Monsieur mollasson.

J’ai un ami qui s’appelle Floyd. Floyd a une cinquantaine d’années et a passé la plus grande partie de sa vie dans l’armée. Il est en assez bonne forme pour son âge et a l’attitude rude, mais stoïque, d’un soldat qui a vu de vrais combats. Il ne parle pas beaucoup de ces années-là, mais c’est un type intéressant et il a une grande expérience du monde qu’il est plus que prêt à partager avec vous.

Floyd n’est pas ce que j’appellerais une personnalité de type A, mais il a la personnalité pragmatique du « il faut faire ce qu’il faut » enseignée dans l’armée, et il est enclin à avoir des opinions bien tranchées. Au risque de couper à nouveau les cheveux en quatre, je dirais qu’il est Alpha, mais dans un sens discret et évident, il n’est pas une caricature stéréotypée d’Alpha, que la plupart des hommes Betas aiment à répéter. Être un homme, cela lui vient naturellement, et ses expressions (ou non-expressions) irritent les hommes Betas que nous connaissons – mais dans un sens passif plutôt qu’agressif. Le simple fait d’être qui il est, assez souvent, fait rager nos amis les plus branchés dans la matrice.

Malheureusement, Floyd ne connait pas le « Game ». Après sa libération, il a suivi la formule classique de l’ex-militaire qui se marie, en s’engageant avec une femme très dominatrice qui est tombée enceinte « accidentellement » il y a 12 ans. Ils ont un fils dont ils partagent la garde, le divorce n’étant définitif que depuis l’année dernière. Malgré sa réputation d’Alpha, il a suivi le scénario « faites la bonne chose » jusqu’à la finalisation de son divorce. Dans l’armée, il était apparemment un dur à cuire ; avec son ex, il essayait toujours de trouver une solution à ses problèmes en adoptant une approche rationnelle pour « faire ce qu’il fallait faire ». Il ne voyait pas la méthode derrière la prétendue folie de son ex à l’époque, il voit clair maintenant.

Depuis la finalisation de son divorce, Floyd a rencontré une nouvelle petite amie, Ann, qui est l’opposé de son ex. Contre mon avis, il l’a installée dans sa maison, mais le bon côté de cet arrangement est que Floyd a appris l’importance de maintenir le cadre avec elle. Maintenir le cadre avec Ann n’est pas trop difficile pour lui car elle est à un point en dessous de la VMS de Floyd. Elle n’est pas moche, mais Ann aime Floyd parce qu’il s’occupe des affaires comme l’Alpha que son ex n’a jamais été.

Je traînais avec Floyd le week-end dernier et la conversation a tourné autour du fait qu’il était peu probable qu’Ann se retrouve avec un dur à cuire comme Floyd. Elle m’a dit : « Oh, c’est juste son truc, c’est vraiment un gros mollasson. Sous tout ça, c’est vraiment un mec sympa ».

Le script.

Je réalise maintenant que ce sont les mots d’une femme de 48 ans dont l’intérêt et la seconde chance de sécurité à long terme se trouvent chez mon ami dur à cuire, mais ce qui m’a frappé, c’est que peu importe l’authenticité de la personnalité d’un homme, aucune femme ne veut accepter une personnalité qui ne correspond pas à son propre impératif.

La raison principale à cela est le solipsisme inné des femmes. Si la réalité ne correspond pas à leur interprétation, elles rationaliseront la réalité pour l’adapter de force à cette interprétation. L’essentiel est que Floyd représente une perspective précieuse pour une seconde chance de s’approvisionner. Floyd n’est pas un homme trop émotif ou trop disponible émotionnellement, mais pour concilier le souhait qu’elle aimerait qu’il soit un homme émotif, Ann doit tacitement avaliser qu’il l’est ; « tu ne le connais pas comme je le connais ».

Beaucoup de gars fraîchement débranchés de la matrice ont du mal à accepter le « Game » comme étant autre chose qu’un acte – une série de comportements destinés à susciter une réaction chez une femme, et une fois qu’elle a été attirée, ils peuvent revenir à leur personnalité habituelle. Ils s’appuient sur la mémorisation par cœur au lieu d’apprendre et d’intérioriser le jeu. Ce qu’ils ne comprennent pas non plus, c’est que même pendant la période ou ils utilisaient le jeu de séduction de l’homme Beta, avec la pilule bleue, ils ont également suivi un « jeu » similaire.

