais d’accord avec elle.

Juger un livre à sa couverture.

On ne peut pas juger un livre à sa couverture, mais le plus souvent, c’est un bon indicateur de ce dont il s’agit. Une couverture attrayante doit donner envie au lecteur de lire.

Les femmes ont des critères de sélection beaucoup plus durs envers les hommes, que les hommes en ont pour les femmes, en ce qui concerne une relation à long terme. Les femmes fondent leur estimation d’un homme sur sa confiance, son statut, son aisance, son apparence, son humour, son intellect, sa créativité, son ambition, sa détermination, son esprit de décision, … et la liste est longue. Les exigences des hommes en matière d’intimité ? L’apparence et la disponibilité sexuelle, c’est tout. Au-delà de cela, vous pouvez faire valoir toute qualité éphémère qui vous convaincra que la fille vaut votre investissement à long terme, mais si elle n’est pas assez sexy pour garder votre intérêt physique, vous allez chercher ailleurs pour compenser.

Pourtant, quelle est la tactique de moquerie la plus courante que les femmes utilisent pour les hommes ? Les qualifier de « superficiels » si les hommes exigent d’elles qu’elles se maintiennent en bonne forme et qu’elles soient sexuellement disponibles. Les hommes ont beaucoup trop de choses en jeu à long terme pour ne pas se préoccuper d’exiger d’une femme le niveau le plus élevé pour un investissement qui va au-delà de tout ce qu’elle pourrait espérer apprécier ou égaler par d’autres moyens. Malgré tout l’investissement personnel qu’un homme doit faire en lui-même pour répondre aux « conditions préalables à l’attraction des femmes », il est logique, d’un point de vue pragmatique, que ses normes (physiques) pour les femmes soient strictes.

C’est vraiment à vous de juger, mais vous ne devez en aucun cas laisser des accusations de superficialité influencer votre décision. En tant qu’homme, vous êtes tout à fait en droit d’attendre d’une femme un physique maintenu, compte tenu des sacrifices bien plus importants qu’elle attend de vous. La quitteriez-vous si elle devenait grosse ? Bien sûr que vous le feriez. Est-ce qu’elle vous quitterait si vous deveniez un homme Beta-boulimique, chômeur, et alcoolique ? Bien sûr qu’elle le ferait.

Tout cela dit, ce qui compte vraiment, c’est la raison pour laquelle cette fille a perdu du poids. De nombreuses jeunes divorcées s’entraînent frénétiquement au Planet Fitness dans l’espoir de se remettre en forme et d’attirer un autre mari, pour ensuite reprendre du poids une fois qu’elle aura trouvé le type qui « l’aime pour ce qu’elle est ». Les femmes qui étaient autrefois grosses, qui ont maigri, sont enclines à ce phénomène. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de femmes qui changent définitivement de style de vie et qui passent du statut de grosses à celui de concurrente du concours de Fitness America et qui font le pari d’une carrière de mannequin ou d’entraîneuse personnelle, mais ce sont là les exceptions les plus rares et les plus notables.

Je dois également souligner que c’est une habitude propre des Chevaliers Blancs de défendre publiquement les insécurités de l’image corporelle d’une femme afin d’obtenir les coups d’identification / d’affirmation qui, selon eux, les rend attachants auprès des femmes. J’ai entendu ces types répéter les mêmes phrases que les femmes affirment elles-mêmes lorsqu’elles parlent de leur silhouette ou lorsqu’elles tentent de disqualifier une concurrente sexuelle, dans le but d’être plus « comme » les femmes avec lesquelles ils espèrent s’entendre. L’idée est qu’ils croient qu’ils seront récompensés pour avoir répété l’idée qu’il faut « accepter les gros » ou qu’il faut « aimer les gens pour ce qu’ils sont », et être perçus comme plus modernes ou à la hauteur des bonnes conventions, et que les gars qui ont en fait la témérité de dire qu’ils préfèrent un corps mince sont les néanderthaliens – encore une fois, pour disqualifier leurs propres concurrents sexuels.

Les mécanismes de la sélection sexuelle. 

Chaque fois que le débat sur la « fat acceptance » apparaît, il ne sert qu’à illustrer encore une autre convention sociale féminine. Toutes ces conventions sont des méthodologies sociologiques et psychologiques dont l’objectif latent est de garantir des possibilités de reproduction aux femmes dont la condition physique n’est pas optimale.

Premier point : les femmes savent instinctivement et biologiquement que, dans l’ensemble, les hommes fondent généralement leur sélection de reproduction sur les conditions physiques d’une femelle. Rapport hanches/taille, taille des seins, symétrie faciale, plénitude des lèvres, jeunesse, etc.

Deuxième point : afin de rivaliser avec des femmes similaires pour atteindre les normes physiques d’une population d’hommes donnée, les femmes doivent créer des méthodes physiques afin de compenser ce déficit. Elles ont ainsi recours au maquillage, à la chirurgie esthétique, aux talons hauts, à la teinture de cheveux, etc.

Troisième point : à défaut, des constructions sociologiques et psychologiques sont nécessaires pour « égaliser les chances » sur le marché du sexe. Ainsi, les femmes grosses et en mauvaise forme tentent de convaincre les hommes d’avoir honte de vouloir une femme physiquement supérieure en transformant ce désir en honte. Cela devient de la superficialité. De même, les femmes âgées dont la valeur sexuelle diminue d’année en année, doivent créer des constructions sociales qui vantent les prouesses sexuelles des femmes âgées.

Depuis des siècles, les femmes essaient de se convaincre que l’attirance sexuelle pour les hommes devrait être plus importante que l’attrait physique, et depuis des siècles, cette méthode est contrecarrée par la simple biologie masculine. Plutôt que de mieux jouer le jeu, elles tentent de changer les règles du jeu pour mieux s’adapter à leurs propres limites, et ce de diverses manières.

Le problème avec l’idée que « c’est ce qui est à l’intérieur qui compte » est que c’est ce qui est à l’extérieur qui excite. Toute la « sensation de bien-être dans le corps » qu’une femme obèse peut ressentir ne sera JAMAIS un aphrodisiaque ou un substitut d’un beau corps qui excite les hommes.


Source : « The New Thin » publié par Rollo Tomassi le 24 janvier 2013. 

Illustration : freestocks