Ce jeu est encouragé de la même manière qu’Ann essayait de déformer sa propre réalité. Comme la plupart des femmes, elles tombent amoureuses d’une dichotomie ; elles veulent un mec gentil, qui est dur et qui fait les choses qui doivent être faites. Si l’un de ces aspects est déséquilibré, son moteur de rationalisation (c’est-à-dire le « hamster ») fera des tentatives subconscientes pour compenser ce qui doit l’être dans ses paroles et ses croyances. « Je veux un gars gentil avec un bon cœur » est un slogan pour l’impératif féminin parce que cela « sonne juste ». Les hommes entendent cela et « agissent ainsi » en croyant, par déduction, que cela les rendra sympathique aux yeux des femmes en général.

La grande vérité est que, malgré tous les messages contradictoires sur le fait que les hommes ont besoin d’entrer en contact avec leur côté féminin, et que les hommes ont ensuite besoin de « Man-Up », votre personnalité va quand même être rationalisée pour correspondre à l’idéal psychologique d’une femme.

Devenir Alpha ne veux pas dire couper toute empathie.

Je pense que trop de critiques dans la manosphère croient que le message sous-jacent est que les hommes ont besoin de tuer les aspects émotionnels, sentimentaux ou passionnés de leur personnalité. Je ne préconiserai jamais cela. D’abord parce que je pense que ce n’est pas tout à fait possible, mais surtout parce que vous ne devriez pas avoir à le faire. Aucun homme ne devrait s’abaisser ou diminuer son expérience humaine pour s’adapter à l’impératif féminin.

Quand j’ai écrit l’article « Tuer l’homme Beta », les gens pensaient que je voulais dire que cela inclurait aussi le meurtre des meilleures parties de leur personnalité. « Beta » est un état d’esprit de la manière que « Alpha » est un état d’esprit. Vous pouvez être un Alpha émotionnel, et les femmes se pâmeront devant vous, mais soyez un Beta émotionnel et vous êtes condamné à la pitié féminine. Les émotions et les passions ne font que renforcer une boucle d’autodestruction pour un esprit d’homme Beta, mais dans une mesure prudente et contrôlée, elles renforcent un esprit Alpha.

Le problème, c’est la mesure. La plupart des hommes Betas, élevés dès la naissance pour croire que les femmes veulent un « homme doux et de bon cœur », construisent une personnalité autour de ce message. Ainsi, nous avons plusieurs générations d’hommes qui essaient d’être plus gentil les uns que les autres. À la fin de The Game, Neil Strauss s’inquiétait de voir les praticiens de la séduction se transformer en « robots émotionnels » ; les hommes ne s’adonnant qu’aux comportements qui ont de la valeur dans le fait de s’envoyer en l’air et sans avoir véritablement développé de liens émotionnels. Je pense que ses inquiétudes ne sont pas fondées, car la plupart des hommes des dernières générations ont tellement voulu « être en contact avec leurs émotions » qu’il s’agit plutôt de la maîtrise de soi nécessaire pour maintenir une certaine fermeté et ne pas devenir trop émotionnel. 

Devenir Alpha ne veux pas dire couper toute empathie. Le « Game » ne signifie pas apprendre à devenir un sociopathe – cela signifie apprendre à contrôler sa propre psychologie. La plupart des hommes Betas se trouvent malheureux parce qu’ils ont été élevés dans la croyance que l’expression de soi et la communication ouverte des émotions sont les clés d’une vie réussie avec les femmes. Il est intéressant de comprendre comment les femmes sont naturellement faites pour l’émotion et les hommes sont naturellement faits pour la raison, alors que ce sont les hommes des dernières générations qui sont plus expressifs émotionnellement que toute autre génération précédente. 

Les gars comme Floyd ne sont pas moins émotifs, compatissants ou sentimentaux, ils connaissent simplement l’intérêt de contrôler les aspects plus éphémères des émotions. Ils savent quand ressentir et quand ne pas ressentir. ils connaissent la valeur de récompense que représente une rare manifestation d’émotion pour les femmes qui veulent écrire leur propre scénario pour l’homme dont elles sont amoureuses.


Source : « Mister Softee » publié par Rollo Tomassi le 17 janvier 2013.